Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/144

Cette page n’a pas encore été corrigée
275
276
MARIE /- ASSOMPTION


di Congrega-.ioni, di l’nifersita, di Personagi ragguardevoli ecc. ecc. sttlla Definizione dogmatica deir Immiicolato Concepimeiito délia B. V..Varia, lovol. in-8°, Rouie, 1850-5^ ; A. de Roskovany, «  «  « / «  Virgo Maria in suo Conceptii inuiiaculata ex monumentis omnium sæciilorum demonsirata, g vol. in8". Budapest, 1873-81 (insuflisanl du point de vue critique) ; ?. Escartl. Ribliogiaphie de l’Immaculée Conception, dans Polrbihlion, parlie littéraire, déc. 1879, janv. et fév. 1880 ; G. Ivolb, S. J., lf’eg » eiser in die Marianische Literatur, a’éd. Fribourg-en-Brisgau, 190D.

X.-M. Le Bachelkt, S. J.


5° Assomption

Cet article s’adresse avant tout à des croyants persuadés que la Providence divine veille sur l’Eglise, la préserve de l’erreur doctrinale et l’assiste dans ce travail d’inventaire, de précisions, de déductions où se prépare le développement dogmatique et théologique.

Avec le lecteur étranger à notre foi, nous ne prétendons garderqu’une attitude expectante ; à ce lecteur nous n’offrirons que des solutions négatives, nous bornant à lui expliquer pourquoi, au nom même de l’histoire et de la critique, les dilTicultés formulées contre la tradition de l’Assomption ne nous paraissent pas irréfutables. Le catholique, au contraire, trouvera dans ces pages, nous l’espérons du moins, de quoi rassurer sa conviction, alïerrair sa croyance au privilège de la Sainte Vierge.

I. OiiiET DK l’auticlk. — L’Eglise et les fidèles croient que le corps ressuscité de la Sainte Vierge Marie jouit, par une faveur spéciale, des qualités glorieuses ; que Notre-Seigneur a devancé pour sa mère l’heure de la totale récompense ; en un mot, que Marie est d’ores et déjà dans la situation bienheureuse où seront les élus après le Jugement général.

C’est de cela, de cela seulement qu’il va être question. Nous n’avons pas, en conséquence, à démontrer lamort de Marie, à conjecturer les circonstances de cette mort, à essayer de deviner où, quand et comment s’opéra la résurrection de la Sainte Vierge. Nous ne savons rien de ces détails, et peu importe à notre sujet (cf. Sumnia Aurea, t. XUI, table, au mot Assomption, col. 1083 ; Terrien, La Mire de Dieu t. II, p. 817… les auteurs de théologie, Pbsch, HurlEB, etc.).

Nous allons retracer l’histoire de la doctrine ; en justifier ensuite le développement.

II. Histoire db la doctrine. — 1° Les cinq premiers siècles. — Négligeons les récits qui montrent un disciple de saint Pierre, Crispoldus, consacrant, l’an 58, un ancien temple de Diane à l’Assomption de Marie (Analecta Bollandiana, t. XIV, p. 489) et signalons, sans nous y arrêter, un passage interpolé de la traduction de la Chronique d’Eusi’be (P. L., XXVII 581 ; cf. P. G., XIX, SSg, .^40). Si l’on admet l’interprétation de Dom Lkclercq, nous aurions sur les sculptures d’un sarcophage espagnol du iv’siècle le plus ancien témoignage en faveur de l’Assomption (cf. J)ict. Archéol. chrétienne, t. I, col. 2991, avec une abondante bibliographie).

On a parfois cité aussi un passage curieux de saint Epiphane (P. G., XLIl, 716). Qu’y dit au juste ce docteur ? Soutient-il nettement que Marie n’a pas connu la mort ? Serait-il tout près de faire allusion à l’Assomption proprement dite ? D’un texte plein de réticences, d’obscurs sous-entendus, on ne saurait tirer grand’chose, sinon le fécond principe énoncé déjà en passant par saint Athanase (P. G., XXV, 125) et d’autres, que, par son contact

avec l’incorruptible Verbe, la Vierge échappe aux lois qui régissent la chair (Livii’s, p. 343).

Enlin, et le témoignage est tardif, saint Jea.n Da-MASCÈNB rapporte d’après une source mal connue, l’Histoire Euthymienne, qu’au ve siècle la tradition de l’Assomption corporelle de Marie était courante à Jérusalem, et que l’évêque Juvénal en faisait le récit à Pulchérie en 451 ( P. G., XCVI, ; 48).

Tels sont les principaux documents. On peut y ajouter quelques récits, quelques traditions dont la rédaction primitive est peut-être du ive siècle. C’est peu, et c’est assez obscur.

2° Le Vle siècle. — Au sixième siècle, deux ordres j de faits apparaissent : tout d’abord l’existence d’un I culte liturgique rendu à Marie, et remontant à des’temps plus anciens. On honore sa lioiinésis, ssl paii-’satio, son transitas, sa dorntilio, son assumptio. Les I Syriens célèbrent cette fête le 15 août ; après quelques hésitations les Grecs s’en tiendront à cette date ; jusqu’au ix’e siècle l’Occident adopte le milieu de janvier ; en Syrie, l’évêque monophysite de Saroug, Jacques, compose une hymne pour la circonstance (ZiNGERLE : Prolien Syrische Poésie ans Jacobus von Sarug, dans Zeitschrift fiir deutsclie .Morgent and Gesellscliafl, 1859, t. XII, p. 44 ; et Akbeloos, De vita et scriplis sancti lucobi, liatnarium Sarugi in Mesopotamia episcopi, Louvain, 1867) ; et Grégoire de Toiiis nous raconte qu’il olTicia en ce jour (P. /… LXXI, 71 3).

Autre série de faits : on colporte le récit d’un miraculeux enlèvement de Marie au ciel. Rien là qui en soi puisse surprendre des Chrétiens. La Bible ne cite-t-elle pas des cas aiialoj ; ues ? une tradition l>opulaire n’altribue-t-elle pas cette laveur à saint Jean, l’apôtre vierge ; et des Pères du ive siècle n’avaient-ils pas admis comme possible la présence au ciel, corps et âme, des ressuscites dont parle saint Mathieu, xxvii. 52 ? (Voir des textes dans Livits p. 340 à 348.) Pourquoi Marie n’eût-elle pas été l’objet de pareille faveur ? En tout cas, les textes grecs attribués à un certain Leucius, à l’apôtre saint Jean, à Méliton de Sabiiks, leurs adaptations coptes, syriaques, latines, arabes, leurs remaniements divers ne laissaient rien ignorer des circonstances où s’était accomplie l’.Vssomption (cf. Tischendorf, I. c. p. XXXV et 95 ; R. Duval, La littérature syriaque, p. 97 ; RoBixsoN, dans Texts and Studies, t. IV, a, p. xxiv, 43 à 127 ; 207 à 220 ; voir aussi dans les Dictionnaires archéologiques et bibliques les articles : .4pocryphes).

Ce qu’en des milieux influents on pensa de cette littérature, ou plus exactement, de certaines formes de ces traditions, nous le dirons plus loin.

Il importerait ici de savoir quels rapports existaient alors entre les deux ordres de faits signalés, la fête de la Koimésis et les traditions dont nous venons de parler.

En d’autres termes, qu’honorait-on ? Le simple .atalis de l’àme de.Marie, ou bien l’entrée de son corps dans la gloire ? Ni Jaci ; ues de Sarouo, ni Grégoire DB TocRS qui. personnellement, croyait au privilège (cf. P. L., LXXI, 708, 713 ; et Duchesnb, Origines… p. 278) ne nous renseignent clairement ; certains passages postérieurs de saint Modeste (P. G., LXXXVI 2, 3287. ou de saint.

drb de Cri ; te, P. G.,

XCVII, 1072) invitent à une réserve extrême, et je crois sage de ne ricnconclure.il est juste pourtant de se rappeler que souvent les formules liturgiques sont en retard sur la croyance, et que même, alors qu’un culte otliciel est explicitement admis, les prières, les oraisons ne le disent pas explicitement. Le cas est évident pour les offices de l’Immaculée Conception aux xiv’-xv’siècles.