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LAÏCISME

par ses procédés antirationnels, malsaine par le relent d’érotisme qui s’en dégage (cf. Karppe, p. 458) est certainement en dehors de ce terrain commun.

Bibliographie. — Le vieil ouvrage d’Ad. Franck : La Kabbale ou la philosophie religieuse des Hébreux (1re  éd. 1843 ; 2e éd. 1889 et 3e éd. 1892, notablement corrigées par I. Lévi) reste encore probablement le meilleur exposé systématique de la doctrine. On ne peut guère se fier à S. Karppe : Étude sur les origines et la nature du Zohar, précédée d’une étude sur l’histoire de la Kabbale (1901) ; cf. I. Lévi dans la R. de l’hist. des religions, t. IL (1904), pp. 81-94. On trouvera la traduction française du Sefer Yeṣira dans Karppe (pp. 139-168) et dans Mayer Lambert : Commentaire sur le Sefer Yeṣira ou Livre de la Création par Saadia (1891), pp. 1-11. La seule traduction complète du Zohar est celle de Pauly, publiée par les soins de E. Lafuma-Giraud (6 vol. 1906-1911). Les diverses encyclopédies (v. g. Jewish Encyclopedia, Realencyklop. für prot. Theologie3, Kirchenlexicon2, Dict. de théologie de Vacant) donnent de bons résumés et toute la bibliographie utile.

P. Joüon.

L

LAÏCISME. — Préambule. — Notions générales : 1o  le parti ; 2o  la doctrine, en regard de la doctrine catholique. A) La doctrine catholique : a) distinction des laïques et des clercs ; b) distinction du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel. B) La doctrine laïque.


Ire partie : l’Anticléricalisme, forme négative et populaire du laïcisme.

I. Les griefs contre le clergé. A) Griefs généraux. Réfutation. B) Griefs particuliers. Réfutation.

II. Le véritable objectif de l’anticléricalisme : ruine de la constitution de l’Église. A) Histoire sommaire. Déclarations et aveux. B) Les promoteurs. a) Les héritiers de la Révolution française ; b) les francs-maçons ; c) les protestants.


IIe partie : le Laïcisme proprement dit : forme positive, doctrinale, philosophique et religieuse.

I. L’idéal laïque : liberté absolue de l’individu, a) Libre pensée ; b) morale indépendante ; c) athéisme ; d) religion de l’irréligion. Le laïcisme obligatoire.

II. Le régime laïque : la république démocratique.

III. L’œuvre laïque : la laïcité ; l’État et la société sans Dieu.

§ 1. L’État sans Dieu. A) Sécularisation et laïcisation de l’État ; B) Laïcisation des services publics essentiels à l’État ; C) Laïcisation des services publics non essentiels à l’État : enseignement, assistance, etc.

§ 2. La société sans Dieu. A) Mesures contre l’Église catholique : a) suppression des privilèges du clergé ; b) suppression du droit de propriété. B) Mesures contre l’autorité spirituelle et toute communauté religieuse : Loi dite de Séparation ; lois contre les Congrégations.


IIIe partie : Réfutation du laïcisme.

I. Réfutation négative. Les objections contre le laïcisme.

§ 1. Contre l’idéal laïque. — Désaccord : a) avec l’observation psychologique élémentaire ; b) avec les lois de la vie ; c) avec les résultats de l’expérience ; d) principe faux et contradictions.

§ 2. Contre le régime laïque.

§ 3. Contre l’œuvre laïque.

II. Doctrine positive. La constitution de l’Église catholique au regard de la raison. — Préambule : point de départ, un fait : l’homme ne se suffit pas.

§ I. Distinction de la société civile et de la société religieuse, sauvegarde de la liberté individuelle.

§ 2. Distinction des laïques et des clercs. Vers la liberté par la vie. a) L’Église est un corps vivant ; b) diversité des organes pour le bien commun ; c) l’idéal, c’est la vie, et la liberté par la vie ; d) les laïques subordonnés aux clercs ; les clercs, ministres des laïques ; e) les droits de l’individu. Éminence des petits dans l’Église.

Conclusion.

Bibliographie.

Préambule. — Notions générales. — 1o  Le parti. — Le Laïcisme — et il ressemble en cela à toutes les hérésies, l’arianisme, le protestantisme, le jansénisme — est à la fois une doctrine et un parti, ou plutôt c’est la doctrine d’un parti. Ce parti a une date et un champ d’action dans l’histoire. C’est le parti qui est arrivé au pouvoir en France aux élections de 1876, s’y est affermi après la tentative du 16 mai, et s’y est maintenu jusqu’à l’heure actuelle (août 1914). On le trouve ailleurs et à d’autres moments dans l’histoire. Mais nulle part il n’a jamais réalisé son programme avec tant de ténacité et de succès. Nulle part il n’est possible de se livrer à un inventaire plus complet de ce qu’il est, de ce qu’il veut, de ce qu’il peut produire.

La iiie République, durant cette période, s’est fait gloire d’ériger dans le monde le drapeau de la laïcité. Elle n’a rien eu plus à cœur que de faire une politique laïque, d’instaurer une législation et des mœurs laïques. La laïcité est le caractère, auquel elle a reconnu ceux qui étaient vraiment « de son esprit ». Les ministres ont fréquemment varié en France depuis quarante ans ; tous, sans aucune exception, se sont réclamés d’une absolue fidélité au programme laïque.

En 1914, dans un discours prononcé à Belfort, M. Millerand, plusieurs fois ministre, membre de la Fédération des Gauches, soi-disant libérale et nationaliste, tenait à bien marquer que ses doctrines et celles de ses amis étaient, au point de vue laïque, invariablement fixées ; et il faisait siennes ces paroles que lui avait adressées, dans une lettre, M. Waldeck-Rousseau au moment où il avait quitté le ministère : « Pour les républicains qui songent, l’anticléricalisme est une manière d’être constante, persévérante et nécessaire à l’État. Il doit s’exprimer par une série indéfinie d’actes et ne constitue pas plus un programme que le fait d’être vertueux, ou honnête, ou intelligent. »

De pareilles déclarations sont révélatrices.

L’anticléricalisme ou le laïcisme est évidemment une sorte de foi, de contre-Église, comme un nouveau baptême ineffaçable, un credo irréductible. Quels sont les articles de ce credo ? Avec quels