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Le pape Urbain VILL ayant entendu parler de l’ouvrage projeté par Galilée, s’en était lui-même enquis auprès de son secrélaire particulier, Mgr Ciampoli ; ce dernier le rassura en lui affirmant que tout se faisait réguliérementf,

Sur ces entrefaites Galilée repartit pour Florence ; il y était à peine revenu qu’il faisait dejà des instances à Rome pour obtenir de faire imprimer son livre sur place. Riccardi refusa, rappelant les conditions acceptées par l’auteur. Sur de nouvelles instances, appuyées par le Grand-due de Toscane, le Maitre du Sacrt-Palais finit par renvoyer l’affaire à l’Inquisiteur de Florence, lui donnant une direction pour la correction de l’ouvrage, et lui spérissant qu’il le laissait juge de l’opporennisé de l’impression, mais que lui dégageait sa responsabilité2,

En 1632 paraissait enfin l’ouvrage, intitulé Dialogo delli due massimi sistemt del Mond03 ; il portait, outre l’autorisation de linquisiteur ce du Vicaire général de Florence, l’imprimatur de Mgr Riccardi, lequel n’avait été accorde qu’à des conditions qui ne se trouvaient pas remplies, En tête et à la fin du volume se lisaient bien une préface et une conclusion dans le genre de celles qui avaient été imposées, mais tournées de telle sorte qu’elles frisaient la imoquerie. De plus, ilétait manifeste pour tout lecteur que Galilée défendait formellement et positivement les opinions prohibées et que, tout en affectant de les donner coume des hypothèses, il s’en servait pour malmener les adversaires de Ptolémée et d’Aristote de façon fort vive..

Tout ceci conslituail un manque de probité et de franchise qu’on ne pouvait laisser passer, Le pape. mécontent d’avoir été trompé, donna des ordres très nets ; Mgr Riccardi signifia à l’imprimeur de Florence de suspendre la vente du Zralogoÿ et l’ouvrage fut immédiatement soumis à l’examen d’une commission de théologiens. L’opinion des commissaires fut que Galilée, en dépit des locutions plus ou moins flottantes cmployées par lui pour atténuer ses aflirmations, transgressait les ordres qui lui avaient été donnés en 1616. En conséquence, Galilée reçut une citation juridique d’avoir à comparaitre, au mois d’octobre, devant la Congrégation de l’inquisition. Le prévenu se déclara prêt à obéir, mais tenta, par tous les moyens possibles, d’éluder cet ordre et d’obtenir que l’affaire se traität à Florence. Le pape fut inchranlable : Galilée pouvait prendre son temps et voyager conne il l’entendrait, mais il fallait qu’il se présentat devant le S1.-Office. Comme il retardait toujours son départ, une seconde citation lui fut remise. le 14 novembre, lui fixant le terme d’un mois. Galilée fit de nouvelles instances, invoquant sun élat de santé. A la fin de décembre, Urbain VIH fit écrire à l’Inquisiteur de Florence qu’il allait envoyer un commissaire ce un médecin pour constater l’état réel du malade : si sa santé l’exigeait. il y aurail sursis : mais si son état le permettait, on l’aménerait prisonnier et chargé de fers, comme c’était l’usage en parcil cas, la contrainte par corps étant de règle contre tout accusé qui refusait de se présenter librement. Galilée comprit que la volonté du Pape était inchranlable, et se mit en route. Il fit le voyage dans une litière du Grand-duc, et arriva à Rome, assez bien portant, le 16 février 1633. Il descendit chez Niceolini, l’ambassadeur de Toscane, et y trouva non seulement le logement et la table, mais tous les agréments de la vie, au sein d’une famille

1. Op. Gal., t. XIV, p. 430.

2. Gal.e l’Ing., p. 67.

3. Op. Gal., 1. NIT, p. 20-489.

4. Op. Gal., t. XIV, p. 368, 373.

ne Op. Gal., t. XIV, P— 406,

GALILÉE

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riche et dévouée. C’était une exception faite en sa faveur, car il eùt dû, comme tous les autres accusés, même ceux du rang des princes ou des prélats, être interné dans l’une des cellules du St.-Office. Cette faveur dura presque tout le terups du procès ; cependant, lorsque les interrogastices furent commencés, Galilée dut, pour éviter les interruptions de la procédure, habiter les bâtiments mêmes de l’Inquisition ; mais alors encore, on lui assigna pour demeure, au lieu d’une prison, l’appartement du procureur fiscal, composé de trois belles pièces. IL ÿ demeurait avec son domestique, et Niccolini lui fournissait tout ce qui pouvait lui être agréable pour sa subsistance. Il passa en tout vingt-deux jours dans cet appartement, et sa santé n’en souffrit point, Comme il l’atteste lui-meème.

Beaucoup d’amis de Galilée l’entretenaient dans l’idée qu’il ne pouvait être condamné !, mais Galilée en doutait. Niccolini lui conseillait de ne pas entrer en discussion avec les Inquisiteurs, mais de déférer à ce qu’ils demanderaient et de rétracter ce qu’ils désireraient. À la note pratique : « autrement vous vous créerez de grandes difficultés », il ajoutait même la note doctrinale : « ce tribunal suprême ne peut errer = ».

Le premier interrogatoire eut lieu le 12 avril. Suivant les procédés ordinaires du Sl.-Office, il porta sur deux points : 1° Le prévenu avait-il, dans le Zralogo, enseigné l’opinion condamnée en 1616, enfreint la défense de l’Index et violé la promesse formelle faite par lui à cette époque ? — C’était la question du factum hæreticale. — 2° Le prévenu avait-il, intérieurement, adhéré à l’opinion condamnée et l’avaitil tenue pour vraie ? — C’était la question de l’ententio hæreticalis.

À la première question Galilée répondit de la façon suivante : On m’aceuse d’avoir enfreint la défense formelle qui rue fut faite, en 1616, par le cardinal Bellarmin, au nom du pape ce du St.-Office, d’enseigner la doctrine de Copernic en quelque manière que ce soit, quovis modo. Ces mots se trouvent, il est vrai, dans le texteotliciel du décret du 26 février 1616. mais jen’enavais aucune souvenance. Ils ne se trouvent pas dans la déclaration autographe qui m’a été remise par Bellarmin, le 26 imai de la même année ; celle-ci porte simplement : non si poussa disendere ne tenere, J’ai supposé que ces mots, écrits par l’un des Iuquisiteurs, traduisaient exactement la pensée du St.-Office, etje les ai interprétés, quant à leur sens, d’après une lettre écrite par le même Bellarmin au P. Fosearini, le 32 avril 1015, dans laquelle il dit : « Galilée agira prudemment en se contentant de parler ex suppositione, comme l’a fait Copernic. » C’est bien ainsique j’ai prétendu traiter du mouvement de la terre ; peul-être n’ai-je pas été clair dans la a manière de le faire et ai-je affaibli la valcur des arguments de Ptolémée. En ce cas, je promets de revoir mon ouvrage et de réfuter les preuves de l’opinion condamnée, plus catégoriquement que je ne l’ai faits.

Galilée attirmait donc qu’il n’avait enseigné le systéme de Copernic que comrue une théorie hypothetique. Tel ne fut pas l’avis des théologiens consulteurs ; sous trois furent unanimes à déclarer que le mouvement dela terre était aflirmé catégoriquemeut et positivement dans le l’Drialogo #. Les Inquisiteurs se rangerent à cette conclusion ; dès lors la question du factum hæreticale était tranchée et l’on passa à la question de l’intentio.

1. Op. Gal., t. NIV. p.415.

2. Op. Gal. t. XIV, p 415. 3. Gal.e l’Ing., p. 76-87.

1. Gal. c’l’Ing., p. 88-100.