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MARIOLATKIE

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grâces sans exception ne se pose pas comme une question à part. Elle est incluse dans la question générale de la médiation universelle et de la maternité de oràce. Il n’y a même pas à raisonner, au sens propre des mots, pour conclure de l’une à l’autre. Il n’y a là qu’une seule et même vérité, plus ou moins explicitement exprimée.

Cette vérité si glorieuse pour Marie, si consolante pour ses enfants, si importante pour l’intelligence du plan divin dans la Rédemption et de l'économie providentielle dans la distribution des grâces, si pratique par ses conséquences pour le culte de Marie et pour l’usage d’appuyer nos prières sur lintercession de Marie comme nous les appuyons sur- l’intercession de Jésus, cette vérité n’est i>as seulement une vérité acquise par voie de déduction tbéologique : c’est une vérité que nous pouvons hardiment regarder comme appartenant au dépôt de la loi et contenue dans le magistère de l’Eglise. Quand on la compare avec le dogme de l’Immaculée Conception ; quand on met en regard, d’un côté, la pénurie des témoignages anciens explicites et formels en faveur de 1 Immaculée Conception et les dilBcuUcs formidables que soulevait l’aflirmation du privilège de Marie ; de l’autre, l’abondance et la précision des témoignages qui, depuis les premiers siècles jusqu'à nos jours, se sont accumulés en laveur de la coopération de Marie à l'œuvre rédemptrice et à toutes les grâces qui en sont l’exécution à travers le monde, en faveur de la médiation universelle et de la maternité de grâce, sans qu’on puisse opposer à ce téiuoignage unanime aucune voix discordante dont il y ait à tenir compte, aucune objection sérieuse, on s'étonne presque que l’Immaculée Conception ait pu faire son chemin, tandis que la maternité de grâce n’est pas encore érigée en dogme.

VIII. Bibliographie. — La question de la maternité spirituelle de Marie et de sa part dans toutes les grâces qui nous viennent de Dieu a été traitée sous toutes ses faces au Congrès du Folgoat, en iy13. Voir le beau volume où il en est rendu compte : Quatrième Congrès mariai breton tenu an Folgoat en l’honneur de Marie, mère de grâce, 4, 5 et 6 se|ilembre igiS, Quimper, Arsène de Kerangal, éditeur, 1915, xvm-484 p. grand in-8. La question est située dans son milieu et amorcée dans le « Discours d’ouverture » de M. Le Garrec et dans r « Introduction », sur La plénitude de la grâce en Marie, par le H. P. ïexier. La doctrine est exposée dans trois études de fond par : le R. P. Compcs, Les bases de la doctrine, p. 35-5 ; 4 ; le R. P. Le Rebellée, Marie dispensatrice des grâces divines, p. 55-107 ; ^- A-^g*^' » ^^ médiation de Marie, mère de grâce, comparée à la médiation du Christ et à l’intercession des saints, p. log-iSG. Les faits évangéliques où les théologiens ont vu comme une insinualiou de cette doctrine sont interprétés par : J. V. Bainvel, Le « Fiat a de l’Incarnation, p. iSq146 ; M. Tanguy, La sanctification du Précurseur, p. 147-155 ; M. Pérennès, Le miracle de Cana, p. 155-178 ; M. Gry, La a Mère de Jésus » aux noces de Cana, p. 179-200 ; M. Cliai)ron, Au Calcaire. Marie, mère de Jésus ; Marie, mère de saint Jean : Marie, mère de tous les fidèles, p. 201-222 ; M. Picaud, La Pentecôte, p. 223-230. La maternité de grâce dans la liturgie et dans la piété populaire est étudiée par : J. de Tonquédec, /.a prière de la sainte Vierge, Essai de théologie populaire, p. a33243 ; doin Cozien, JVoles sur la maternité de grâce dans Ut liturgie, p. 244-249- Entln la doctrine qui fait l’objet de ces diverses études est chantée et résumée en un poème de profonde théologie et d’un

bel élan lyrique, par le P. Belon, Le poème de la maternité de grâce, p. 263-289. La deuxième partie du volume est consacrée à des études historiques qui n’ont pas un rapport si direct à notre sujet. En parcourant les études citées, on trouvera au bas de pages des renvois aux principaux ouvrages, textes, documents ; il suffirait de les recueillir pour avoir les indications bibliographiques nécessaires. Indiquons cependant quelques ouvrages. Pour l’ensemble de la ((uestion, outre Jeanjacquot, déjà cité : J. B. Terrien, S. J. La Mère de Dieu et la Mère des hommes ; Deu.rième partie, La Mère des hommes. Paris, 1902 ; — Hugon, O. P. La Mère de grâce, Paris, iyo4 ; — Lépicier, O. S. M., L’immaculée Mère de Dieu, corédemptrice du genre humain, Turnbout, 1906 ; — A. Largent, La maternité adoptife de la très sainte l’ierge. Etude de théologie, Paris, 1909 ; — Campana, Marie dans le dogme catholique, ouvrage traduit de l’italien par A. M. Viel, O. P. Montréjeau, 1912, surtout t. I, livre I, c. 2, p. 213-384. Pour les textes des anciens Pères sur Marie nouvelle Kve : Newman, J)u culte de la sainte Vierge dans l’Eglise catholique, traduction revue et corrigée par un Bénédictin de l’abbaye de Farnborough, Paris, 1908, § iv et viii ; aussi notes D. G. I. E. Neubert, Mar ;e dans l’Eglise naissante, Paris, 1908, 2 « partie, c. 3 et 4. Cardinal Dechanips, Za nouvelle Eve, t. V des Œuvres complètes. Pour les textes de saint Augustin, de saint Anselme, de saint Bernard, des théologiens, etc., cf. tables de Terrien ou de Campana, Pour la piété populaire, le bel opuscule du B. Grignion de Montfort, Traité de la vraie dévotion à la sainte Vierge, souvent réédite depuis 1842 ; aussi saint Alphonse de Liguori, en particulier, /.es s/oiVes de Marie ; Faber, Le pied de la croix. Sans parler des volumineux traités d’autrefois, comme Poirré, La triple couronne, le P. d’Argentan, Les grandeurs de la sainte Vierge, etc.

J.-V. Bainvfx.


MARIOLATRIE. — I Partie. — Le développement de la dévotion et du culte de Marie. — 1. La dévotion et le culte avant le concile d’Ephèse. — II. La dévotion et le culte de Marie, du concile d’Ephèse à l’iconoclastae. — III. La dévotion et le culte de Marie dans la période iconoclaste. — IV. La dévotion et le culte mariai jusqu'à la Réforme. — V. La dévotion et le culte marial depuis la Réforme. —

II Partie. — Conclusions apologétiques. — I. Le culte de Marie n’est pas sorti du paganisme. — II. Le culte de Marie n’est pas le résultat d’une aveugle poussée mystique. — III. Le culte de Marie est l'épanouissement de la croyance chrétienne. — IV. Les abus du culte de Marie : i. Question préalable ; 2. Dispositions pour juger de bonne foi ; 3. Constatation d’abus.

Conclusion. — Bibliographie.

L’accusation de Mariolâtrie vise à la fois la théologie de la Sainte Vierge et son culte. L’Eglise, dit-on, a enrichi Marie d’une théologie de mauvais aloi ; elle l’a quasi divinisée et lui rend des honneurs idolâtriques. Uneapologéliquecomplètedevrail donc démontrer tout d’abord que la théologie mariale n’est que le développement logique ou simplement l’explicilation des formules scripturairesoutraditionnelles ; ensuite que leculle n’est que la conséquence, plus 'ou moins immédiate, légitime pourtant, de la croyance ; enûn que, même s’il ne commémore que des miracles, apparitions ou faits d’ordre siuiplement historique, ce culte reste toujours fidèle à un