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LIBÈRE (LE PAPE)

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conlre Athanase. Libère déclare avoir cité Athanase à coiniiaraitre à Rome, et, sur sonreCus, l’avoirexclu de la eouimuiiiou romaine.

Lettre l’ro dei/lcu timoré {^= fragiii. vi, 5-C, /-*. /.., X, 689-691). Aux évéques d’Orient. Libère réitère la déclaration relative à l’excommunication d’Athanase, et approuve les griefs des évêiques d’Orient contre le patriarche d’Alexandrie. Déjà l’empereur Constance a été avisé de cette condamnalion par l’entremise de b’ortutiatien d’.Vquilée. Libère, d’accord avec Démophilc, évcque de Bérée, d’accord avec les Orientaux, professe la foi catho-Iii |ue formulée à Sirmium. Il prie ses correspondants de travailler à abréger son exil.

Lettre Quia acio (^= fragm. vi, 8-9, P. /.., X, 698-Cg’i). Aux évoques Ursæius, A’alens et C.erniinius. Libère assure avoircondaniné Athanase avant même de transmettre à la cour impériale la lettre qu’il a reçue des évéques orientaux ; de ce fait, tout Icpresbytérat romain peut témoigner. II a chargé Fortunatien d’A(iuiIéed’intercéderprésde l’empereur pour la paix de l’Eglise romaine, si profondément troublée. Il adresse la même requête aux trois évéques ses correspondants, les assurant de sa communion, ainsi tjue les évéques Epictète et Auxence.

Lettre JVun rfoceo (^fragm. vi, 10-11, /^. /-., X, 6g5). A Vincent, évêque de Capoue. Vincent est ce légat pontiliealqui, envoyéà la cour de Constance en 353, a trahi la contianoe du pa|)e et fait cause commune avec les ennemis d’Athanase. Libère no fait aucune allusion à ce passé ; seulement il met Vincent au courant de ses épreuves, l’avertit qu’il a rompu avec .Mhanase et fait sa paix avec les Orientaux, enfin le (ircsse d’intervenir, avec les autres évéques de (lamjiauie, près de l’empereur, pour obtenir son rappel. L’Upits historicum de saint Hilaire, parmi les fragments duquel se sont conservées ces quatre lettres, a dû être composé à Constantinople en 35g ou 360. Les lettres de Libère s’y trouvaient encadrées et interpolées de réflexions très sévères. Ainsi, dans la lettre l’ro dcifico timoré : Hæc est perfidia ariana, hoc ego not<n’i, non apostata… Anatliema tibi a me diclum, Liberi, et sociis tiiis… Iteriim tibi anathema et tertio^ prævaricator Liberi.

III. Discussion. — Deux points surtout sont à examiner : i) Que penser des quatre lettres de l’exil ?

— 2) Ouelle foi professa Libère, au moment de son rappel ?

i) Les lettres de l’exil. — Ces lettres, sûrement peu honorables et peu dignes, ont été souvent rejetées comme apocryphes. Un même coup, la mémoire de Libère est soulagée d’un grand poids. Et cette solution est d’autant moins récusable a priori, que le dossier du pape Libère, tel que nous le possédons, renferme plus d’une pièce sûrement apocryphe. Par exemple, de prétendues lettres échangées entre Libère et thanase, P. L., VIII, iSgbC-i^oo. Un autre rescrit de Libère à Athanase et à l’épiscopat d’Egypte, ainsi qu’une lettre à tout l’épiscopat, sont imputables au Pseudoisidore. Ep. Otim et ab initia, P. f.., VIII, 1406-1408 ; cf. Décrétâtes pseudoisidorianoe, éd. Hinschius, p. 476-478 ; £p. ^’illil est, P. /.., VIII, 1 399-1 403, éd. Hinschius, p. 494-498. Contre l’authcnlicilé des quatre lettres de l’exil, on allègue diverses invraisemblances de fond et de forme :

a) (Juant au fond, l’attitude humiliée prise par Libère paraît inconciliable avec ce qu’on sait d’ailleurs de sa fermeté devant Constance. Surtout la lettre Studeiis paci, où Libère assure avoir mandé Athanase à Ilome et, sur son refus de comiiaraitre, l’avoir excommunié, paraît en contradiction avec le langage qu’il tint devant Constance, soit par la lettre

Obsecru, soit lors de l’entrevue qui précéda immédiatement son exil.

b) Quant à la forme, on insiste sur la platitude et l’incorrection de ces lettres.

Jléponse- — a) Les raisons de fond méritent considération sérieuse. Mais il faut distinguer les temps. Car le pape que Constance exila en 355, n’était pas tout à fait le même qu’il rendit aux Humains en 358, brisé par trois ans d’exil. Qu’Athanase ait été sacrilié, c’est un fait qu’on ne peut révoquer en doute, puisqu’il se trouve consigné dans les écrits d’Athanase lui-même, dans ceux d’Hilaire, et conlirmé par une tradition persistante. Donc les allusions faites à cet abandon ne sont pas une raison sullisante de rejeter les lettres de l’exil. L’hypothèse d’un faux, faisant pénétrer ces pièces dans le recueil d’Hilaire, et soutenu par un travail d’interpolation, o]iéré parallèlement sur les écrits d’Athanase, a tout l’air d’un expédient désespéré, soit qu’on rende responsable de ces faits les ariens (S.vio, Batikfol), ou les lucifériens (Saltet), soit qu’on fasse intervenir Fortunatien d’Aquilée (Cu.a.pman). La contradiction entre le langage de la lettre Stadens paci et l’attitude par ailleurs connue de Libère, comporte d’autres explications. Mgr DucHESNE suppose un artitice de rédaction, destiné à masquer, aux yeux des correspondants de Libère, l’évolution qui, durant quatre années environ (de 353 à 367), avait fait de lui un ferme soutien d’Athanase. Le R. P. Fkueu ne croit pas à une telle intention, mais il prend acte des déclarations de Libère, attestant un certain flottement dans ses dispositions à l’égard d’Athanase, au début de son pontificat. II ne paraît pas incroyable que, durant la première année de son pontificat. Libère subit alternativement des influences contraires : d’abord l’influence des évéques orientaux, par qui le pape Jules avait été saisi d une accusation en règle contre Athanase ; puis l’influence de l’épiscopat égyptien, qui gagna décidément Libère à la cause du patriarche alexandrin. Qu’un revirement se soit produit dans l’esprit du pape exilé, et que Fortunatien d’Aquilée y ait contribué pour une grande part, c’est ce qui résulte du témoignage indépendant de saint Jérôme : on ne doit pas s’étonner de voir cette donnée confirmée i>ar les lettres de l’exil. On ne comprend que trop que Libère ait alors cherché à s’ai)puyer soit sur les évéques de cour, L’rsacius de Singidunum, Valens de Mu^sa et Germiniu^ de.Sirmium, soit sur son ancien légat, Vincent de Capoue, dont il ne pouvait plus accuser la faiblesse, après avoir faibli à son tour. Ces considérations contrebalancent efficacement les raisons de fond opposées à l’authenticité des lettres de l’exil.

b) Les raisons de forme n’ont ici aucune force. Outre que nous ignorons quelle part des secrétaires ont pu prendre à la rédaction des lettres incontestées de Libère, les lettres de l’exil ne renferment pas d’incohérences ni d’incorrections, qnisullisent à les condamner sans appel. D’autre part, des rapprochements minutieux entre ces quatre lettres ont établi leur étroite parenté ; il faut donc les traiter comme un bloc homogène, les rejeter on les accepter en bloc. Cette conclusion de la critique interne doit paraître d’autant moins suspecte que l’on a pu précisément y appuyer des argumentations tout A fait divergentes : tandis que M. l’abbé Saltet s’en autorise jiour rejeter tout le bloc des lettres de l’exil (/.es lettres du pape f.ibère </e.'>'."w, dans linlletin de littérature ecclésiastique. 1907. p 27Q-289), le R. P. Feofr s’en autorise pour retenir tout le bloc (Sludirn zii llilarius’on Poitiers. I,.Anhang- 2, p. 153-183. Vienne, 191 o). L’opinion autrefois adoptée par Dom Cors-TAKT, (pii proposait de mettre à part la lettre