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1891

LIGUE CATHOLIQUE (LA SALTE)

1892

villes ligueuses. Dans chacune de celles-ci. le conseil local fut chargé de fonctions analogues, avec le soin de trouver de l’argent pour les frais de la lutte. Le gouverneur ou le seigneur catholique le plus important de la province eut à diriger les opérations militaires.

Tout dépendait du sort des amies, avec le concours de Philippe II, et les prochains Etats généraux, que le roi seul avait le droit de convoquer, devaient être à la merci du vainqueur. La politique maladroite du roi de France valut à la Ligue l’appui du pape Sixte-Quint, qui aurait préféré la traiter comme une révolte. Se croyant au-dessus des sentences canoniques, erreur dans laquelle l’entretint son entourage gallican, Henri III différa d’accorder une saiisfaction pour l’assassinat du cardinal de Guise, alors que le pape l’aurait volontiers déchargé des embarras que lui causaient ses prisonniers ecclésiastiques. Le monitoire du 5 mai 1589, un véritable ultimatum, en mettant au ban de la chrétienté le prince, qui venait de se séparer de l’Eglise, de se jeter dans les bras des huguenots, le livrait au poignard des fanatiijues. Le crime de Jacques Clément vint délivrer les catholiques, au moment où Paris, serré de près, menacé autant par les politiques de l’intéi-ieur que par les ennemis du dehors, devait succomber, i’^ août 1689.

La situation n’en fut guère changée, bien que le devoir api>arùt plus clairement. Le Béarnais, reconnu par les officiers de la couronne et l’entourage de son prédécesseur, se vit abandonné de plusieurs grands seigneurs, Epernon, Xevers, etc..qui exigeaient qu’il se convertît de suite. Le haut clergé et la noblesse royaliste se renfermèrent dans la neutralité, attendant de voir de quel côté se prononcerait la fortune. Mais, du reste de la nation, beaucoup estimèrent que la promesse du prétendant, de se convertir dans les six mois, était peu sérieuse et contredite par ses actes : les concessions qu’il faisait aux catholiques ne leur assuraient rien de plus que ce qu’ils tenaient déjà, alors que les protestants avaient la perspective d’étendre les conquêtes réalisées depuis trente ans. Le conflit entre les théories de droit public se réveillait avec la dernière acuité, les gallicans et politiques ralliés au roi de Navarre, émus des périls que courait la monarchie, voulaient d’abord la consolider, l’assurer entre les mains de leur maître, et les Ligueurs exigeaient au préalable qu’il se convertît. Il faisait donner à Rome, par le duc de Luxembourg, ambassadeur de ses partisans orthodoxes, des assurances formelles de sa prochaine conversion, mais il refusait de libérer le cardinal de Bourbon, comme le pape l’exigeait. Il entendait être d’abord reconnu de ses sujets catholiques, et ses partisans ajoutaient que ceux-ci devaient se joindre à eux pour le supplier de se faire instruire.

On voit que, si les royalistes recherchaient l’appui du pape, c’était pour amener leurs adversaires à reconnaître le roi, pour faire intervenir le pontife dans les négociations en ce sens qui se renouvelèrent souvent, selon la nécessité qu’éprouvaient ceux-ci ou ceux-là, de suspendre des opérations militaires Vuineuses pour tous. Les Ligueurs surtout avaiint besoin du secours du pape, de ses armes spirituelles et temporelles, plus que des troupes espagnoles, dont le concours n’était pas désintéressé. Philippe II exigeait des compensations qui lésaient l’honneur de la monarchie, et ce fut la gloire des catholiques, d’avoir su esquiver ces demandes. Quant au pape, son intervention était subordonnée à des eirconslances, à des conditions générales ou de personnes qui la paralysèrent souvent. Son attitude varia d’un pontificat à l’autre, mais les Navarristes le trouvèrent toujours intransigeant sur la question des garanties préalables

que la dignité et la sécurité de l’Eglise exigeaient de leur chef, en preuve de la sincérité de ses dispositions et de la cerlitude de son retour à l’orthodoxie. Celle-ci ne devait être fondée que sur celle-là, encore qu’il s’agit du for extérieur plus que de la conscience. Mais comment juger de sentiments, de dispositions intimes, sinon sur des faits indéniables, éclatants comme le soleil, chez un coupable relaps, deux fois excommunié |

Avec son esprit politique conciliant, Sixte-Quint n’adopta pas d’autre manière de faire. Il engageait les catholiques rojalistes à se maintenir dans la foi, à procurer son extension, sans exiger d’eux qu’ils abandonnassent leur maître ; mais il réclamait, comme premier signe de repentir de la part de celui-ci, qu’il lui remit le cardinal de Bourbon, son prisonnier. Ceux de Vendôme et de Lenoncomt, restés auprès du roi hérétique, profitaient de cette condescendance du pontife pour convoquer à Tours une assemblée d’évêques qui instruirait le néophyte, ils se gardaient bien d’arrêter les édits rendus par le parlement royaliste contre le légat Gætani. Celui-ci, de son côté, interdisait aux évêques d’écouter leur invitation, et travaillait à faire échouer les négociations que le Conseil général de Paris venait d’ouvrir avec les royalistes, pour répondre à la demande des agents espagnols, que leur maître fût déclaré protecteur de la couronne de France.

Les efforts du légat aboutirent trop ; la Sorbonne rendit un arrêt qui censurait les négociations, interdisait d’adhérer à Navarre, même s’il se convertissait, et affirmait l’obligation de rester unis sous l’autorité du cardinal de Bourbon, Charles X, roi de la Ligue, Le Il mars iSgo on renouvela le serment de l’Union devant le représentant du pape. Trois jours après, la victoire des royalistes à Ivry suspendit toute négociation : le Béarnais déclara ne plus vouloir traiter qu’une fois maître de Paris. Les Ligueurs, que le Pape abandonnait, se jetèrent dans les bras de l’Espagne, dont plusieurs villes sollicitèrent les secours, et suivirent la direction de ses ambassadeurs ligués avec Gætani, qui trahissait le programme de son maître. Alors commença celle lutle héroïque de la capitale contre l’armée de Henri IV et la famine, lutte qui a fait l’admiration de la postérité, et détruisit plus d’une illusion du prétendant. Il multipliait à la fois les déclarations en faveur du catholicisme et ses conquêtes sur les Parisiens, dont il emporta les faubourgs en juillet. Mais ils surent tenir tête aux sollicitations et intrigues venant à la fois du dehors et du dedans, à la cherté des vivres, au manque de tout, qui commença à se faire sentir dès mai. Les manil’eslalions tumultueuses des p<ditiques échouèrent ; entin le vœu que les échevins lirent le

! " juillet à N.-D. de Lorette fut exaucé : le 28 août, 

le duc de Parme arrivait avec l’armée espagnole et contraignait les assiégeants à se retirer.

Toutes les classes de la société participèrent à cette défense, qui fut conduite par les notables de In Ligue, le duc de Nemours, l’archevêque de Lyon, Mme de Montpensier, avec le légat et l’ambassadeur espagnol. Ils surent entretenir le courage et la patience de la population par des prédications suivies, la parole et l’exemple des prêtres, et ])ar ces processions, revues, dont on s’est moqué, moitié religieuses, moitié militaires, où des moines en armes escortaient les reliques des saints, — L’élan de l’armée royale en fut brisé, et son chef se eonvainqiiit que la conquête du ro.vaume ne serait pas aussi facile qu’on le prétendait autour de lui, malgré l’appui d’une partie de la noblesse, la connivence ou la mollesse dos hautes classes ; que le peuple lui i)réparail d’autres sièges non moins hasardeux, Chartres,