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LOI DIVINE

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prééminence de la papauté sur la couronne. De son coté, le roi se soumit à son absolution, avec toutes les conséquences qui ne mettaient pas sa couronne en jeu. Le lomai 15y5, il accréditait Duperron et d’Ossat ses procureurs pour solliciter cette absolution et souscrire les engagements canoniques qu’elle coni[)()rterait. Il la sollicita lui-même par une lettre autographe, et les obligations ou pénitences que le pape formula dans sa sentence du -) septembre, il les remplit exactement, comme il en donna l’assurance dans sa réponse du 12 novembre. Même le rappel des jésuites et le rétablissement du culte catholique enBéarn.qui se heurtaient à de sérieuses dillicultés, se réalisèrent sous ce règne en partie, et s’achevèrent sous le suivant. Le temps était passé de faire du gallicanisme ; le roi défendit au parlement de s’immiscer dans l’alTaire, et fit enregistrer telle quelle la bulle de réconciliation.

La Ligue avait perdu sa raison d’être, mais, dans le traité par lequel son chef Mayenne reconnaissait en son nom le roi de France, celui-ci la considérait comme un parti qui avait eu le droit de prendre les armes pour défendre sa religion. Le préambule de l’édit de Folembray, janvier iSqG, qui amnistiait le passé, rappelait qu’une fois converti le roi n’avait eu d’autre souci que de se réconcilier avec le pape, et que le chef des catholiques avait attendu cette réconciliation (de quoi le souverain l’approuvait) pour se soumettre. Il mettait sur le même pied le zèle qu’il avait déployé envers la religion et celui qu’il avait mis à conserver l’unité de la monarchie. Les articles de l’édit laissaient aux Ligueurs la jouissance des dignités, ofBces et bénéfices acquis l>endant la guerre, les rétablissaient dans ce qu’ils avaient perdu, effaçaient les édits portés contre eux, le trésor royal prenait à son compte les dettes contractées par Mayenne et ses partisans. Pour accentuer encore la victoire du catholicisme, le roi promettait de i)rocurer le bien et avancement de la religion avec le même zèle que ses prédécesseurs (Mabiéjol, ibid. p. 403-404).

Après la crise qu’elle venait de traverser, l’avenir de la religion était assuré en France ; bien que les catholiques royalistes et lesévêques qui entouraient le roi de Navarre eussent coopéré pour une large part à sa conversion, la victoire revenait en définitive au pape, par conséquent aux Ligueurs qui avaient seuls poursuivi la lutte, toujours en son nom, avec persi^vérance, sans défaillir un seul instant dans la tâche. Les papes avaient pu paraître détournés par d’autres soucis de raccomplissement de leur devoir, hésiter du moins sur la marche à suivre, ils avaient pu croire, comme Sixte-Quint, que la royauté française méritait des ménagements malgré l’indignité de celui qui la détenait ; ce n’est qu’en France qu’on se rendait compte à quel point la politique des Valois avait perdu la confiance de la nation, parce que contraire aux traditions monarchiques. De ce point de départ, les catholiques furent amenés à envisager un changement de dynastie et, quand le fait se présenta, à lutter contre un candid, Tt que réprouvaient ces mêmes traditions. El dans cette lutte même, vint un moment où ils se rendirent compte que ce candidat ne pouvait plus être évincé qu’au profit d’un étranger odieux. Ils s’en remirent dès lors à l’avenir et au pape, et leur bon sens, leur modération reçut sa récompense dans l’édit ci-dessus. Voilà comment nous pouvons aflirnier que la Ligue a sauvé la France et l’Eglise gallicane ; on aurait tort de négliger la part que d’autres y prirent, d’oublier que Henri IV y contribua beaucoup par sa bonne volonté : mais le principal mérite ne revient-il pas à ceux qui ont lutté et souffert, le

grand nombre sans perspective de compensation et uniquement par dévouement à la religion, par souci de leur foi ? C’est à leurs sacrifices, à leur désintéressement que nous sommes redevables de la magnifique elllorescence de renaissance catholique qui fit au siècle suivant la gloire de notre pays.

Bibliographie. — La bibliographie de la Ligue est une des plus riches de l’histoire de France, et elle s’accroît chaque jour. Nous n’avons pas à en donner un état complet, mais à signaler seulement les ouvrages sur lesquels s’appuie cette étude. Cf. H. Hauser, Sources de lÛistoire de France, XYI’siècle, t. III, Paris 1912, p. 170-823. Des histoires déjà vieilles, celle de Davila, Storia délie guerre civile di Francia, Venise 1630, Mézeray, le P. Daniel, n’ont rien perdu de leur valeur. Même une compilation comme celle de Capefigue, La Réforme, la Ligue et Henri IV, Paris 1834, vaut encore par les nombreux documents qu’il y a insérés. La source capitale reste toujours le recueil du malveillant, mais perspicace Pierre de Lestoile. Mémoires-J()urnaux, càXOT de la Société des Bibliophiles, Paris 18^5-1883 ; et pour la suite des faits le récit le plus complet est celui de M. Mariéjol, Histoire de France de Lavisse, t. VI, ! ’< partie. C’est celui que nous avons suivi, en nous référant pour les idées aux historiens catholiques : C. de Meaux, les Luîtes religieuses en France au .117* siècle, Paris, 1879. — *^- Baudrillart, /.’£'g/ise catholique, la Renaissance et la Réforme, Paris 1904. — V. de Chalarabert, Histoire de la Ligue, nouv. éd., Paris 1898. — Degert, Le cardinal d’Ossat. Paris 1894- Cf. P. Richard, I^ierre d’Epinac, archevêque de Lyon, Paris 1907. — De Lépinois, La Ligue et les Papes, Paris, 1882. — Yves de la Brière, dans La Conversion de Henri /T’(collection Science et religion), rapetisse un peu le rôle de Clément VIII, que P. Herre remet bien au point en quelque* pages de son dernier chapitre, Papsttum und Papstirahl um Zeitalter Phihpps II, Leipzig, 1907. Le premier expose mieux ce rôle dans les Etudes, t. CI, 190’). Rien de nouveau dans E. Saunier, le Rôle politique du cardinal de Bourbon {Charles X). Paris 1912, Bibliothèque de l’Ecole des Hautes études, fascic. 198. Instructif au contraire est le tome II de l’Histoire de la Compagnie de Jésus en France du P. Fouqueray, Paris 1918, la Ligue et le bannissement 1075- ! 604.

P. Richard.


LOI DIVINE. —.u sens le plus général, la loi est délinie par saintTiio.MAS i>'.quin, 1" ll « < : , q.90, art. I : Quædam régula et mensuru actuum, secundum quant inducitur aliquis ad agendum vel ab agendo retrahitur. En ce sens, elle comprend les lois de la nature, les lois de l’art, les lois des mœurs.

Au sens plus précis de règle promulguée par l’autorité sociale, ibid., art. 4 : Quædam rationis ordinatio ad bonum commune, ab eo qui curam communitatis habet promulgata.

La loi diffère du précepte, qui n’est pas imposé à la société tout entière, mais à des particuliers, et

1. On retrouvera ici les grandes lignes et les principaux développements de l’article Morale (Loi) donné à l’ancien dictionnaire deJaugey parl’abbéj. M..A. Vacant. Quelques parties ont été supprimées et remplacées par des renvois à d’autres articles du Dictionnaire, 0Il les mi.*ræs questions sont traitées plus à fond. Sur d’autres points, rarticln a reçu des compléments notables, empruntés en majeure partie aux écrits philosophiques de MM. L. RoL’RE et L. de Grandmaiso.n.

N. D. L. D.