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JUIFS ET CHRETIENS

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lie mettre en doute sa nationalité, en le disant ûls d’un soldat (donc) romain », Revue biblique, 2’série, igio, t. VII, p. Gi : 5, n. 3.

BiBUOGRAPHiB. — Le judéo-christianisme : J. Thomas. L’Eglise et les judaïsanis à l’âge apostolique, dans Mélanges d histoire et de littérature religieuse. Paris, 1899, p. 1-195 ; G. Kurth, L’Eglise et les Juifs, dans L’Église aux tournants de l’histoire, 2’édit., Paris, 1900, p. 14-34 j G. Hoennicke, Bas Jadenchrislani im ersten und Ziveiten Jahrhundert, Berlin, 1908 (copieuse bibliographie) ; A. de Boysson, La Loi et la foi. Etude sur saint Paul et les judaïsants, Paris, 1912 ; E. Monier, Les débuts de l’apologétique chrétienne. L’apologétique des apôtres arant saint Jean, Briguais, 191 2, p. 83-151.

Les actes et la polémique : G. Rosel, Juden und Christenverfolgungen bis zu den ersten Jahrhunderten des Slittelalters, Miinster, 1898 ; E. Le Blant, La controverse des chrétiens et des Juifs aux premiers siècles de l’Eglise, dans les Mémoires de la société nationale des antiquaires de France, 6’série, Paris. 1898, t. VII, p. 229-250 ; H. Leclercq, Les martyrs, Paris, igoS, t. IV, p. xx-cvi ; M.-J. Lagrange, La messianisme chez les Juifs, Paris, 190g.

II. — Les actes

§ I. Les Juifs et l’Etat. § II. Les Juifs et l’Eglise. § I. Les Juifs bt l’Et.vt

U. De 313 à liOO. — Après le triomphe de l’Eglise, la situation des Juifs vis-à-vis des chrétiens était changée. Il était évident que leurs méfaits seraient punis, et ils le furent. La répression, à son tour, excita des pensées de revanche et conduisit plus d’une fois les Juifs à des excès nouveaux. Des relations engagées de la sorte ne pouvaient que dilTicilement s’améliorer.

Ce qui gâte les affaires, c’est le rôle anlinational que jouent les Juifs et celui qu’on leur prête. Dans l’Etat qui les accueille, ils passent pour former un Etat distinct et souvent ennemi.

En Palestine, ils supportent mal les Romains qui sont venus s’installer chez eux. C’est naturel ; il l’est tout autant que leurs révoltes indisposent les empereurs. Ilérælius, tout particulièrement, conçoit de l’irritation quand les Perses s’emparent, avec leur aide, de Jérusalem et de la Judée (61’1). En Espagne, ils trament une conjuration de concert avec les Juifs d’.frique, pour ouvrir aux.Vralies la péninsule (69^) ; quelques années plus tard, ils s’allient aux Arabes qui envahissent et conquièrent l’Espagne (7 1 1), et, en 85a, ils livrent Barcelone. En Fiance, ils accusent saint Césaire de vouloir remettre aux Francs et aux Burgondes Arles possédée alors par les Visigoths, et c’est un juif qui, de la part de ses coreligionnaires, offre aux assiégeants de les introduire dans la place (So^). A Toulouse dura jusqu’au xn’siècle l’usage de la colaphisalion : le vendredi saint, le sjndic de la communauté juive recevait un soufflet, sous les yeux dvi comte, en punition d’une trahison commise par les Juifs au proiit des musulmans. Les détails que fournit là-dessus la T7e tardive de saint Théodard, Acta sanctorum, 3’édit., Paris, 1866. maii, t. 1, p. 1^5-149, sont légendaires ; l’origine de la colaphisalion paraît certaine. Le même tisage existait à Béziers, sans doute pour le même motif. En 8/|5, la ville de Bordeaux fut livrée par les Juifs aux Normands. Eu 1009, quand on sut que les musulmans venaient de renverser, à Jérusalem, l’église du Saint-Sépulcre, la clameur populaire

imputa cette destruction aux Juifs, coupables d’avoir excité le calife Hakem contre les chrétiens : le pape Seroius IV, dans l’encyclique adressée à toute la chrétienté après cette catastrophe (authenticité douteuse), attribue cet acte impiis paganorum manibus, sans aucune allusion aux Juifs. Cf. J. Lair, dans la Bibliothèque de l’école des chartes, 4° série, Paris, 1857, t. III, p. 250.

12. De liOO à 1500. — L’accusation de pactiser sournoisement avec les Sarrasins reparait au cours des croisades. A la lin du xiii’siècle, c’est avec les Mongols qu’ils se seraient entendus contre les chrétiens de la Hongrie. Ils passent, avec les lépreux, pour avoir empoisonné les fontaines pendant les grandes pestes du commencement du xiv siècle, et ourdi, en Espagne, un complot au bénéfice du roi de Grenade et du sultan de Tunis. On a une lettre qu’ils auraient écrite au.1 prince des Sarrasins maître de l’Orient et de la Palestine », et celles qu’ils auraient reçues de Tunis et de Grenade. On possède aussi une lettre des « plus grands rabbins et satrapes de la loi juive « traçant, en n^Sg. de Constantinople, un programme de mainmise par tous les moyens sur la fortune, la vie et les consciences des lidéles ; elle a été publiée par J. db Medrano, La Siha euriosa, Paris, 1583, et par J. Bouis, La rovalle couronne des roys d’Arles, Avignon, 1641. L’authenticité de ces pièces a été jugée plus que suspecte. L’exemplaire adressé aux Juifs d’Arles est apocryphe ; celui qui s’adresse aux Juifs d’Espagne semble une fabrication espagnole du xvi’siècle, dont le but aurait été d’aggraver les mesures de rigueur prises contre les marranes après l’expulsion de 14g2, à moins que ce ne soit tout simplement un « pastiche agréablement tourné ». Cf. A. Moukl-Fatio, Les lettres des Juifs d’Arles et de Constantinople. dans la Revue des études juives. 1880, t. I, p. 301-304- Ce qui est, au contraire, établi, c’est que, dans cette Espagne où l’unité nationale se forma lentement, à travers tant d’obstacles, par une lutte sans lin contre l’islamisme, les Juifs lirent trop souvent cause commune avec l’ennemi. Ailleurs et, plus ou moins, partout où ils furent en nombre, les Juifs exercèrent une usure oppressive. Il sulht, pour le moment, de mentionner ce motif de plaintes.

13. De 1500 à nos jours. — L’usure a continué de rendre les Juifs impopulaires. T.à et là a été renouvelée l’accusation d’avoir trahi des chrétiens au proût des Turcs. En Espagne, les Juifs ont été un principe de décomposition nationale ; H. Grabtz le reconnaît quand il parle, frad., t. V, p. 22g, de ces pseudo-convertis ou marranes qui, sous le masque chrétien, ont entretenu dans leur cœur, avec un soin jaloux, la llamme sacrée de la religion paternelle et ont sapé les fondements de la puissante monarchie catholique ». L’antisémitisme de ces dernières années a dénoncé les Juifs comme un danger national pour les Etats où ils se sont implantés.

§ II. Lbs Jcips et l’Eglise

Les Juifs apparaissent, le long des âges, ce qu’ils ont été dès le commencement : les ennemis infatigables des disciples du Christ.

14. De 313 à 1100. — Les Juifs attentent à la vie des chrétiens et concourent aux persécutions dès qu’elles renaissent. « Les païens et les juifs ont lutté jadis les uns contre les autres, dira saint B.siLr : , Contra Sahell., Ilom., xxiv, i ; maintenant les uns et les autres luttent contre le christianisme. 1. En Palestine, le comte Joseph manque périr des brutalités des Juifs qui l’ont surpris à lire l’Evangile. Ils collaborent joyeusement avec Julien l’apostat. Julien.