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LIBERTE, LIBRE ARBITRE

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grat., VII, 8 ; xLii, 49 ; xLvii, 55 ; xLviii, 56 ; li, bg.

3° Le libre arbitre n’est plus ce qu’il était dans l’étal de nature intègre, selon Gal., v, i^ ; fiom., vii, 151 8. — De nal. et gral., i, i ; ^l’K, 21 ; xxi, 23 ; l, 58mi, 61 ; Lv, 66-LVi, 67.

4" Impossible d’éluder les sentences de l’Ecriture sur l’universelle nécessité de la grâce, /o., iii, 5 ; Boni.,

V, 12. — De nal. et grat.. viii, y ; ix. 10.

5° La grâce est promise à la prière, selon Mat.,

VI, 13. — L’e nat. et grat., xii, 13 ; xiii, 14 ; xviii, 20 ; XXXV, 41 ; xmi, 50 ; xLiv, 52 ; lui, 62 ; lviii, 68.

6" Le péchélui-mènie peut être uncliàtiment divin, châtiment salutaire qui brise l’orgueil de l’homme. Rom., I, 21-31. — De nat. et grat., xxii, a4-xxxiv, 38.

7" En fait, l’Ecriture ne connaitpas d’iiomme sans péché — si l’on met à part, comme on le doit, la très sainte vierge Marie. II Cur., v, 21 ; IJeh., iv, 15 ; I Jo., I, 8 ; Mt., VI, 12 ; /’s., cxlii, 2. — De nat. et grat., xxxvi, 42-XLiv, 51 ; Lx, 70

8" Les textes empruntés parPélageàdivers auteurs catholiques, et notamment à Augustin lui-même. De liliero arhitrio. airirment les ressources foncières delà nature et le fait du libre arbitre, non la superfluité de la grâce. — De nat. et grat., lxi, 71-LXVIII, 82.

G. Doctrines scolatiques. — Nous nous contenterons d’analyser saint Thomas, qui explore toutes les parties de ce vaste domaine dans la xxiv’des Qiiæstiones disputatæ de Veriiale. Après avoir rappelé la parole de l’Ecriture, Eccli., xv, 14 : Deus ab initia corislitiiit lioniinem et reliquit eum in manu consilii aai, il allirme l’existence du libre arbitre dans l’homme, et l’appuie de trois preuves : la foi catholique, rattachant à l’exercice du libre arbitre le mérite et le démérite, le châtiment et la récompense ; rex[)érience humaine ; l’analyse rationnelle. La raison distingue diverses catégories d’êtres ; les uns n’ont pas en eux-mêmes le principe de leur mouvement (êtres inanimés) ; les autres ont eux-mêmes le principe de leur mouvement (êtres animés), mais ils .s’y portent ou bien par une détermination naturelle (animaux), ou bien par une détermination qu’ils se donnent h eux-mêmes, en orientant leur activité par un choix rélléchi entre divers moyens qui tendent plus ou moins eflicacement vers la fin de leur nature, ("c dernier cas est celui de l’homme, llnmo per iirtulein rationis iiidicans de agendis potesl de siio arhitrio iudicare, in quantum cognoscit ralionem finis et eius qiiod est ad finem et habitudinem et ordînem unius nd alterum : et ideo non est solum causa sui ipsius in movend(>, sed iniudicando ; et ideo est liheri arbitrii, ac si diceretur nrbitrii de agenda wel non agendo (art. 1).

La racine du libre arbitre est dans lajaison, ca|)able <Ie concevoir l’universel, de comparer et de clioisir. Dépourvus decette faculté, les animaux sont également dépourvus de libre arbitre, encore qu’on trouve en eux une i>uissance estimative, dont les déterminations présentent quelque analogie avec celles du libre arbitre (art. 2).

Le libre arl)itrc est excellemment en Dieu, sans les infirmités inséparalilesdeson exercice chez l’homme. En effet, la volonté divine trouve dans l’Etre infini qu’est Dieu son plein contentement ; son choix ne s’exerce qu’entre les divers moyens possibles de manifester extérieurement les perfections divines. Dès lors, on voit que le libre arbitre en Dieu ne peut se porter au mal, mais seulement à diverses sortes de biens. Il s’y portesans délibération, parce que toutes choses sont élernellement présentes au regard de Dieu. Celte pronqititude dans le choix distingue l’exercice du libre arbitre en Dieu — et aussi chez l’ange — de l’exercice du libre arbitre chez l’homme.

condamné par sa condition présente aux lenteurs et aux hésitations d’une connaissance discursive (art. 3).

En soi, le libre arbitre n’est rien d’autre que la volonté, en tant qu’elle a le domaine de ses actes (art. 4)- Faculté simple qui, à la lumière delà raison, aiguille, chacune dans sa voie, les diverses puissansances de l’homme ; le choix est son acte propre (art, 5-6),

La vue des écarts du libre arbitre suggère cette question : une volonté créée peut-elle être naturellement (c’est-à-dire par ses propres forces) confirmée dans le bien, au point de n’en pouvoir plus déchoir ? Il faut répondre : non. Car c’est le propre de la volonté raisonnable de tendre au bien universel, et c’est le propre de la volonté créée d’y tendre par des voies particulières. Dans ces voies particulières, elle peut toujours s’égarer, n’étant point naturellement fixée dans le bien infini, qui seul la préserverait de toute erreur (art, 7), Maiscequi surpasseles forces de la nature, n’est pas impossible à la grâce. Une fois parfaitement uni à Dieu parle don divin, le libre arbitre devient participant de l’immutabilité divine et ne peut plus se porter au mal. Telle est la condition des bienheureux dans le ciel (art, 8), Sur terre, on ne peut concevoir un tel alTerraissement dans le bien, rendant métapl13’siqueinent impossible une déchéance. On peut seulement concevoir un secours si puissant de la grâce et une providence si spéciale, que tout danger soit elfectivement conjuré, comme il advint de la Très sainte Vierge durant toute sa vie et, à un moindre degré, de plusieurs saints personnages (art, 9). Par contre, les démons sont enfoncés dans le mal, au point de n’en plus pouvoir émerger, et cette perversion irrémédiable procède de trois causes : la rigueur delà justice divine, qui abandonne à eux-mêmes ces esprits damnés par eux-mêmes ; la profondeur du péché des anges, qui implique une totale aversion de Dieu, car ces volontés spirituelles ne se partagent pas entre plusieurs objets ; enfin leur malice très spéciale, car ils ont péché dans la lumière de Dieu (art. 10), Sur terre, nul n’est à ce point alfermi dans le mal : radicalement impuissante à se relever par elle-même, la nature viciée peut bien opposer aux appels de la grâce une résistance presque insurmontable ; néanmoins, le libre arbitre n’est pas encore brisé jusqu’à ne plus pouvoir produire aucun bon mouvement (art, 11).

Les sollicitations du mal trouvent dans la nature un accueil tout différent, selon qu’elle est ou non ornée de la grâce sanctifiante. Le libre arbitre appesanti par le péché mortel incline déjà vers le mal ; il offre une proie toute prête à la tentation. Capable de repousser chaque assaut en particulier, il cédera tôt ou tard à des assauts multipliés, si la grâce de Dieu ne lui vient en aide (art. 12). Au contraire, le libre arbitre assisté de la grâce sanctifiante opj>ose à la tentation un principe actif de résistance ; il peut faire immédiatement face au danger présent. D’ailleurs, l’avenir ne luia|ipartient pas : la persévérance est un don de Dieu, effet d’une grâce particulière (art. 13).

Le libre arbitre est puissant pour le bien, mais seulenu-nt dans l’ordre de la nature, à moins d’être soulevé par la grâce. Sans la présence habituelle de la grâce, il ne peut poser aucun acte méritoire de la vie éternelle (art. 14) ; il ne peut même, sans l’impulsion de la grâce, se préparer à la justification : dans l’ordre du salut, l’initiative appartient à Dieu (art, 15).

Voir encore Somme théologique, I’p., q. ig ; 63 ; 83 ; I" II » « , q. 109 ; Contra Génies, I, 88 ; III, 78 ; 8q ; 148.