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MARIE — ASSOMPTION

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Cbez d’autres, la réserve est formelle, avec plus ou moins d’inclination à en sortir en faveur de Marie. Je cite OuiLON i>iî Cluny, qui ren^ oie aux Apolres la solution du problème et admet que la fête de l’Assomption apporte aux damnés un jour anniiel de répit (A". f.., Clvl, 102 ;), GuiBEBT UE Nogent(/’. /.., GLVI, 623 et 1026) ; Alain de Lille (P. L., GGXI, 6/j ; il }" aurait lieu aussi de voir son sermon inédit, Bihl..al., N. acq. lat. 335 fol. 1 1 j^) ; Atton de Vkrceil (P. /,., CXXXIV, 856, 857) ; ’^'^^ de Cuartbks (P. L., CLXXXI, 266) ; Arnauld de Bonnbval (P. L., CLXXXIX, 1733).

Voici enfin ceux qui défendenlneltement l’Assoiuplion corporelle : ce sont des sermonnaires, des théologiens ou des ascètes comme l’auteur de l’Oratio : VirfiO sereiiissima, Dei Genitiix (P. L., CLVIII, 966) ; saint PiiiiiRE Dajiien, dans un sermon très remarquable où il distingue fort bien les privilèges de Marie des droits de Jésus (/’. /.., CXLIV, 717) : Hildebert de Lavardin ou plutôt l’auteur véritable du sermon publié par Beaugendre (P. /.., GLXXI, 628, 630) ; Abi-i.ard, très afiirmatif, estimant que la connaissance de ce privilège de Marie nous vient d’une révélation divine et i)Ostérieure à la mort des Apôtres (P. L., GLXXVIII, SSg, 540) ; l’abbé Absalon (P. L., GGXI, 255) ; Amédée de Lausanne (P. L., CLXXXVIII, 1312) ; Pierre de Blois (CGVIl, 661, 662) ; Geoffboide Saint-Victor (Ms. Maz. 1002, fol. 102’), Hugues de Saint-Victor (P. L., CLXXVlI, 808) ; Jban Beleth, très soucieux de séparer le fait de l’Assomption d’avec les apports d’Elisabeth de Schonau (P. L., CCII, 148) ; Pierre oe Gelles (P. I.., CGH, 848, 8^9, 850) ; le farouche Gauthirhde Saint- Victor, aussi bien dans son traité des Quatre Labyrinthes (P. L., GLXXXVI, 101)2) que dans son sermon inédit (Ms. Bihl. Nat., 14590, fol. 4- ; ’) ; Pierre de Poitiers (P. l., GGXI, 1207) ; SiOARD de Crémone mêle malheureusement à la doctrine des récits légendaires (P. /.., GGXIII, 420).

Que dirons-nous de saint Bernard ? A s’en tenir au texte de ses homélies et de sa fâcheuse lettre GLXXIV, on n’obtient que de vagues généralités. Certaines phrases pourtant n’ont la plénitude de leur sens que dans l’hypothèse d’une Assomption corporelle(P. /.., GLXXXIII, 415etsmv. et GLXXXIl 333).

La position des maîtres du xiii’siècle est bien nette. Que l’on consulte Guillaume d’Auvergne, ou mieux le dominicain Peraldi (O/îera, t. ii, p. 448) ; Ricard de Middleton (in IV, Sent., 43, art. 4) ; Albert le Grand (Opéra, éd. Lugd., iG51, t. XX, p. 87).

Saint Thomas n’a jamais traité la question e.r professa ; mais chaque fois qu’il y fait allusion, c’est pour déclarer cette opinion recevablc (v. g. Summa, 111, q. 27, art. i ; q. 83, art. 5, 8 ; Siipplem., 77, I, art. 1).

Il est désormais superflu de citer des textes ; l’Assomption est généralement admise. Les preuves théologiques ne varient guère ; toujours mômes arguments de convenance, toujours aussi mêmes comparaisons bibliques (cf. : Nægel, p. 68 à 72).

Arrêtons-nous plutôt sur le degré d’adhésion que réclament les docteurs pour r.AssoinpIion, sur la note théologique qu’ils sont conduits’à lui ajipliquer. néclarée admissible, croyable par Hugues de Saint-Victor et saint Tno.MA3, elle est, du temps de Gerson, la croyance « unanime « des fidèles (0/>e ; n, éd. 1702, t. 111, col. 1330). Ainsi parle saint Vincent Fb.irier. Tost.at (f 1455) admet que cette croyance est une opinion libre, il allirme pourtant qu’un bon catholique doit être enclin à l’accepter (Opéra, éd. Venise, 1615, p. 140) ; c’est la position de Glichtove

au début duxvi’siècle (Sernio 11, de Assumptione) ; de saint Antonin (Siimma, Pars IV, Lit. 15. cap. 4 § 5 ; (cf. Renaudin, p. 92).

L’Université de Paris a censuré eu 1497 le dominicain Morcelle, qui déclarait loisible à tout venant de nier l’Assomption, sous prétexte que ce n’est point un dogme défini (Gaudin : Assumptio i-indicata, Paris, 1670, appendice, p. 7 et 10).

Au XVI’siècle, Melchior Cano taxe d’impertinence et de témérité quiconque refuserait de se ranger à la commune croyance (De locis theologicis, lib. XII, cap. x) ; Catuarini alla plus loin et prononça le mol d’hérésie. Suarez l’en blâme et se rattache à l’opinion de Gang (In 111 » "’Partem., q. 33, art. 4, disp. xxi, sect. i). G’est aussi la position des docteurs depuis le xvi"^ siècle (cf. Renaudin p. y3) et des auteurs de manuels (cf. PascH, t. IV, p. 298 ; HuRTER, Thesis clxvi. t. II, p. 521, n° 664 ; l’ANcfUE-HEY, ’/lieolog. Dogmal., t. I, p. 612 ; Janssens, Hiimina theologiae, 1. V, p. g’ii ; on trouvera dans ces auteurs de nombreuses références). Nier l’Assomption de Marie paraîtrait grave témérité doctrinale.

Et maintenant, une déclaration infaillible rangera-t-elle cette croyance universelle parmi les vérités révélées ? C’est ce qu’un bon nombre espère. Dès 1870, l’évcque de J.ien avait proposé au concile du Vatican une définition en ce sens. Il demandait même que l’on procédât par acclamation. On écarta ces termes, mais d’autres postulala motivés furent présentés au Concile, qui se sépara sans avoir pu les examiner (cf. Rhnaudin, 1. c. p. 219, app. 1).

Depuis lors, des revues comme // Rvsarioe la niiûfa Pompei et la toute jeune Assunla de Cônie (1916). des congrès, ceux de Turin et Ce Lyon, servent d’organes aux respectueuses aspirations de plusieurs. M. Cuatain de Vienne, M. le chanoine Crosta de Côme, le B. P. Dom Renaudin, O. S. B., Mgr Vaccari, d’autres encore, travaillent à mettre en lumière certains points de vue théologiques ou historiques qui pourraient préparer le jugement de l’Eglise. Fait plus imposant encore, puisqu’il sanctionne, en une certaine mesiu-e au moins, les actes des fidèles, on continue, depuis le Concile du Vatican, à enregistrer nombre de suppliques épiscopales sollicitant la définition (cf. Renaudin, La doclrine de l’Assomption, p. 163-205).

Nous n’avons pas à conjecturer l’aveiiii" de ce mouvement. Il nous suflira d’avoir montré dans ce qui j)récède les immenses progrès acquis et l’aboutissement possible d’une croyance, à ses origines si humble et parfois si combattue.

Reste à savoir si toute cette fortune fut légitime ; de là notre seconde partie.

111. Conclusions apologétiques. — Les diflîcultés historiques contre l’Assomption peuvent se réduire à ceci : cette tradition est mal attestée, tard venue, mal patronnée ; elle sort de milieux assez troubles, peut-être même païens. Seuls la crédulité et le mysticisme voudraient l’imposer à l’Eglise et n’y ont que trop réussi déjà. A cette objection, on peut apporter une double série de réponses, ressortant des faits exposés.

! < f’ne série de réponses strictement historiques.

— En laissant de côté toute considération théologique, on doit constater :

A. Que ni la fêle, ni la croyance n’ont d’origines païennes. — Nous avons signalé ici même le danger de ces théories trompeuses, vieilles d’ailleurs de deux à trois cents ans (cf. une bibliographie. Revue pratique d’Apologétique, 1906, p. 210). mais passées chez certains à l’état d’idée fixe (cf. ici, col. 819 sqq.) : on veut expliquer le culte chrétien, la doctrine chrétienne par des infiltrations iiaiennes, des survivances