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JUIFS ET CHRETIENS

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de ses lettres, P. L., t. CXXI, col. 483, /igi-^ga. 512513. Vkcki.inu9, chapelain du duc Conrad, éjjalenienl gagné au judaiânie (ioo5), publia une lettre pourjustilier sa désertion. Cf. Albkht, moine de Saint-Syniphorien de Metz, De diversitute leniporuni, II, xxiv, P. L., t. CXL, coi. 485. Parmi les Juifs d’origine, la polémique écrite est presque toute dans les commentaires de la Bible. Saaiha i>i : n Joseph, gaùn de Sora, combattit, dans son Traite des croyances et opiniuiis (g3â)i en même temps que le scepticisme juif, les arguments invoqués contre le judaïsme par les clirétiens et les musulmans. Le A’ozri, publié en arabe par le poète juif espagnol Jdda Haliîvi (-{ ii^ô), et bientôt après en hébreu par Juda ben ïibuon, puis, en latin, par J. Buxtorf le lils, Bàle, 1660, est donné comme une discussion qui eut lieu devant le roi des Khazares, Boulan, probablement au vm’siècle ; Isaac Sangari aurait si bien plaidé la cause juive contre un ecclésiastique byzantin et un docteur musulman que Boulan et, par lui, les Khazares auraient adopté le judaïsme. En réalité, le Kozri a. été forgé de toutes pièces par Halévi, et l’existence de ce royaume juif des Khazares est douteuse.

La production la plus signilicative de la polémique anlichrétienne fut le petit livre intitulé Tuledot Jcsii ou Vie de Jésus, publié pour la première fois par J.-C. Wagejîseil, dans ses Tela ignea Stitanae, Altdorf, 1681. Il n’a pas été composé au i" siècle, ni au iv’, ni même peut-être antérieurement au ix°. 1. Lobb, Revue de l’histoire des religions, Paris, 1888, t. xvii, p. 3 17, dit qu’  « Agobard le connaissait certainement ». Ce n’est pas siir. Agobard, De judaicis superstitionibus, ix-x, et, après lui, Amolon, Contra Judæos, X, XXXIX, XL, exposent diverses abominations qui se lisent dans le Toledot Jesu, mais non pas telles quelles, et ils se réfèrent à des discours, non à un écrit : Agobard aflirme, ix, qu’il avance ce qu’il sait très bien, qui quotidie pêne cum eis loquentes mysteria erroris ipsorum audimus. Le Toledot Jesu semble avoir été un recueil de récits, traditionnels. I. Loeb, loc. cit., note 2, indique au moins quatre rédactions, avec des variantes ; l’une est une traduction française du conmiencement du xV siècle. La rédaction en hébreu, qui est la plus ancienne, est peut-être du xie siècle.

18. De IIÛO à 1500. — La période glorieuse de la littérature juive va de Hasdaï ibn Schaproiit (giô-g-o), trésorier et médecin du calife AbderRahman III, de Cordoue, en passant par Salomo.n ibn GABinoi., r.vicEBRON des scolastiques (1020-1071), et par le poète Juda Halkvi (i 086-11 46), à Moïse ben ÂIaïmon ou Maïmonidb (1135-iio4) ; en France, brille le grand nom de R. Salomon Isaki, plus connu sous l’abréviation de Raschi (io^o-i io5), qui fonde l’école de Troyes. Les Juifs influèrent sur la scolastique par leurs traductions et par les écrits d’Avicebron et de Maïmonide. cf. L.-G. LÉvv, Muimonide. Paris, 191 1, p. a61-26y, et sur les travaux scripturaires des chrétiens, par exemple sur la copie de la Vulgate que fit faire, en 1109, l’abbé Etienne de Citeaux, cf. D. Kaufman.v, fievue des études juives, Paris, 1889, t. XVIII, p. 131-133. Quelle que soit scm exagération, cette formule de Rknan, Iltstoire littéraire de la France, Varis, 1877. t. XXVll. p. 434 : <’Raschi et les tosaphistes firent Nicolas de Lire ; Nicolas de Lire fil Luther », contient une part de vérité. De façon plus directe, les Juifs utilisèrent, pour la polémique anlichrétienne, leurs commentaires de la Bible. A. Neuh.ukr a publié un gros volume de |)olémiques juives sur le chap. lui d’Isaïe, Tlie /iflr tliird cluipter of Isaiuli, Oxford, 1876, et Fhaidl un autre sur les semaines de Daniel, Die Exégèse der siehzig U’nchen Daniels in der alten und mittleren Zeit, Graz, 1883.

Un des commentateurs les plus hostiles au christianisme futlsAAG BK.N Juda Abhav, vnki.(-{- 1008), surtout dans ses commentaires sur Daniel. Parmi les rabbins français du nord, Josei-h Kaua et Samuel bkn Mkih, dans la première moitié du xii’siècle, et Joskpii Beciior Scuor, à la fin du xii » siècle et au commencement du xiu°, relèvent les arguments des polémistes chrétiens.

En dehors des exégètes, Juda Halévi (-j- 11 46), outre le Kusri susmentionné, écrit les Sionides, le chef-d’œuvre de la poésie néo-hél>raïque, où il émet ses idées sur la valeur comparative des religions juive, chrétienne et musulmane. Maïmo.vidb s’exprime aussi, plus ou moins ouvertement, sur le christianisme, en particulier dans les chapitres du Guide des égarés et dans ceux du Mischné Thora qu’il consacre à la prophétie, et dans son Epiire au Yémen sur la religion d’Israël et sur le messianisme.

Les premiers traités de polémique écrits par des Juifs le furent dans le midi de la France, vers le milieu du xii= siècle ; ce sont le Livre de l’alliance, en forme de dialogue, de Joseph ben Isaac Kimhi, venu d’Espagne et demeurant à Narbonne (authenticité discutée) ; la Guerre du Seigneur, également dialoguée, de Jacob ben Ruben, composée en 1170. Viennent ensuite, toujours dans le midi de la France, au xiii « siècle, la Guerre sainte, de Méir ben Simon ; l’Enseignement des disciples ou Aiguillon pour les élèves, de R. Jacob lils d’AuBA Mari fils de Simson fils d’ANATOLio, désigné dans les manuscrits sous le nom de Jacob Antoli ou Anatolio ; le Confirmateur de la foi de Mardociikb ben Jehosafa (ou ben Joseph, si c’est un seul et même personnage) ; au xiv siècle, l’écrit de Moïse de Narbonne contre Alphonse de Valladolid, et, au xv*, d’IsAAc Nathan iien Kalon ymos, de Provence, la Béfutation du trompeur (Jérôme de Sainte-Foi) et une Concordance de la Hible, indiquant le sens des mots et des versets et visant à permettre à chaque juif de répondre aux objections des chrétiens. Dans le nord de la France, R. Yehikl, de Paris, publia une rédaction de sa controverse avec le juif converti Nicolas Donin (imprimée en partie par Wagrnseil, Tela ignea Satanae, et, en entier, sous le titre de Vihhnah liahhenu Yeliiel mi-Paris on Controverse de Rablii Yehiel de Paris. Thorn. 1873) ; vers la fin du xiii’siècle, Joseph l’Ofiicial ou le Zklatbur rédigea les Vi’ej^on.fes aux infidèles, recueil de controverses soutenues par des rabbins français contre des catholiques. Cet ouvrage a dû servir de modèle et de source au.Xizzaction (controverse ou victoire) vêtus, publié par Wagenseil. Le Aizzachon de LipMAN de Muhlliausen, rédigé après 1899. en Allemagne, et édité à Nuremberg, en 1644, en est une forme modifiée et élargie. La polémicpie anlichrétienne fleurit surtout en Espagne. H. Moïse den Nahman ou Naumanide, de Girone, soutint une discussion orale avec le juif converti Paul Ciiristiani (1263) et en publia un compte rendu (édité en latin par Wagenseil) où naturellement il s’attribuait la victoire. Salomon bkn.dret, de Barcelone (-j- 1310) vise peut-être, dans certaines parties de sa polémique, Paul Chrisliani. Moïse Cohen, de Tordesillas, rabbin d’Avila. dans cSoutien de la /’oi (1374), et Skmtob ben Isaac Saprut, de Tudèle, dans sa Pierre de touche, s’inspirent de Jacob ben Ruben. Contre Alphonse de Valladolid, juif converti, Isaac PuLGAR écrit, vers 1336, la lettre des blasphèmes. Hasdaï Crescas défend le judaïsme dans la Ruine des principes chrétiens, vers iSgG ; l’original espagnol a disparu, mais on a la tradnclion hébraïque de Joseph ibn ScHHMTOB.DumêmeSchcmtob (]- 1460) les Objections contre la religion de Jésus sont d’un