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LIBERE (LE PAPE)

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l’flcitle pi’ussique, il faut aussi se mettre en garde contre l’intoxication causée par une nourriture malsaine. EU bien I la suite des documents pontillcaux que nous avons allégués, le magistère ordinaire et extraordinaire de l’Eglise, sa pratique constante prouvent de la façon la plus évidente que la doctrine que nous avons exposée n’est pas simplement le produit de certaines circonstances, qui doit disparaître avec le milieu historique, avec l’état d’esprit auxquels elle doit son origine ; mais qu’elle est l’expression claire et précise d’une vérité aj’anl une valeur permanente et délinitive.

Il n’y a rien de chimérique et d’impossible dans le priigraniræ né de cette doctrine. Ce qui est bien plutôt eliimériqueet irréalisable, c’est le programme de la Révolution ; ce n’est i)as celui de l’Eglise. (( Quand l’Eglise pose ses principes, a dit le cardinal Pie, encore bien qu’ils impli(|vent une perfection qui ne sera jamais atteinte ici-bas, elle en veut les conséquences, toutes les conséquences : les conséquences extrêmes seront le ciel. Quand la Révolution pose ses principes, elle ne veut qu’une partie de ses conséquences : elle arrête, elle enchaîne les conséquences trop générales et trop étendues : la conséquence extrême et totale sera l’enfer. La Révolution ne peut pas et ne veut pas être logique juscju’au bout. L’Eglise peut et veut l’être toujours : rien au monde n’est donc plus pratique et n’est moins chimérique. » Aussi bien, ce programme, qui n’a rien d’impossible en soi, n’est nullement intempestif, inopportun et dangereux. Le régime chrétien, sur lequel on se prononce avec une désinvolture par trop légère, rencontre de moins en moins au sein des générations nouvelles une opposition irréconciliable. J’e.ratio intellectum dabil aiidilui, dit l’Ecriture, et le spectacle des sociétés à bout de vie montre de plus en plus aux esprits réfléchis que le monde ne trouvera de remède aux maux qui le dévorent qu’en Jésus-Christ et dans l’acceptation sociale des principes révélés. Hors de là, la religion pourra jusqu’à un certain point vivifier les individus et les familles ; mais les sociétés et les pouvoirs réfractaires à cette influence surnaturelle et publique feront la dure expérience de ce qu’il en coûte aux nations d’abandonner Jésus-Christ.

Quant au libéralisme économique, il est clair que, si l’Eglise laisse ouvertes aux disputes des hommes les questions proprement techniques qui concernent cette science, elle ne peut se désintéresser des questions d’ordre moral qui la dominent. L’homme domestique, l’homme social est grandement engagé ; et partout où se trouve l’iiomme, partout où il déploie son activité, l’idée de la fin dernière et îles moyens qui se rapportent à cette fin appar.nil. Il est donc impossible qu’en cette matière, l’Eglise n’ait pas à dire son mot, et c’est ce qu’elle a fait dans ces derniers temps, soit avec Lkon XllI par les Encycliques Rernm novarum et Cvayes de commnni soit avec Pie X, par le Molu proprio, en date ilu 18 décembre 1903, et par la Lettre à l’Episcopat français sur le Sillon, en date du 26 août 1910. C’est h ces documents (l’une aulorité irréfragable que doivent avoir soin de se référer les catholiques qui, en cette matière, comme en toutes les autres, ont souci de Instaurare omnia in Christo.

BiBLionnAPMiE. — En ce qui touche l’histoire du libéralisme, sont à signaler : 1" Histoire du Catholicisme libéral en France (1820-1908), par Georges Weill, in-12, Paris, 1909 ; 2" Somme contre le catholirisme libéral, par l’abbé Jules Morel, 1 vol. in-8°, Paris, iS’j’j.

Quant à la doctrine, avant tout : Œuvres du

cardinal Pie, spécialement : Troisième instruction synodale sur les principales erreurs du temps présent, tome V ; 2" Somme contre le catholicisme libéral, par l’abbé Jules Morel ; 3" Questions religieuses et sociales de notre temps, par Mgr Henry Sauvé, in-13, Paris, V. Palmé ; 4° fe Droit chrétien et le Droit moderne, par Mgr d’Hulst, in-12, Paris, Poussielgue ; 5° Deux études très remarquables parues dans les Eludes le 5 octobre igit, et le 20 décembre 19 ii, dues à la i>Iume du R. P. Yves de la Brière, et reproduites dans un volume intitulé : Les luttes présentes de l’ii^lise, i’" série, 1909-1912, V partie, chap. vii, Paris, 5, rue Rayard, igiS. En ce qui touche Ir libéralisme économique : 1° Cours d’économie soriale, [jar le P. C. Antoine, in-S", Paris, Guillaiimin ; 2" Quæstioties de Juslitia, par b) P. A. Vermeersch, i vol. in-S", Paris, Lethielleux.

G. i>n Pascal.


LIBÈRE (LE PAPE). — I. I.a carrière de Libère. — IL Documents accusateurs. — III. Discussion. — Bibliographie.

Le pape Libère (22 mai 352-24 septembre 366) gouverna l’Eglise au temps où l’hérésie arienne sévissait avec l’appui du pouvoir impérial. Son altitude devant l’empereur Constance a donné lieu d’incriminer non seulement son caractère, mais la pureté de sa foi. Souvent rééditée par les historiens protestants à la suite des Centuriateurs de Magdebourg, exploitée par les gallicans et les jansénistes, cette accusation doit être regardée en face. Est-il vrai que Libère abandonna la foi nicéenne et accepta la communion des ariens ?

I. La carrière de Libère. — En succédant au pape Jules, Libère trouva l’Eglise profondément troublée par la controverse arienne. La convocation d’un concile œcuménique semblait nécessaire pour faire l’unité ; dès la deuxième année de son pontificat, Libère envoyait à la cour de Constance, à Arles, deux évêques de Campanie, Vincent de Capoue et un aulre nommé Marcel, pour obtenir l’assentiment de l’empereur. Au lieu de seconder le projet du pape. Constance. le confisqua : il mandates évêques à Arles pour les faire délibérer sous ses yeux, et extorqua la condamnation d’Athanase, le grand champion de la foi nicéenne. Les deux légats pontificaux, Vincent et Marcel, eurent la faiblesse de suivre le mouvement. Mais l’indomptable Lucifer de Cagliari s’offrit à porter devant l’empereur les doléances du pape. Libère lui adjoignit Eusèbe de Verceil et Fortunatien d’Aquilée. Dons une lettre très ferme, adressée à Constance et qui fut présentée par Lucifer (Ep. Obsecro. P. I.., VIII, 1351-1354), il exposait que la personne d’Athanase n’était pas uniquement ni priiicipalemenlen cause ; beaucoup déraisons rendaient désirable la convocation d’un concile œcuménique ; avant tout, l’Eglise devait défendre sa foi, menacée par l’hérésie. Ces remontrances n’eurent aucune prise sur l’obstination de Constance. Au printemps de 355. un nouveau concile se réunit au palais impérial, à Milan ; l’effort d’intimidation redoubla. Pour n’avoir pas plié sovis la menace, Lucifer de Cagliari, Eusèbe de Verceil et Denys de Milan furent exilés. Nous possédons la lettre où le pape félicite ces confesseurs de la foi, compatit à leur épreuve, et sollicite pour lui-même le secours de leurs prières (Ep. Qunmvis sub imagine pucis, P. L., VIII, 13.’)6-1358). Effectivement, l’iieuredouloureuse allait sonner pour Libère..Vprès avoir tenu tête à l’eunuque impérial Eusèbe, il se vit arrêté de nuit et amené devant l’empereur. Là encore, il tint bon. (Voir le récit de