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MARIOLATRIE

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liturgique va paraître, ou plutôt il va se distinguer du culte de Jésus avec lequel il était mêlé. C’est ainsi <|u’au iv° siècle Jérusalem célélirait la Purilication (le Marie unie à la Présentation de Jésus (cf. BauMER, Jiiit. du iréi'., t. I, p. ^-ig, et Ducuesne, Origines du cullc chrétien, p. 261).

On a dit qu’au iv' siècle Antiocbe commémorait une sorte de A^aidlis Mariae, la k Mvvi>/ ; tZ-. k/ic< ; ôîîz-.r.vj y.À Kur.'y-f, Oi-'.j Hypivi » (Cf. Baiimstarck, dans la Rômische Quartatscitrifl, 1897, p. 55). Il semble bien que les premières fêles de Marie eurent généralement ce caractère (cf. Proclus, P. G., t. LXV, 679 ; saint PiKHRE Chrysologuh, /*. /.., t. LU, 5^5 ; D. G. MoRiN, /.lier comicus, dans Anulect.Maredsolana, 1893, t. 1, p. i 0- En tout cas, au v' siècle, au vi" au plus tard, l’Orient connaît trois fêtes de laVierge : l’une au temps de Noël, la seconde au mois de mai, la troisième en août (cf. M" Smith I.ewis, Sliidia Sinaillcii, t. XI, p. Sg ; voir Catlt. EiicycL, t. XV, p. l, (, i).

Au vi" siècle, la solennité de la Nativité paraît peut-être à Constantinople (Hollwkck, Fasii, p. 209). Vers cette époque, un peu plus tard cependant, l’Annonciation se détache du cycle de Nocl, et devient une fête proprement mariale (cf. Catli. Encycl., t. I, p. 542 ; Dict. arcli., t. I, 2, col. 2241 ; Hollwbck, 1. c. p. 45). En ce temps, on célèbre assez généralement la Dormition (cf. ci- dessus, Assomption). La Purilication est attestée à Antiocbe en 626 (cf. HollWECK, 1. c, p. 18).

La liturgie occidentale, elle aussi, a fait sa place à Marie : au v' siècle on signale en Gaule, en Espagne, à Rome peut-être, une Commémoraison delà Vierge dans le temps de Noël (cf. Ducuesne, Origines du culte chrétien, p. 268 ; Beissel, t. I. p. 12 sq, ). Au vil" siècle, paraît l’Annonciation fixée au 25 mars, sauf en Espagne où elle tombe le 18 décembre ; la Natiité célébrée à Reims, a-t-on dit (cf. P. /-., LXXX, 446). et à Rome, mais dont la diffusion est lente (Hollweck 1. c.) ; l’Assomption ; la Purilication, qui ne s'étendra que beaucoup plus tard (HOLLWECK, 1. c).

En somme, au début du viii" siècle, trois grandes fêtes mariales sont instituées généralement ; elles ne sont pas d’ailleurs les seules : en 626, par exemple, Byzance, délivrée des Avares par l’intercession de .Marie, décide de célébrer l’anniversaire de ce bienfait (cf. NiLLES, Kalendariiim, t. II, p. 154 ; Cath. encyrl., t. I, p. 92, au mol Acuthistus).

Ces solennités comportent parfois des processions (cf. /.ili. Pont., t. I, p. 371), souvent des sermons (cf. Cavallera, Po/ro/o^/æ Græcæ Indices, p.165 ; P.Z., CCXXI, 31, 46. et plus complètement, CCXIX, 496 et suiv.) ; une hyranologie qui s’enrichit déjà, v. g. les hymnes et homélies rythmées de Romanos (Cf. Batiffol, 1. c. p. 262 ; Guillaume, linmauos le Mélode, dans Mélanges Godejroid Kurlli, Paris, Champion, 1908 t. II, p. 83 ; Cath. Encycl., l. XIII, p. 163), du monophysite Jacques de Sarig (cf. Cath. Enc, t. VIII, p. 278 ; DuvAL, I. c, surtout p. 352 ; Abbeloob, De fita et scriptis S. Jacohi, p. 203-301).

.u VI* siècle, le nom de Marie est introduit au Communicantes du Canon (cf. Proust, Die Ahendlandische.Vesse, Munster, 18cj6, p. 153).

L'époque qui nous occupe marque un second stade dans la manifestation de la dévotion à Marie : on lui consacre des églises. On a attribué au Pape saint Sylvestre l'érection d’une église à Marie dans le voisinage d’un temple de Vesta (Gbisah, J/isf. de Home, t. I, p. 202, 309 ; et avant, dans la Ci ltn, XVI" série, t. VI, p. 458). Cette opinion a été combattue par Mgr Duchesne : le P. Grisar a maintenu sa thèse (cf. Anal. Boll., t. XVII, p. 239). Si on s’arrête

il une phrase assez oratoire de saint Cyrille, la pratique n'était pas toute jeune (/'. G., LXXVII, io34), et l’on sait que la basilique où se tint en 43 1 le concile d’Ephèse était peut-êtresousson vocable. (Sur cette question, voir : Tillemont, Mémoires, ,. 1. p. lidl ; — yKCX’SVKRO, Etudes d'/libtoire, t. III, p. 108, et un passage — assez obscur d’ailleurs — de Mgr Duchesne, Hist. ancienne de l’Eglise, t. III, p. 349) Quoi qu’il en soit, le v' siècle, en s’avançant, généralise cet usage. Constantinople, Pulchérie (-j- 45 i) construit l'église des Blachernes et celle de la Théotokos Hodigitria (cf. Nilles, Kalendarium, t. II. p. 200 ; Marin, Les moines de Constantinople, p. 16 ; P. G., t. XGVI, 748). Du temps de Juvénal de Jérusalem (425-458), un sanctuaire s'élève sur la roule de Bethléem (cf. Vacandard, I. c. p 116).

Mais l'âge d’or de ces constructions pieuses fut le temps de Justinien, du moins si l’on en croit son panégyriste Procope db Ci' : sARiiE(cf. Vacandard, /. c. p. 116 ; pour les éditions de Procope, voir Hurteb, Xomenclator, Œniponte, 1903, t. I, col. 483, n° 2). Citons entre autres la fondation du couvent et de l'église de la Théotokos de la Source (Marin, Moines de Const., p, 20 ; Nilles, Kalendarium, t. II, p. 335). A la lin du vi* siècle, sous l’empereur Maurice, se bâtit le Monastère de la Théotokos Aréobinde (cf. Marin, 1. c. p. 27).

A Rome, sur l’Esquilin, Sixte III (432-440) dédie à Marie la basilique libérienne reconstruite (Cf. /.il', pont., t. I, p. 235, note 2 ; et Duchesne, Hist. anc, t. III, p. 657 ; Michel, IJisl. de l’arl, t. I, i, p. 48 ; Marucchi, Eléments d’Archéologie, t. III, p. 247 ; Grisar, Hist. de Rome, t. I, i, p. 309 avec description des mosaïques, p. 311-314 ; — sur le miracle de Notre-Dame des Neiges, cf. ibid., 1. c., p. 160, n » i), et Boniface IV (6c8-615) l’ancien Panthéon (cf. Lib. Pont., t. I, p. 3 17) ; Jean VII (705-707) a fait construire à Saint-Pierre une chapelle de la Vierge, détruite à la Renaissance ; surl’ambon de Sancta Maria Antiijua il a fait graver une inscription où il s’intitule serviteur de Marie (cf. Lib. Pont., t. I, p. 386 ; Michel, 1. c, p. 76, 7g ; Marucchi, Eléments d’archéologie, t. III, p. 258) et l’image de la Vierge orne l’atrium de la basilique.

En Gaule, des temples païens purifiés deviennent des sanctuaires sous le vocable de la Sainte Vierge Marie. Sur les fondements d’un vieux temple d’Isis, Soissons élève au vie siècle une église (Kurth, Sainte Clolilde, p. 36, sans référence) ; i'évêque martyr saint Nicaise à Reims, I'évêque saint Fromond à Coutances ont consacré des basiliques à la Mère de Dieu (cf. Le Blant, Inscriptions clirétiennes de lu Gaule, t. I. p. 181 ; Beissel, t. I, p. 12, 19 et suiv) ; mcnie chose à Tours (Grég. Tur., Hist. Franc, VIII, XL, P. L., t. LXXI, 659, 477, et X, xii, 669), à Poitiers (il)., X, xlii, 524), à Toulouse (ib. VII, x, 4 22). Même chose aussi en Germanie, en Suisse, en Hollande (cf. Beisskl, t. I, p. 29, 30), en' Angleterre (BÉUE, Hist. Eccl., II. VI, P. L.. XCV, 93 ; Aldhelmk, Opéra, P. L., LXXXIX, 289).

Vers le vr siècle, l’iconographie mariale se fixe : la Sainte Vierge est représentée, comme jadis dans les Catacombes, assise en posture de reine ; autour de son front brille le nimbe (cf. Michel, 1. c, t. I. p. 261 ; Cath. Encycl., t. XV, p 469 et t. VIII, p. 743). Ces images reçoivent un culte dont il importe fort de ne point exagérer l’importance sur la foi d’une boutade (cf. MoscHUS, -j- 619, Pratum spiritimle, P. G.. LXXXVII, 3, 289g. Je crois que la Catholic Encyclcpædia, t. XV, p. 668 n’a pas évité l'éeueil que je signale).

Il y a plus ; alors que saint Augustin (De Trinitate, VIII, P. L., t. XLII, 962) estimait que les traits de la