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MARIE. — IMMACULEE CONCEPTION

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Dieu : le Verbe pose les fondements Je sa Mère future, il commence à préparer la demeure que plus tard il habitera.

Celte idée plus importante et plus féconde, qui rentre pleinement dans le développement postépliésien de la marialogie grecque, le Ménotoge basilien l’exprime, avant de rapporter l’apparition de l’ange et l’annonce de la conception miraculeuse, comme pour en donner toute la raison d’être et la portée : a Notre Seigneur et Dieu, voulant se préparer un temple vivant et une demeure sainte où il habiterait, envoya son ange vers Joacliim et Anne, etc. >> P. C, CXVIl, 196. Aussi, dans l’ollice de la Conception du 8 décembre, lëpilhète de sainte est directement appliquée, on l’a vii, à la conception passue ou conception de Marie elle-même, tandis que dans la fête de la Conception du 28 septembre, elle tombe proprement sur la conception active ou conception de sainte Elisabeth. De là une conséquence qui n’est pas restée inaperçue : si l’on compare entre elles les deux notions de conception miraculeuse et de conception sainte, quand il s’agit de la bienheureuse Vierge Marie, on peut dire que la première est secondaire et accidentelle, ic Même si la Vierge était née d’une mère féconde, observe Puotius, sa naissance aurait été extraordinaire : il à/ivov /s-/cv€.jv r, -upSé-j ;  :. ûp^ipyerv.i, on xt/.i yo-jiij.rjyj o-jt^-iv ô t’./c ; ttk^^kôcIsç. » In J’olivit. , P. G.. Cil, 5^9. Alllrraation concise, dont un contemporain de Photius, Nioetas Paphlago nous donnera l’explication : « Honorons Marie pour la naissance d’ordre naturel qu’elle tient d’une mère stérile, mais beaucoup plus encore pour cette autre naissance qu’elle doit à la grâce céleste ». Orat., i, In diem natalem SS. Dei genitricis, P. G., CV, 27.

Les mêmes principes fournissent une réponse à l’objection tirée des points de contact qu’on signale entre le Protévangile de Jacques et les deux fêtes orientales de la Conception et de la Nativité de Marie. Que le récit de l’apocryphe ait eu sa part d’influence dans l’institution des deux fêtes, c’est là, semble-t-il, un fait positif. Mais que la signification et la portée de ces fêtes n’aient nullement dépassé le caractère miraculeux attribué à la conception de sainte Anne, c’est là une assertion contredite par les considérations antérieurement développées.

c. Conclusion. — Sommes-nous en droit d’aflirrær que la crojance au privilège mariai de l’Immaculée Conception existait dans l’Eglise d’Orient à l’époque où nous sommes parvenus ? Oui, si l’on entend par là une croyance implicite, objectivement contenue dans l’idée de sainteté et d’innocence perpétuelle, ou même une croyance explicite théologiquement équivalente et se rattachant à l’idée de conception sainte en son terme. Non, si l’on entend une croyance officielle, ou même une croyance non oflicielle, mais qui serait tout à la fois explicite et formulée en des termes techniques, comme ceux-ci : Marie exempte du péché originel, Marie immaculée dans sa conception. En ce sens, et en ce sens seulement, on peut admettre le jugement porté par Pktau sur les Pères 1 grecs, De Incarnat., l. XIV, c. 11, n. I : " N’ayant pour . ainsi dire parlé du péché originel que rarement et

; n’en ayant pas traité ez/jro/Vsso, ils n’ont également, 

par rapport à la conception de Marie dans le péché,

; rien laissé de net, liquidi nihil adinodum tradide, nmt. » Expression latine, dont G. HERzoca manifestement

forcé le sens quand, oubliant le mot liquidi, il a écrit, loc. cit., p. 696 : « Petau eut le courage de j déclarer qu’il n’y aail absolument rien à chercher j chez les Pères grecs relativement à l’immaculée con] ceptiori. »

Poursuivre l’histoire Je la pieuse croyance dans

l’Eglise orientale après sa séparation d’avec le centre Je la chrétienté, ce serait Jépasser le caJre restreint de ce travail. Qu’il sullise de remarquer que pendant quatre siècles encore, jusqu’à la chute de l’empire byzantin (i 453), les témoignages en faveur Ji privilège mariai continuent, nombreux et formels ; tels, notamment, ceux de Micmfl PsELLos.de Michel Glv-KAS, de Grégoire Palamas, d’IsinoRK Glabas, de Manuix PaléologuE, de Dé.mktrius Cydonés et de Georges Sciiolarios, signalés ou mis en relief parle P. Jugie dans des études spéciales.

Plus tard, il est vrai, un autre courant s’établit et finit par prévaloir, mais dans des conditions qui jus » tilîenl cette conclusion de S. Pétridès : « La tradition véritable de l’Eglise grecque sur l’Immaculée Conception, comme sur plusieurs autres points, a donc Jévié au xvii’siècle, sous la double influence du protestantisme et de la vieille haine contre le catholicisme. »

BiBLioGRArniE. — Simon Wangnereck, S. J. Pietus muriana Græcorum, Munich, 1647 ; Passaglia, op. cit., P. I, sect. II. Virginis apposita. P III, sect. vii, Conceptæ Virginis cullus ; J. Gagarin, Troisième lettre à une Dame russe sur le dogme de l’Immaculée Conception, Paris, 1867 ; Th. Toscani et Jos. Cozza, moines basiliens de Grottaferrata, De Immaculaia Deiparæ Conceptione Ilymnologia Græcorum ex editis et nianuscriptis Codicibus Cryptuferratensihus, Rome, 18()2 ; cf. Revue catholique, Louvain, 1864, t. XXII, p. 336 : A. V. W., Vhymnologie grecque et l’Immaculée Conception ; Doni L. Janssens, Summa lheologica,. De Deo-Ifomine, P. II, p. 64 s. Fribourg-en-Brisgau, 1902 ; X-M. Le Bachelet, /.’Immaculée Conception, I. L’Orient, cil. I, § 3 et eh. II ; Rev. G. E. Price, The terni « Inimacutate » in the early Greel Fathers, dans Ecch’siaslical Iteview, Philadelphie, 1904, t. XXXI, p. 547 ; J. Hobeika, religieux maronite Libanais, Témoignages de l’Eglise Syro-Maronite en faveur de l’Immaculée Conception de la Très.Sainte Vierge Marie, Basconla, 1904 ; P. Thibaut, des Augustins de l’Assom[ption, Panégyrique de l’Immaculée dans les chants hyninographiques de lu Liturgie grecque (Elude présentée au Congrès mariai de Rome), Paris, 1909.

F. G. Hohveck, Fasti Mariani sive Calendarium Festorum Sa/ictæ Mariæ Virginis Deiparæ memoriis historicis illuslratiim, p. 282, Kribourg-en-Brisgau, 1892 ; Dom Placide Je Meester, O. S. lî., {.a [esta délia concezione di Maria santissima nella Chiesa greca, Jans // Ilessarione, ser. II, t. YII, p. 8g, Rome, 1904 ; Schwendimann, Das Fest der Unbeflechten Empfiiiignis, i, dans Scluveizerische Kirchen-Zeitung, n. 36, Lucerne, 8 sept. 1904 ; E. Vacandard, Les origines de la fête et du dogme de l’Immaculée Conception, i, dans Revue du Clergé français, 1910, t. LXIl, p. 6 s. ; A. H. Kellner, Ileortologie oder die geschichtliche EntuicUung des Kirchenjahres und der Ileiligenfesle von den iiltesten Zcit bis zur Gegemvart, § 28, 3" éd., p. 181 s, Fribourg-en-Rrisgau, 191 1.

Surles témoignages Je la croyance Jans l’Eglise grecque, depuis le schisme jusqu’à la chute de l’empire byzantin, voir M. Jugie, dans une série d’études générales ou spéciales : De Immacutata Deiparæ conceptione a hyzantinis scriptorihus post schisma consummatum edocta, dans Acia II. Conventus Velehradensis Theologorum commercii sttidiorum inter Occidentem et Orientent cupidorum, Prague, 1610, p. 42 ; Michel Glykasct l’Immaculée Conception, duns Echos d’Orient, 1910, t. XIII, p. II ; Grégoire Pnlamas et I Immaculée Conception,