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LIEUX SAINTS (AUTHENTICITÉ DES)

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descendre jusqu’en S^S-Syâ. ^aint Epii’Han-b nous raconte longuement (//aères., XXX. iv-xii, P. G., XLI, liO’.ytfiii) riiisloire d’un certain Joseph de Tibériade, ([u’il a personnellement connu à Scytbopolis entre 355 et 360. Joseph, nommé comte par Constantin, avait reçu mission de construire des églises chrétiennes à Tibériade. Sepphoris, Capharnaiim et autres villes voisines (ch. iv. col. 409)- Ces localités étaient exclusivement hal)iti-cs par des Juifs, et n personne n’y avait jamais pu construire d’églises, parce qu’aucun Grec, ni Samaritain, ni chrétien n’y résidait. C’est spécialement à Tibériade, à Diocésaréc ou Sepphoris, à Nazareth et à Cnpharnaiim, que les Juifs ne laissaient habiter personne d’autre nationalité que la leur » (ch. ii. col. ! iib). De fait, Joseph construisit une église à Tibériade, puis

« à Diocésarée, et enfin dans quelques autres ailles » 

(ch. XII, col. 428).

Quelles furent ces n autres villes », que saint Epiphane a eu la malencontreuse idée de ne pas nommer ? On a découvert en 1900 dans I église de Kefr Keiina, le Cana traditionnel, une inscription dédicatoire en mosaïque, au nom d’un Joseph lils de Tanhoum, qui a immédiatement fait penser au comte Joseph (Clfrmont-Gaxnbau, Recueil d’arcli. or, IV, lyoi, pp. 345-860). Sans être prouvée, l’iilentiljcation est vraisemblable. Joseph réussit-il à construire une église à Xazareth ? Les textes des chapitres XI et XII de saint Epiphane 1 insinuent assez naturellement, mais ne permettent pas de l’aflirmer. NicépiioRE Callistk, au xiV siècle, est le premier qui fasse remonter au iv siècle la basilique de Nazareth, qu’il attribue même, par une erreur certaine, à sainte Hélène (//. Eccl., VIII, xxx, P. G., CXLVI, I13). Les auteurs du iv et du v « siècle n’accordent à Nazareth, quand ils en parlent, qu’une simple mention. Le premier, en 5 ; 0, l’itinéraire d’A>ToxiN de Plaisaxck parle d’une église à Nazareth : « Domus sanctæ Mariæ basilica est, et niulta ibi liunt benelicia de veslimentis eius » (v, éd. Geyer, p. 161). Le pèlerin avait aussi visité la synagogue. Un siècle après, Arci’i.fk vit deux grandes églises, l’une au milieu de la ville, <i ubi quondam illa fuerat domus aedilicata, Dominus in qua noster nutritus est Salvator n, et l’autre « ubi illa fuerat domus constructa, in qua Gabrihel arcliangelus ad beatam Mariam ingressus il)idem eadem hora solam est loculus inventam » (11, 16, éd. Geyer, p. i’ ; 4).

L’Eglise de la Nutrition disparut bientôt, sans qu’on puisse aujourd’hui ni retrouver son emplacement avec certiludc, ni fixer la date de sa destruction. Il paraît certain que le lieu de l’Annonciation continua à être montré là où la tradition le place encore de nos jours. Mais sur quels indices avait-on dès l’abord identifié la pauvre petite maison de Marie ? Nous sommes fort en peine de le dire, n’ayant ici aucun témoignage antérieur à la construction de la basilique, ni même contemporain, et sachant au contraire qu’aucun chrétien n’avait pu, pendant trois siècles, habiter Nazareth. Faireap])el à la haine même des Juifs comme leur ayant fait garder le souvenir de la maison de Marie (P. Babn. SIeistermanx, Guide de T. S., p. 368), nous semble un argument désespéré.

Le souvenir de la maison où Jésus avait vécu trente ans, si on la suppose distincte de la première, eût été un peu plus facile à conserver ; mais nous ne savons même plus où la plaçait la tradition durv’siècle. Quanta la synagogue où Jésus avait enseigné, elle eût pu être plus facile à identifier : mais la tradition qui la place actuellement chez les Grecs unis est trop récente pour avoir une valeur sérieuse.

Mieux vaut donc avouer franchement que dans ce

Nazareth, où sans aucun doute nous foulons à chaque pas la trace des pieds du Sauveur, nous sommes incapables de situer exactement les faits de l’histoire évangélique.

VIll. Conclusion. — Cet examen achevé, quatre conclusions s’en dégagent :

1° Nous n’y avons rencontré aucun jioint où des certitudes historiques ou archéologiques fassent mettre en doute la véracité et l’historicité des Evangiles.

a" Parmi les principaux Lieux Saints actuellement vénérés, plusieurs sont garantis par des traditions assez sérieuses et assez anciennes pour fonder une véritable certitude morale ; aucun ne repose évidemment sur des invraisemblances ou des absurdités.

3" Par conséquent l’Eglise, en acceptant les localisations traditionnelles, non seulement n’a pas engagé à faux son autorité dogmatique, qui n’avait pas à intervenir, mais elle ne peut même pas être accusée d’imprudence ou de puérilité.

4" Dans tous les cas. et spécialement pour ce qui est des localisations secondaires, elle nous laisse à juger sagement, suivant les lois humaines de la critique, s’il y faut voir des souvenirs proprement historiques, ou la simple conimémoraison pieuse des mystères qu’elle nous permet d’y vénérer.

Bibliographie. — Cette bibliographie est volontairement incomplète ; on y a seulement réuni les ouvrages ou articles plus facilement abordables, capables de fournir, avec des données précises et sûres, des indications bibliographiques plus complètes pour une étude ultérieure. On n’a pas indiquélesarticlesdeDictionnaires ou d’Encyclopédies.

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