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que le sens de la concavité de l’ellipse décrite par les taches.

A tout cela une seule explication est possible, disait Galilce. et ces divers aspects sont dus à ce que la terre tourne, en un an. autour du soleil.

L’argument est loin d’être irréfutable et ces différents phénomènes s’expliquent tout aussi bien en supposant que le soleil tourne autour de la terre, pourvu que l’on admette, comme le veut en réalité la loi de l’même, que son axe de rotation reste toujours parallèle à lui-même. La réponse devait sauter aux yeux des partisans de Ptolémée. Galilée s’en est si bien rendu compte qu’il s’est posé l’objectiont. Il y répond en disant qu’il lui paraît impossible d’admettre ce parallélisme de l’axe solaire. Mais alors comment pouvait-il admettre le parallélisme de laxe terrestre, indispensable au systeine de Copernic ?

Troisième preuve. Elle reproduisait, avec quelques additions, la preuve de 1616. Galilée continuait d’attacher à cette preuve des martes la plus grande importance 2. Un examen plus approfondi des faits lui avait montré qu’il était impossible d’expliquer le plhénomene du flux et du reflux sans tenir compte de l’action de la lune ; aussi, tout en maintenant le rai-

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sonnement fait en 1616 et que nous avons exposé, avait-il consenti à introduire dans le phénomène une période nouvelle, d’ailleurs absolument en désaccord avec la réalité. Selon lui, les plus faibles marées devaient se produire à l’époque de la nouvelle luneetles plus hautes marces à l’époque de la pleine lune ; or il n’en est pas ainsi 3.

Dès la publication du Pialogn, plusieurs des amis de Galilée lui avaient exposé leurs ohjections contre ect argument et l’avaient avent qu’ils ne pouvaient se ranger à son avis. Mais le grand homme se montra intraitable, se déclarant prêt à douter des faits plutôt que de ses calculs, et qualifiant cette preuve d’irréfutable i,

4° Probabilités qu’apportait Galilée en faveur du système de Copernic. — Un fait est done certain : des explications que Galilée prétendait déduire du Système de Copernic, les unes ne prouvaient rien, les autres étaient en contradiction formelle avec les faits. Par contre, il lui faut rendre cette justice qu’il réfutait fort bien les objections de ses adversaires.

L’une des objections ctait celle-ci : si Vénus tourne autour du soleil, elle doit avoir des phases, comme la lune ;  : or personne neles voit. — Oui, avait répondu Copernic, et on les distinguerait si l’on trouvait un

1. Op. Gal..t. VI, p. 382.

2. Op. Gal… XIV, p. 289

3. Les plus grandes marées ont lieu vers les syzygies (nouvelles et pleines Innes) et les plus petites marées vers les quadrutures (premiers et derniers quartier »).

4. Op. Gal..t. VIE, p. 472. — Kepler n’admoetluit pas que l’argument de Galilée fut probant. Cf. Op. Gal.. X1. 16. — Bertrand regrettuilt que Galilée « lui eût accordé une place ». Cf. Les fondateurs de l’astronomie moderne, Pari, 1865, p. 227. — Arago de même. Cf. Notices biog., t. D, p— 262.


GALILÉE

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moyen d’augmenter la puissance de vision desastronomes. — Ce moyen [ut réalisé par l’invention des lunettes, et, en 1010, Galilée observa les phases de Venus.

On avait beaucoup de répngnance à admettre le mouvement de la terre, ce mouvement ne se manifestant par aucune impression directe. Or Galilée observe les taches du soleil : il les voit se déplacer sur le disque, disparaitre à l’occident et revenir de l’autre côté du disque. au bout de quelques jours. Donc le soleil tourne sur lui-même ; pourquoi n’en serait-il pas de méme de la terre, dont le globe est considérablement plus petit ?

Une troisième objection paraissait assez spécieuse : le système de Copernic, beaucoup plus simple que celui de Ptolémée pour représenter les mouvements des planètes, était, au contraire, beaucoup plus compliqué pour la lune, laquelle, tout en effectuant son mouvement de rotation autour de la terre, est entrainée par elle dans sa tranétation autour du soleil. Or Galilce découvre, en 1010, quatre des satellites de Jupiter et voit leursorbiles se combiner avec l’orbite de la planète, Du coup, la lune perd de son importance et devient un satellite de la terre, animé d’un

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mouvement semblable à celui des lunes de Jupiter, Ainsi disparait l’objection.

On faisait entin à Galilée une difficulté basée sur les lois de la chute des corps. Si la terre est animée d’un mouvement de rotation, lui disait-on, un corps lourd, laché du sommet d’une tour, ne tombera pas au pied de la tour, mais en arrière, à l’ouest de sa base, en admettant que la terre tonrne de Fouest à l’est. — Non, répondait Galilée ; an moment où ce corps est abandonné à lui-même. ilparticipe au mouvement horizontal du point où il se trouve ; ce mouvement se compose avec le mouvement vertical de chute et la résultante est un mouvement en apparence parallèle au côté de la tour. — En réalité, comme l’ont montré depuis des expériences précises, le corps est dévie vers l’est. en avant de la tour, justement à cause de la rotation de la terre ; en effet, la vitesse du point de départ, plus éloigné du centre de rotation, est plus grande que celle du point d’arrivée ; par suite, le corps qui participe au mouvement de son point de départ, doit tomber dans le sens du mouvement de rotation. — Quoi qu’il en soit, la solution de Galilée ce les expériences nombreuses par lesquelles il s’efforçait de l’appuyer pararent salisfaisantes à ses contradicteurs !.

En somme, Galilée, comme le dit l’astronome Laplace 2, étayait sa théorie par des preuves d’analogie : rotation du soleil, phases de Vénus, mouvement des satellites de Jupiter. Les preuves d’analogie ont

1. Op. Gal… t. NH, p. 152. C’est scolement en 1679 que Newton réfutera rigoureusement cette objection des anticoperniciens.

9. Essai sur les probabilités, Paris, 19420, p. 247, — Le 17 novembre 1632. Gnssendi écrivait à Galilée : « Vos hypothèses sont fort vraisemblubles, inais elles restent pour vous des hypathéses ». Op. Gel, & NIV, p. 422