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JUIFS ET CHRETIENS

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GiiAETz.T. RKiNACH.el la Ccscttscluift zur Fùrderuiig der U’issenscliaft des Judenlinns (elle publie, à Leipzijr, une eoUeclion de « Pricis n embrassant la science universelle du judaïsme), en y ajoutant la i>éri()de des origines chrcliennes, à peu près oubliée des historiens juifs et qui, loin de dis[)araître, doit se détacher en plein relief, jiarcc qu’elle est d’importance caiiilale et que toute la suite <les relalious entre Juifs et chrétiens en subit le contre-coup, on a la division suivante ;

Des origines au triomphe de l’Eglise (313). — La scission se ]iroduit enlre le christianisme et le judaïsme. Les Juifs jiarlicipent aux persécutions qui s’abattent sur le christianisme naissant.

De 313 à 1100. — La législation relative aux Juifs se prépare et se formule parlicllement ; l’application en est plutôt bénigne.

De 1100 à 150U. — C’est l’ère des violences, des proscri])lions générales.

De 1500 à 1789. — C’est un temps de « stagnalion » et d’affaissement pour les Juifs, mais pendant lequel fermentent les principes qui lrioni]dieront ]iar la Ucvolution française et amèneront l’émancipation des Juifs.

De /7.S’9 à nos jours. — C’est l’époque de l’émancipation ]irogresslve.

Kst-il besoin d’avertir que nous n’imputons pas à tous les Juifs les méfaits que l’histoire enregistre ? Un des initiateurs de l’antisémitisme moderne, Gou-GUBNOT BES MoussEAUx, écrivait, en 1869, l.e Juif, le judiiïsme et la jiidaïsation des peuples chrétiens, 2" édit., Paris, 1886, p. xxxiii : « Ce Juif dont le nom revient sans cesse sous notre plume, ce n’est pas le premier venu de sa race ; ce n’est i)as, et nous tenons à le déclarer dans les termes les plus courtois, celui qui forme majorité dans sa nation II est, pour nous, l’homme de la foi talmudique, celui que son zèle et d’implacables rancunes animent contre la civilisation chrétienne n. Nous disons de même : les Juifs dont nous [larlons sont ceux que les docimients révèlent, non les autres.

Une observation encore sur l’enij)loi du mot

« juif ». T. Reinach, art. Juifs, dans la Grande encyclopédie, 

t. XXI, p. 256, dit que, dans les|)ays oi’i les Juifs sont eomplèlement émancipés et assimilés aux autres citoyens, ils s’ai>pellcnl volontiers ci Israélites » de préférence à « Juifs », une signilication fâcheuse étant attachée par les préjugés au nom de

« juif ». En France, le nom « Israélite » est seul d’un

usage olliciel. Ailleurs (Uoumauie. Russie, Grèce, Italie), ils sont appelés « Juifs » et « Hébreux ». Historiquement, la transformation du « juif » en « Israélite » a un sens très net : l’Israélite est le juif qui se dénationalise, qui se dégage du culte et du rituel juifs, qui « se mètamoriiliose en homme moderne » et qui, à cette fin, se « détalmudisc », se « dérabbinisc ». Cf. l’.-L.-B. Dkach, De l’harmonie entre l’Eglise ci la Synagogue, Paris, 1844. t. I, p. 197-198 ; A. Lkhoy-Heaulieu, Israël chez tes nations, p. 158, 168, 253. Il n’y a guère qu’une centaine d’années que cette évolution a commencé. L’exactitude historique demande donc de conserver ra))])ellalion de « Juifs »

— ou (t Hcbriiix » — quand il ne s’agit [)as des temps qui ont suivi la Révolution française. Nous le ferons, mais sans aucune intention blessante.

Bibliographie. — Travaux d’ensemble : Basnage, Histoire des Juifs, Rotterdam, 1707, 5 vol. ; de Boissi, Dissertations cri tit/ues pour servir… de supplément à l’Histoire de M. Basnage, Paris, 1780, 1 vol. ; J.-M. Josl, Geschichte der Isrælitcn, Berlin, 1820-1828, g vol., remaniement sous le titre Geschichte des Judentliums und seiner.’^chen,

1857-1859, 3 vol. ; A. Beugnot, Les Juifs d’Occident pendant la durée du moyen âge, Paris, 182/ » ; G.-B. Dcpping, Les Juifs dans le moyen t’igc, Paris, 1834 ; A. Ccrfbeer de Médelshcimi article Juifs, dans Vlincyclopédic catholique, Paris, 1847, t. XIII, p. 307-385 ; J. liédarridc. Les Juifs ni France, en Italie et en Espagne, Paris, 1859 ; 11. Grætz, Geschichte der Juden, Leipzig, 1860-1875, Il vol., trad. française abrégée par L. Woguc cl RI. Bloch, Paris, 1882-1897, 5vol. ; A.Gciger, Das Jadentlium und seine Geschichte, Breslau, 1865-1871, 3 vol., réduction en un volume, 1910 ; J. Darmcsteter, Coup d’u’ilsur l’histoire du peuple juif, Paris, 1881, reproduit dans Les prophètes d’Israël, Paris, 1896, p. 153-197 ; T. Reinach, Histoire des Israélites depuis ta ruine de leur indépendance nationale jusqu’à nos jours, Paris, 1884, 4’édit., 1910, et art. Juifs, dans la Grande encyclopédie, Paris I1894], t. XXI, p. 256-280 ; I. Loèb, article Juifs, dans Vivien de Saint-Martin, Nouteau dictionnaire de géograjihie uniterselle, Paris, 1884, t. 11, p. 9881000, et l ! é/le.cions sur les Juifs, Paris, 1894 ; E. Drumont, La France jui’e, nouv. édit., Paris, sans date, t. I, p. 141-530 ; B. Lazare, L’antisémitisme, son histoire et ses causes, Paris, 1894 ; A. Leroy-Heaulicu, Israël chez les nations, ib’éd’ii., Paris, sans date ; lleman, article Israël, Geschichte nachl’ihlische, dans la /tealenci hlopadie, 3" édit., Leipzig, 1901, t. IX, p. 483-511 ; Thejcifish Encyclopædia (d’iclionnaive historique du judaïsme), New-York, 19011906, 12 vol. Parmi les périodiques, voir surtout la Monalschrift fur Geschiclite und IVisscnschaft des Judenthums, Breslau, depuis 1862 ; la Jieue des études juit’es, Paris, de|)uis 1880 ; The jetvish quarterly rei’/cir, Londres, 1888-1908, New-York depuis 1910 ; cf. M. Schwab, liépertoire des articles relatifs à l’histoire et à la littérature juii’es parus dans les périodiques de 1783 à 1898, Paris, 1899-1900, autogra[ihie, 2 vol.

TREMIÈRE PARTIR

LA CONDUITE DES JUIFS

ENVERS LES CHRÉTIENS

L — Des origines au triomphe de l’Eglise (313)

SI. La séparation du christianisme et du judaïsme. S IL Les actes. J III. La polémique.

§ I. La skpahation i>u christianisme et nu judaïsme

3. La nécessité de la séparation et le danger que constitua le judéo-christianisme. — « Le terme de judéo-christianisme ne s’a]>plique proi)rement qu’aux chréliensqui, nés Juifs, onttenulaLoi pournon abrogée, et se sont trouvés par là en conflit, un insoluble conflit, non seulement avec sain t Paul, mais avec tout le christianisme », P. Batu-i’ol, L’Eglise naissante et le catholicisme, 3* édit., Paris, 1909, p. 286. Etymologir qucment, les judaïsants seraient les i)aïcns convertis qui imitèrent les mœurs juives ; en fait, on a]i])elle judaïsants les membres de l’Eglise naissante, quelle que fut leur origine, cqui regardèrent coniuie obligatoire pour le salut l’observation, totale ou partielle, de la Loi mosaïque ; en fait encore, ce furent jiresque uniquement des chrétiens de sang juif.

A première vue, les prétentions du judéo-christianisme ne semblaient ])as sans fondement. Les promesses divines faites à Abraham, à Moïse, etc., portaient que le Messie, issu de leur race, établirait sur la terre le royaume de Dieu, qui serait le royaume d’Israël. Le Christ était venu accomplir la Loi. Juif,