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MARIE, MÊEE DE DIEU

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Augustinus, Kôln, 1907 ; Portauk, art. Augustin, dans Dictionnaire de théologie catholique (1908), col. 2’i-^li. 2875.

Voir, en général, sur cette période :

Cardinal J. H. Nbwman, Bu culte de la sainte-Vierge dans l’Eglise catholique (Lettre adressée en 1805 au D Pusey à l’occasion de son Eirenicon)-Traduction revue et corrig-ée par un bénédictin de Farnborougli (Paris, 1908) ; — T. Lnius, The Blessed Virgin in the Fathers of the first six centuries, London, 1896 (surtout documentaire) ; — F. A. von Lbuner, Die Marienverehrung in den ersten Jahrhunderten, 2" Aufl., Stuttgart, 1888.


III. PRINCIPALES PREROGATIVES DE MARIE

L’iiomniage des siècles chrétiens, constamment renouvelé envers Marie, devait à la longue se cristalliser dans certaines appellations particulièrement expressives et par là même chères à la piété des lidèles. Le llorilège connu sous le nom de Doctrina Patrum, et qui représente probablement un dossier christologique recueilli en vue du vi’concile œcuménique (680), énumère jusqu’à 54 appellations plus ou moins usitées envers Marie. Doctrina Patrum, éd. DiBKAMP, Miinster i. W., 1907, c. xxxviii, p. agi. Mais toutes les invocations de cette litanie sont loin de présenter un égal intérêt. Entre les principaux noms de Marie, nous en choisirons trois qui, par leur plénitude de sens et leur difTusion universelle, s’imposèrent à l’attention et appellent un commentaire historique et dogmatique.

I. Marie, mire de Dieu, Qsoz’Mi, Ce nom apparaît probablement au troisième siècle et devient très commun au quatrième.

II. Marie toujours vierge, ’AiiTrào^oo ;. Ce nom apparaît au quatrième siècle.

III. Marie toute sainte, llvMy.yiy.. Ce nom apparaît à l’époque byzantine, en tant que nom propre de la Vierge.

Nous n’avons pas à redire que les idées traduites par ces noms remontent à l’origine même du christianisme, mais à marquer quelqites étapes de leur développement.

1° Maternité divine.

On a vu (col. 13g) comment le titre de lUère de Dieu est, en toute rigueur, dû à Marie, puisque Jésus a reçu d’elle tout ce qu’un (ils reçoit de sa mère, et ce fils est Uieu. Le texte de saint Luc suffit à fonder la conclusion ; elle a été déduite par des Pères très anciens ; qu’il suffise de rappeler, pour le deuxième siècle commençant, saint Ignace d’Antioche ; pour le deuxième siècle finissant, saint Irénée de Lyon. Les textes ont été traduits ci-dessus ; voici les mots essentiels : Saint Ignacb, Ad Ephesios, xviii, 2 :

0£5î rnxCfj’lr, 7’jJi i Xp17zi(’ty.uo-YOprfii] iiT.i iXypirn x « T’oUoiioit.ir>j Qto’j ix < ! ’népfu/.TOi H-^ ^v.jiS, U-jcù/jLxr’^i Sk àr/ioxi. Saint Irénke, Adv. Hær., 111, xxi, 10, P. G., VII, 955 : Jiecapitulans in se Adam ipse Verbum existens ex Maria.

Un seul point reste à éclaircir : quand et comment le nom de mère de Dieu — Sut-m : , deipara — entrat-il dans l’usage courant ? Au v « siècle, Xestorius s’insurgea contre ce nom, comme étant une fâcheuse nouveauté. Voir ses discours traduits par Marius Mercator, p. L., XLVIII, notamment Serm. i, 6. 7 ; in ; IV, 1. 3 ; V, 1. 2. 3., XII, 6. 7, où il flétrit le « seroxo ; comme un terme hérétique, cher aux Apollinaire, aux Arius, aux Eunomius. Il recommande yciiz’.-ir.ai, Serm. II, p. 765 ; v, 8-9 ; xii, 32 ; approuve aussi 6mô « > ;  ;  : , VII, 48, p. 800 ; Unit par admettre ad duritiem éeîTuzî ; , à condition qu’on ne le sépare pas

d’ôaOp<o-mxo ; , V, 5 ; xii, 6. 7. 8. 9. 10. II. 23. 31 ; xni, 7. Dans son apologie écrite après sa condamnation, il délie saint Cyrille de lui montrer ce terme chez les Pères, et au cas où on le découvrirait dans leurs écrits, accepte d’avance l’anathème.

Voir Nkstorius, Le litre d’Héraclide de Damas, traduit en français par l’abbé F. Nau (sur l’édition syriaque du K. P. Bkoja ?<), Paris, 1910, p. 154 :

Pourquoi donc m’avez-vous condamné.’… Est-ce parce que j’ai reproché (à Cyrille) d’avoir menti au sujet des Itères, parce qu’il disait que les Pères ont appelé la Sainte Vierj^e mère de Dieu, lorsqu’ils ne font pas même mention de la nativité ? Est-ce pour cela que vous m’avez ex^’lu ? Il ne taut faire g^râce à personne. Si cette parole (mère de Dieui a été utilisée, dans la discussion de la foi, parles Pères de Nicée, à l’aide desquels il combat contre moi, lise/, la, ou si elle a été dite par un autre concile des orthodoxes. Car elle vient des hérétiques, de tous ceux qui combattent lu divinité du Christ ; mais elle n’a pai été dite par ceux qui ont adhéré, dans leur foi, aux orthodoxes. Car si on montrait qu’elle a été dite par un concile des orthodoxes, alors moi aussi je onfesserais que j’ai été condamné comme un adversaire ; mais si pensonne n’a employé cette expression, tu t’es élevé dans ton audace pour introduire [une parole étrangère à la foi]. C’est pour cela que je te [mettais en demeure], pour te montrer que cette expression n’avait pas été employée par les Pères.

Voir encore ibid., p. 91, 92, 97, 131, 163, 170, 171, 260, 26a ; et M. JuGiK, Neslorius et la controverse nestorienne, p. 118-126, Paris, 1912.

Le déli de Nestorius était facile à relever. Saint Cyrille avait déjà répondu dans l’Apologie de son premier anatkématisme, P. G., LXXVI, 320AB :

Sur le mystère de l’Incarnation du Kils de Dieu, le très éclniré Jean s’est exprimé en termes précis ; Le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nuus. Ce qu’entendant correctement, les bienheureux Pères assemblés jadis à Nicée on dit que le Verbe même engendré du Père, pur qui le Père a fait toutes choses, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, s’est fait chair et s’est fait homme ; en d’autres ternies, qu’il s’est uni à une chair possédant une âme raisonnable et s’est fait homme en demeurant Dieu… Diius cette pensée, les bienheureux Pères ont appelé la Sainte Vierge mère de Dieu, croyant qu’elle a engendre le Fils fuii cliair, fait homme, par qui le Père a fait toutes choses. Contre cette doctrine, Nestorius, inventeur de nouveaux blasphèmes, s’élève en dénaturant et réprouvant le nom de mère de Dieu…

Encore que le mot ©îoto’xo ; ne fût pas inscrit dans le symbole de Nicée, il était appelé par la doctrine que ce symbole consacrait ; les Pères de Nicée, saint Athanase en tête, l’entendirent ainsi et s’exprimèrent en conséquence ; c’est pourquoi Nestorius était condamné par la tradition explicite du quatrième siècle, aussi bien que par la logique du dogme ; saint Cyrille triomphait sur l’un et l’autre terrain.

Voici quelques indications sur la question historique.

Faut-il compter Origine parmi les témoins du 0=5To>îç ? La chose reste douteuse, malgré une assertion positive du v « siècle : Socratb, //. E., VU, XXXII, P. G., LXXVU, 812 AB, constate que les anciens n’ont pas fait difficulté d’appeler Marie .Mère de Dieu. Il cite Eusèbb, Vie de Constantin, III, XLUI, et poursuit :

Origène, en son tome 1" sur l’cpitre de l’.Apôtre aux Romains, examinant en quel sens Marie est dite mère de Dieu, traite longuement la question. D’où il ressort que Mestorius ignorait les écrits des anciens. C’est pourquoi, je le répète, il prend ombrage d’un mot.

Nous ne possédons pas le texte original du commentaire d’Origène sur l’épîlre aux Romains, mais seulement une traduction latine, due à la plume