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LIEUX SAINTS (AUTHENTICITE DES)

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fasc. 1-2, pp. a^-So). Il s’ensuit aussi que nous ne, pouvons plus situer non plus le couronnement dV-pines et la tlagellalion, dont l’emplacement du reste ne nous est guère indiqué d’une manière ferme que depuis le xv ! ’siècle.

Quant aux stations du Clierain de la Croix, il faut nous rappeler que neuf seulement (i, 2, 5, 8, lo, 1 1, 12, 13, 1^) se trouvent dans l’Evangile, sans autre indication topograpliique que les noms du Prétoire et du Golgotlia. La rencontre de.Viarie apparaît pour la première fois dans les Actes apocryphe^ île Pilale, sans doute au iv s. (Rédaction B, x, 2, éd. Tischendorf 2, p. 303), et l’épisode de Véronique dans la Mors Pilali, moins ancienne encore (ibid., pp. 456458). L’addition des trois chutes de Jésus est beaucoup plus tardive.

Ce qui est certain, c’est que notre Chemin de Croix de 14 stations s’est constitué en Occident, comme un exercice pieux et non comme un récit historique. On pourra en voir la genèse très bien résumée par M. Bou-DiNHON, dans la H. du Cl. Fr., t. XXVIlI, i<"nov. igoi, pp. 449-463. Cette dévotion a été transportée en Orient par les pèlerins ; la localisation des u stations B à Jérusalem s’ébaucha vers le xm" siècle, pour se fixer d’une façon à peu près définitive à la fin du xvi’Ceux qui accomplirent ce travail d’adaptation admirent l’opinion, de plus en plus courante, qui situait le Prétoire à l’Antonia, et c’est de la forteresse qu’ils firent partir la Voie douloureuse.

De l’incertitude où nous sommes sur le site exact du Prétoire, résulte Jonc aussi l’incertitude touchant la route réellement suivie par Jésus chargé de sa croix. Nous en connaissons certainement le terme, et c’est tout. Mais il eût été par trop fort que, faisant pàtir la piété des déficits de l’histoire, rien ne rappelât, à Jérusalem même, les grands souvenirs de la Passion..ux lieux destinés à la commémorer, comme aux croix de bois qui les représentent sur les murs de nos églises, les Papes ont attaché de précieuses Indulgences ; ils n’ont jamais entendu authentiquer historiquement des détails que ne contiennent pas le récit évangélique et la Tradition. Il y aurait certainement une consolation pour notre piété à pouvoir encore suivre avec certitude la vraie Voie douloureuse ; mais ne cherchons pas, en forçant les arguments, à nous persuader que, actuellement, cela nous soit encore possible.

VI. Bethléem. — Il est bien évident que l’authenticité de la grotte de la Nativité est subordonnée à l’historicité du récit évangélique..Si, comme Re : » an {Vie de Jésiis’^. ch. ii, p. io), ou l.ois (f^ynoptiq lies, t. I, pp. 206, 344), on fait naître Jésus à Nazareth, la question ne se pose même plus Mais, admettant l’historicité des récits de saint Matthieu et de saint Luc, avons-nous de bonnes raisons de croire à l’authenticité de la grotte traditionnelle ?

L’Evangile ne mentionne pas de grotte. Saint Matthieu (ii, 1 1) parle d’une maison, si’/i’a, au moment de l’iidoration des Mages ; saint f.iic (ii, )) dit que, ne trouvant point de place à l’hôtellerie, « arayjua, Marie dut coucher son enfant dans une crèche ou mangeoire, i « Tv> ;. Mais très souvent en Judée on abrite les animaux dans des grottes ; et, outre cette vraisemblance tirée des usages du pays, la désignation d’une grotte comme lieu de la Nativité remonte aune haute antiquité (P. P. H. Vincrnt et F. M..bbl : Ilethléem, pp. i-18).

On la trouve dans le Prolévangile de Jacques, (xvui-xix, éd. Tischendorf-, pp. 33-3’ ;), avec lequel nous atteignons peut-être le premier quart du II’siècle. Plus cerlainemcnt datée, vers 165, est la mention faite par saint Justi.n, originaire de Palestine :

(i Joseph, ne trouvant pas où se loger dans le bourg, se relira dans une grotte toute proche du bourg ; c’est tandis <iu’ils étaient là que Marie mit au monde le Christ et le déposa dans une crèche » (Oial. ai-. Trvphon. Lxxviii, P. G., VI, 607). Environ quatre-vingts ans plus tard.OniGÈXE écrit : » Conformément au récit de la naissance de Jésus dans l’Evangile, on montre encore la grotte de Bethléem où il naquit, et dans la grotte la crèche où il fut emmaillottc » (Contra Celsiini, I, li, P. G., xi, ^56 A). Saint JÉRÔME nous apprend qu’un sanctuaire de Tammouz, contemporain du Venerariiim du Golgotlia, subsista à Bethléem jusqu’au temps de Constantin : n Et in specuubi quondam Christus parvulus vagiit, Veneris amasius plangebatur » (Ep., lviii, 3, P. /.., XXII, 581). EusHBE enfin nous dit qu’au-dessus de la grotte, x^pc^, souterraine, ùtto yf/j, où était né le Sauveur, sainte Hélène fit élever une basilique magnifique (Vita Constant., 111, xli-xliii, P. G., XX, moi ; cf. De laiidil). Constant., ix, P. G., XX, 1869 C, et Demonstr. Evang., VII. 11, P. G. XXII, 540 B, où il faut lire, avec l’éd. Gaisford kvtsu et non K-/, ioû). Et, c’est encore, sauf agrandissements et remaniements, la basilique constantinienne qui subsiste aujourd’hui (cf. de Vogiié, Les églises de T. S., ch. II, p. 47).

Du point de vue historique, la tradition touchant le lieu de la Nativité est donc plus ferme encore que celle du Saint Sépulcre. Des témoignages certains nous mènent au ii" siècle ; et les auteurs de cette époque, moins crédules cependant que les pèlerins postérieurs, ne semblent pas hésiter sur l’authenticité du lieu.

On s’étonnera peut-être qu’après le très court séjour de la Sainte Famille à Bethléem, le souvenir de la grotte ait été ainsi conservé. Une solution qui paraît bien naturelle est de faire appel aux souvenirs de Marie : celle dont on croit retrouver l’inspiration dans les premiers chapitres de saint Luc a fort bien pu, durant son séjour à Jérusalem après l’Ascension, indiquer aux disciples la grotte de la Nativité, facile à retrouver aux environs du khan de Bethléem.

Nous soinmes mal renseignés sur les transformations que subit la grotte lors de son enchâssement dans la basilique (P. P. H. Vi>xbnt et F. M. Abkl : op. cit., pp. 99-83). Sa forme actuelle, avec portes latérales et absidiole au fond, accuse des remaniements certains. De plus, et ceci a fourni matière à objections, le plafond rocheux n’existe plus. II avait déjà sans doute disparu au vii= siècle, où Abculfb appelle la grotte » diniidia spelunca i>(ii. 2. éd.Geyer, p. 256)Maison sait que les chambres rocheuses du Saint Sépulcre avaient subi le même traitement, et, vers 726, WiLLiBALi) d’Eicustabtt relaie les travaux de déblaiement exécutés à Bethléem : Quondam fuit spelunca sub terra, et nunc est quadrangula doraus in petra excisa, et est terra circumquaque elTossa et inde projecta » (éd. Toblcr-Molinier, p. 266).

Il ne semble donc pas, en définitive, qu’il y ait d’objection sérieuse à éleA-er, en face de l’unanimité de la tradition, contre l’authenticité de la grotte de Bethléem.

VII. Nazareth. — Nous savons par saint Luc (i, 26) que Marie habitait Nazareth au moment de l’Incarnation. Les trois Synoptiques nous disent que c’est là aussi que Jésus passa sa jeunesse, charpentier lui-même comme Joseph son père (.V(., xiii, 54 ; -Vc, VI, 3 ; Lc, ii, Sij). Il y revint une fois ]>rêcher dans la synagogue au début de son ministère (/.c, IV, 16-30). Puis le silence se fait sur Nazareth.

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