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JUIFS ET CHRÉTIENS

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Monceaux, Histoire littéraire de l’Afrique chrétienne, Paris, i(joa-ii)oO, t. I, (>. 2y3-301, t. II, p. i ! 77-28.1, t. iii, p. /, G8-46g, /.jo-/, , , , /.^S-I^fi ; l^. lîérard. Saint Augustin et les Juifs, IJesançon, 1913 ; V. ïioUicr, Saint Grégoire le Grand et les Juifs, Briguais, 1918 ; T. Ucinach, Agohard et les Juifs, dans la Revue des éludes juives, 1905, t. L, Actes et conférences de la société des études juives, p. Lxxxi-cxi ; I. Lcvi, Controverse entre un juif et un chrétien au xi* siècle, dans la Revue des études juives, 1882, t. V, p. î38-249 ; B. Monod, /.e moine Guibert et son temps, Paris, igo5, p. 197216 ; V. Slrowski, Pascal et son temps, 2= édit., Paris, 1908, t. 111, p. 222-208 ; M.-J. Lagrangc, Pascal et les prupltéiies messianiques, dans la Revue biblique, igoG, t. III, p. 533-500.

Conversions : L. GlierardinI, Catalogo dei neofili illuslri usciti per misericordia di Dio dall’ebreismo e poi rendutisi gloriosi nel cristianesimo per esemplanta di costumie pmfundità di dottrina, Florence, 1658 ; Ileman, arlicle Mission unter den Jaden, dans la Healencyklopddie, 3" édit., Leipzig, njoS, l. XIIl, p. 171-192 ; J.-K.-A. de Le Roi, Die evangelische Christenheit und die Juden unter dem Gesichispunkt der Mission, Karlsruhe, 188/(1892, 3 vol. ; P. Bernard, La crise religieuse d’Israël, Le mouvement de conversion, dans les Etudes, Paris, 1907, t. GXU. p. 228-2/12.

CONCLUSION

84. La conduite des Juifs envers les chrétiens.

— B. L.vzAUE remarque. L’antisémitisme, p. 1-21, ipie partout où les Juifs s’établirent se développa l’antijudaisiue. « Il faut, puisque les ennemis des Juifs appartenaient aux races les plus diverses, qu’ils vivaient dans des contrées fort éloignées les unes des autres, qu’ils étaient régis par des lois dilVérentes, gouvernés par des principes opposés, qu’ils n’avaient ni les niênies mœurs ni les mêmes coutumes, qu’ils étaient animés d’esprits dissemblables ne leur permettant pas de juger également de toutes choses, il faut donc que les causes générales de l’antisémitisme aient toujours résidé en Israël même etnon chez ceux qui le combattirent », et que, si les persécuteurs des Israélites n’eurent pas toujours le droit de leur côté, les Juifs aient causé, en partie du moins, leurs maux. « Devant l’unanimité des manifestations antisémites, il est dillieile d’admettre, comnieon a été trop porté <’i le faire, qu’elles furent siuq)lement dues à une guerre de religion. »

Pourquoi le Juif fut-il « universellement haï >> ? Parce que partout, et jusqu’à nos jours, le Juif fut

« un être insociable », se targuant de son excellence, 

méprisant ce qui n’est pas juif et formant un Etat dans l’Ktat. S’il s’en était tenu au mosaïsme pur, la fusion avec les autres peuples aurait fini par se produire. Mais une chose empêcha toute fusion : ce fut l’élaboration du Talmud, la domination et l’autorité des docteurs talmudisles. Le juif qui se réclamait du Tahnud s’isolait du reste des hommes. Ce n’était pas seulement l’insociabilité ; c’était l’exclusivisme. II entrait en contact avec le reste des hommes pour des raisons patriotiques, religieuses, économiques, pour s’en servir, pour commercer avec eux, par prosélytisme, mais en se réservant, en refusant de se soumettre à leurs coutumes, en estimant mauvaises leurs idées, leur influence, leur manière de vivre, en l)rocl ! xmant qu’il fallait attendre, exempt de tout mélange avec ces « impurs >, le rétablissement de l’empire des Juifs.

Cet isolement haineux, les Juifs le pratiquèrent en face des chrétiens. C’est pour n’avoir pas voulu

Tome H.

s’isoler de la sorte, c’est pour avoir rompu le « mur de séparation » entre païens et chrétiens et, par là, pour remplir ses destinées universelles que l’Eglise s’était séparée de la Synagogue. C’est spécialement des chrétiens que le Talmud isola les Juifs.

Que les Juifs aient souffert de la destruction de Jérusalem, c’est naturel, et aussi qu’ils aient fait des efTorts pour recouvrer l’indépendance nationale. Qu’ils aient vu d’un mauvais (vil l’Egli.se se détacher (le la Synagogue, et non seulement des païens mais aussi des Juifs passer au christianisme, on se l’explique encore. Qu’Usaient tenté d’y mettre obstacle, qu’ils aient redoublé de prosélytisme, témoigné du ressentiment aux transfuges, jalousé le christianisme en progrès, il n’y a pas à en être surpris ; c’est humain, il fallait s’y attendre.

Mais, dans leur mécontentement, ils ont dépassé toute mesure. Non seulement ils ont persécuté eux-mêmes autant que [jossible ; mais ils se sont encore associés au paganisme persécuteur par tous les moyens que la haine suggère, désignant les fidèles à la vindicte des lois, applaudissant aux supplices, suscitant les persécutions par les calonmies qu’ils répandirent. Constantin, d’un mot, dégagera l’impression produite par tous ces souvenirs : inimicissima Judæorum turba, ils sont la race très hostile aux chrétiens.

Si, après le triomphe du christianisme, les Juifs étaient demeurés paisibles, s’ils avaient renoncé à leurs habitudes d’agression, s’ils n’avaient pas donné aux chrétiens méfiants, aux chrétiens disposes à leur faire expier leurs torts si graves et à ne pas supporter la récidive, de nouveaux motifs de plainte, insensiblement la situation se serait détendue. Mais les Juifs ne se résignèrent pas au devoir de calme et et d’effacement que leur dictaient les circonstances. La victoire du christianisme leur parut intolérable. Et ils continuèrent, par leurs paroles, parleurs actes, à s’aflirmer les ennemis des chrétiens et du christianisme. C’est ce que nous avons vu dans les détails. Le mot de Constantin est resté vrai : ils ont été, le long des siècles, la nation très ennemie.

88. f-a conduite des chrétiens envers les Juifs. — A. f.’Elat. — a) Les chefs d’Etat. — Ils prirent, au lendemain du triomphe de l’Eglise (313), des dispositions législatives visant à empêcher les Juifs de troubler la foi ou la tranquillité des fidèles. L’ensemble de ces mesures fut adopté par l’Eglise. Les législateurs n’édiclèrent pas des peines contre des crimes chimériques ; ceux dont il est parlé sont prévus parce qu’ils ont existé et que leur retour est à craindre.

Autant que pour la foi des particuliers, les Juifs furent, en maintes circonstances, un danger pour la nation qui les avait accueillis. On comprend ic les chefs d’Ktat aient été indisposés par leur hostilité éclatante ou sourde, que les trahisons des Juifs, réelles — il y en eut — ou présumées réelles, aient attiré sur eux une répression énergique. Leurs excès usuraires de tout genre motivèrent, avec leurs traîtrises, les rigueurs dont ils furent l’objet. Dans tout cela, ni les.luifsne furent toujours innocents ni les chefs d’Etat ne furent toujours irréprochables. L’Eglise n’a pas à répondre des torts de ces derniers, n’ayant pas approuvé leurs abus. Il s’en faut que, dans leurs relations avec les Juifs, l’Etat et l’Eglise aient agi constamment de concert, que les princes aient été constamment guidés par des motifs de religion. Le roi qui traita le plus durement les Juifs fut Pnii-ireB lu Bel, le moins religieux de tous. Les lois entravèrent la conversion des Juifs par la saisie des biens de ceux qui recevaient le baptême, sous prétexte que le juif devenu chrétien cessait d’être soumis

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