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MARIOLATRIE

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mais la date de sa célébration varie avec les diocèses. Au xiv" siècle, elle fut étendue à l’obédience romaine ; au Tv', à lEg-lise entière (cf. Bhoussollb, Etudes sur la Sainte Vierge, a" série, de la Visitation à la Passion, p. 12 ; Hollweck, 1. c, p. 127 ; Caih. Encrcl., t. XV, p. 481).

Au XIV* siècle, la cour d’Avignon adopte la fêle de la Prèsent, Ttion ; Paris l’imite en 13-3 ; puis Cologne et la Saxe (cf. Hollwhck, /. c, p. 2(3^). De la même époque dale aussi la fête des Epousailles de Marie (Bbissiîf., t. I, p. 306 ; Hollweck, /. c, p. 12). On sait que, p<iur en obtenir l'établissement, Gkbson écrivit un traité et composa une prière (Opéra, éd. Du Pin, 1706, t. III, col. 842 et 8C4).

Au xiv" siècle toujours, avec la dévotion aux sept joies de Marie, on rencontre celle à ses douleurs, résultat de ce mouvement de piété qui se fait vers Marie, mère souffrante (cf. Biïissel, t. I, p. 879, 897, 404 ; Calli. Eue, t. XIV, p, 151 ; Anal. BuV., t Xll, p. 333, rectifiés par Mâle, L’art… à la fin diiMoyenvge, p. iig, note 4, et nouvel article des Analecla, t. XXVIII, p. 488). C’est enfin entre le xii= et le xv' siècle que péniblement, au milieu de subtilités parfois déconcertantes, la fête de la Conception gagne son droit de cité (cf. ici même. Immaculée Conception).

Acôlé des fêtes signalons — dès le ix' siècle — l’usage de consacrera Marie le samedi et de célébrer en ce j ovula messe de Beata (cf. Hollweck, Fasli, p. XII ; Beissel, /. c, t. 1, p. 308 ; Bourassé, Summn. t. VII, col. 740). Quant aux motifs qui ont guidé le choix de ce jour, voir Beisskl. ib., p. 308, Bourassé, ib., t. III, col. 638 ; t. IV, 297-867 ; t. VIII, 301. Remarquons aussi l’usage de la « Messe dorée » (cf. Beisskl, l. c, p. 328).

Le petit oUice existe déjà au x' siècle. On le trouve en Angleterre avant la conquête normande ; saint Pierre Damien, l’ordre de Citeaux le remettent eu honneur ; Urbain II en avait fait une obligation (cf. Beissel, t. I, p. 310 ; Bourassé, Suinma, t. ÎV, p. 302 ; Vacandard, Saint Bernard, éd. 18g5, t. II, p. 96 : Cath. Encycl., t. XJI, p. lib ; HoLL-nECK, Fasti, p. Xll). Quant au petit office de l’Immaculée Conception, longtemps attribué à saint Alphonse Rodriguez (j- 1627), il paraît au xve siècle sous linfluence du franciscain Bernardin de BusTis(cf. Debucuy, Le petit office de V Immaculée Conception, Bruxelles, igo4 ; voir aussi, Etudes, igoS. t. CIII, p. 416).

L’hymnologie mariale s’enrichit ; dans ces chants, à côlé de subtilités qui nous paraissent bien froides, on trouve de purs chefs-d'œuvre. Signalons VAlma Redemptoris (cf. Cath. Ericrcl., t. I, p. 826), lvte Regina Cælorum (Cath. Encycl., t. II, p. 1 49 : t. X, p. 600, t. I, p. 576), l’Ave Maris Stella (Cath. Encycl., t. II, p 149, t. XV, p. 463 ; Beissel, t. I, p. 126), le.^uh-e Rcgina (cf. Hefuc du clergé français, ID juillet 191a, p. 187), et la merveilleuse prose de la Passion, le Stabat.Mater, œuvre du franciscain spirituel, Jacoponb DE ToDi (cf. Beissel, t. I, p. 206, 314 ; Cath enc, , t. XIV, p. 28g). Le Omni die, attribué à saint Anselme, paraît bien avoir pour auteur Bernard de MoRLAS (cf. MoniN, Etudes, textes et découi’ertes. p. 77 ; sur l’hymnologie, consulter les importants recueils de Dreves, de Ragey, de Mone, le Reperturium Hymnologicum de U. Chevallier, puis, avec contrôle, la Sunima aurea, t. III, col. 1627 et suiv ; t. XIII, col. 1088, au mot Ilymni ; col. 1089 au mot Laudes ; col. io4 1 au mot Psalterium : — Rohault de Fleury, l. c, p. 871, 409 ; — sur les cantiques en langue vulgaire, voir Tlie Month, 1878, t. XVIII, p. 471 ; Janssen, Histoire du peuple allemand, t. I, p. 223 ; Rousselot, La Sainte Vierge dans la poésie française du.Moyen-Age ; Revue du clergé Français, t. XLII, igoS, p. 51-91).

Voici maintenant de nouvelles formules de jjrières. Déjà connu et en usage en Orient depuis le vu' siècle au moins, l'^i’e se répand en Occident : il est encore très court au xu' siècle. U s’allonge au xiii' et forme un tlième de prédication. La clausule, Snncta Maria, etc., apparaît au xiii » siècle et se généralise au xv"^ (cf. Bici. Théol. cath., t. I, col. 1278 ; Dict. arch. chrét., t. l, col. 2068 ; Beissel, 1. 1, p. 228 et suiv.i t. II, p. 7 ; Ltevue du clergé français, i^' août 191a, J). 315 ; Month, nov. t. XGVIII, p. 162 ; Leclercij, dans Bulletin d’ancienne littérature et d’archéologie chrétienne, 1.5 jan. 1911, p. 3). On récite parfois en l’honneur de.Marie cinq psaumes dont les initiales rapprochées composent son nom : Magnificat, Ad Dominum cum tribularer. Rétribue, In convertendo, Ad te levavi (cf. Beissel, t. I, p. 21 4, Sog).

Simple sonnerie du soir au xiv' siècle, ' Angélus actuel s’est formé par l’addition d’une sonnerie le matin au cours du.xiv' et du xv" siècle et à midi au XV' (cf. Beissel, t. U, p. 16 ; Cath. Enc., t. I, j). 48, et autres endroits, t. XVI, p. 117 à ce mot et Angélus ie// ; TRO.MiîELLi, dans la 5 ; « nma « (irea, t. IV, col. 278 ; Dict. théol. cath., t. I, col. 1278 ; Revue du clergé français, t. LXXI, p. 187 ; Thuhsion, Month, iQOi, t. XCVin, p. 483).

A coté des Litanies des Saints, et calquées sur elles, vers le xu' siècle paraissent celles delà Sainte Vierge. L’Irlande nous en donne les premiers vestiges. On distingue comme trois parties, des invocations, l'énumération de quelques titres de gloire de M.arie, des demandes de secours ; on voit que la forme diffère un peu de nos litanies modernes (cf. de Santi, Les litanies de la Sainte Vierge, trad. Boudinhon, Paris igoo ; Beissel, t. II, p. 466 ; Cath. Enc., t. XV, p. 468 ; RoiiviLT DE Fleury, t. I, p. 828).

Dès le xii' siècle, l’on constate l’usage de réciter 150 l’ater, et plus tard 150 Ave en l’honneur de Marie. Naturellement on avait été conduit, pour compter plus facilement ces prières, à se servir de chapelets, de « Patenôtres » de taille et de forme différentes. A une époque plus récente, on avait pris l’habitude de joindre à cette iirière toute vocale, les considérations sur la vie de la sainte Vierge. Au xv' siècle finissant, le dominicain Alain de la Roche généralisa cette dernière pratique. Telle serait — sauf meilleur avis — la véritable origine du Rosaire (cf. H. TiiuRSTox dans le Month, t. XCVI, igoo, p. 403, 518 ; t. XCVII, p. 67, 172, 286, 883 ; t. CI, p. 518, dio ; Anal. Boll., t. XXII, p 21g, t. XXVII, p. 119 ; Revue du clergé français, t. XXIX, p. 5 ; Cath. Enc, t. XIll, p. 166 ; Beissel, t. 1, p. 511, 540 ; ScHiJTz, Die Geschichte de Rosenkranzes… Paderbom, 1909, cf. Anal. Boll., t. XXX, p. 350 ; et dans le sens dit traditionnel. Mêzard, O. p.. Etudes sur l’origine du Rosaire, Coluirc (Rhône) ; voir Etudes, 20 mars ig13, p. 862). Faut-il faire remonter jusqu’au xiii" siècle les origines de la dévotion au saint scapulaire du Mont Carmel, oubienne peut-on l’authentiquer avant la fin duxv* siècle ou le début du xvi'" siècle ? A-t-on prouvé que la lettre de saint Simon Stock (-j- 1 266), général des Carmes, à son secrétaire Pierre Swanyngton soit un faux du xvii' siècle ? Autant de questions qu’il suffit de poser ici, qu’il importe d’envisager de sang-froid, en regrettant les polémiques qu’elles ont causées (cf. Catu. Enc, t. XIII, p. 51 i ; L. Saltet, Le prétendu Pierre S’vanynglon, dans Bulletin de littérature ecclésiastique, Toulouse, igii, p. 24, 85, 120 ; P. Marie-Josefb du Sacrk-Cceur, Première réponse à M. l’abbé Saltet, dans Etudes historiques et critiques sur l’ordre de N.-D. du Mont Carmel, igii, p. i ; id. Quelques précisions sur la méthode critique de M. Saltet, id. p. g5 ; Th. Raynaud. Scapulare marianum, dans la Suntnia aurea, t. V,