Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/85

Cette page n’a pas encore été corrigée

157

doute que quelque chose se préparait et il se rendit à Rome, au mois de décembre 1615, pour essayer de parer les coups. Il était, du reste, résolu à accepter toute décision qui émanerait de l’autorité ecclésiastique !. Cela ne l’empéchait pas de faire uneactive propayande en faveur de ses opinions exégetiques, Ses amis trouvaient qu’il manquait de calme., et, très sagement, le priaient de s’en tenir aux arguments smentifiques. Pour les salisfaire, Galilée compose, au mois de janvier 1616, un petit traité sur la question des marées3,

3° Procès de 1616. — Au moment même où l’attention du St.-Office était attirée sur Le système deCopernie, paraissaient coup surcoup deux ouvrages qui tentaient d’accorder ce système avec la Bible : l’un était du Carme Paul Antoine Foscarini, l’autre de Augustin Jacques de Zunica. La Congrégation était done amenée à juger la question au fond, car de tous côtés s’élevaient des réclamations. L’affaire personnelle de Galilée passa au second plan.

Le 19 février 1616, les deux propositions suivantes furent soumises à l’examen des théologiens consulteurs de l’Inquisition : 1° Le solcil est le centre du monde et il est immobile. — 2° La terre n’est pas le centre du monde et elle à un mouvement de tranétation et de rotation. Le 24, les théologiens se réunirent pour qualifier ces propositions qui résumaient le système incriminé ; ils le firent dans les termes suivants : 1° La première proposition est philosophiquement fausse et absurde ; elle est de plus formellement hérétique, parce qu’elle contredit expressément plusieurs textes de la Ste.-Ecriture, suivant leur sens propre et suivant l’interprétation connnune des Pères et des docteurs. — 2° La deuxième proposition mérite la même censure au point de vue philosophique ; au point de vue théologique, elle est à tout le moins erronée.. Onze théologiens signèrent ces déclarations,

Le 25, le pape Paul V donnait au cardinal Bellarmin les instructions suivantes : faire venir Galilce et l’avertir d’avoir à abandonner ses idées ; s’il refusait, lui signifier, devant témoins et notaire, de s’abstenir d’enseigner, défendre ou parler de la doctrine en question, sous peine d’emprisonnement. Le 26, Bellarmin remplit les ordres du Souverain Pontife : Galilée promit d’obéir 6,

Le 3 mars, Bellarmin rendit compte de sa mission au pape, qui présidait ce jour-là une séance de l’Inquisition. Deux jours plus tard, sur l’ordre de Paul V, paraissait un décret de la Congrégation de l’Index ::le livre de Foscarini était condamné ; les ouvrages de Copernic et de Zuniea prohibés jusqu’à corrcclion ; d’une manière générale étaient interdits tous les livres enseignant la doctrine de l’immobilité du soleil. Nulle mention spéciale n’était faite de Galiste et de ses écrits.

La procédure du St.-Office étail restée secrète ; quelques ennemis de Galilée en profitèrent qreur répandre le bruit que la congrégation l’avail condamné à une pénitence et à une abjuration, eomme étant soupçonné de sentiments peu orthodoxes. Pour réfuter cette allégation, l’intéressé obtint du cardinal pou une attestation écrite rétablissant les aits,

1. Op. Gal., t. XII. p.28.

2. Op. Gal., t. XI, p. 241.

3. Op. Gal., t. V, p.371.

h. Cf. E. Vacandard, Etudes de critique et d’histoire relisieuse. Paris, 1905. — A. Muller, S. J., Der Gulilei- Process. Fribourg, 1909.

5. Galil.e l’Ing., p. 61.

6. Galil.e l’Ing., p— 62.

7. Galil.e l’Ing., p. 62.


CALILÉE 158

Le 9 mars, Paul V lui-même accordaune audience au savant Florentin ; il lui déelara de façon fort birnveillante qu’il connaissait la droiture de ses intenlions, et le rassura sur les ditlicultés qu’if craigniut pour l’avenir de la part de ses adversaires ! Peu de temps aprés, Galilée quitta Rome et alla reprendre à Florence le cours de ses travaux.

4° Procès de 1833. — Les choses en seraient restées là, sans doute, si, moins de trois ans plus tard, un Jésuite n’eût, bien malgré lui, lait renaitre la discussion.

En 1619, le P. Horace Grassi publie un ouvrage De tribus cometis anni IÜIS, dans lequel il soutient que les eomètes sont de véritables planètes qui reçoivent, comme les autres, leur lumière du soleil et dont les révolutions peuvent être prévues de manière certaine. Mario Guiducci, élève de Galilée, attaque ce sentiment dans un Discorso delle comete del IGÜIS. Le P. Grassi, soupçonnant à bon droit Galilée d’avoir aidé son élève, lui répond directement par un ouvrage intitulé Zibra Astronomica, qu’il signe du nom de Sarsi., Galilée répond à son tourpar /1 Saggiatore. C’était une défense en règle du système de Copernie, mais fort habilement conduite. L’imprimatur fut accordé et le pape Urbain

VIIT, successeur de Paul V, aceepta la dédicace de l’ouvrage. Piqué au jeu, le P. Grassi répliqua par (atio ponderum libraëe et simbellac. Guisineci continua seul la polémique, à laquelle Galilée ne prit plus aucune part,

Le Saggiatore availparu en 1623 ; ravi de l’accueil fait à son œuvre, l’auteur, dès l’année suivante, s’était rendu à Rome, estimant l’occasion excellente de pousser ses idées, étant donné surtout qu’il était personnellement connu d’Urbain VIH et comptait de nombreux amis parmi les prélats de la cour pontificale ?. De fait, il ÿ trouva un aceueil plus bicnveillant encore que lors de son précédent voyage, mais il essaya vainement de gagner complétement le pape à ses arguments, comme il s’en était flatté peut-être. Malgré tout, se sentant appuyé, il ne se cachait pas pour faire de la propagande ; c’est ainsi qu’a la fin de l’année 1624, il publiait sous forme de lettre à Mgr Ingoli une apologie du système copernicien3 à propos de laquelle on évita de l’inquicter.

Six ans se passent, pendant lesquels Galilée travaille à un ouvrage de fond sur la question du mouvement de la terre. Au mois de mai 1630, il est de nouveau à Rome, cherchant à obtenir l’unprimatur. Mgr KRiccardi, Maitre du Særé-Palais, chargé par office de surveiller Lx publication de tous les livres qui paraissaient à Rome, examina le manuscrit et constata, au premier coup d’œil, que Galilée ne tenait aucun compte des décisions de 1616. Il exigea en conséquence qu’une préface et une conclusion indiquassent nettement que le système de Copernic n’était exposé que comme une hypothèse, comme un système scientifique, el que les arguments apportés contre le système de Ptolémée n’étaient que des arguments ad hominem et non des preuves décisives de sa fausseté. La revision de delail fut confiée au Dominicain Raphæl Visconti qui indiqua plusieurs corrections. Non sans répugnances, Galilée accepta de les faire’. Mur Riccardi accorda alors son imprimatur pour la ville de Rome, sous les conditions désignées ; il se rèserva méme le droit de revoir les épreuves en feuilles, afin de contrôler les corrections.


Op. Gal., t. XIT, p. 217.

Op. Gal., t. XI p. 155. Op. Gal., t. VI, p. 501.

Op. Gal., t. XIV, p. 258. Cal, e l’Ing., p. 65.

ET 00 19 me