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sique qui fonde sa théorie de la gravité et c’est pour obéir à ce principe que la terre est ronde et qu’elle occupe le centre du monde.

Système de l’Ecole prthagoricienne. D’après les disciples de Pythagore, interprètes de sa doctrine, la terre, simple planète, est animée d’un mouvement de rotation autour d’un axe et d’un mouvement de tranétation autour d’un foyer central, principe de l’activité cosmique, autour duquel tourne le soleil luiméme, Les cieux sont soumobiles et la terre tourne par l’effet d’un principe interne. Il y a là un preimier effort pour expliquer, par la seule rotation du wlobe. la succession des jours et des nuits. Au bout de quelques siècles, les néo-pythagoriciens modifférent du reste profondément le système de leur maïitre, afin de le concilier avec celui d’Aristote, et ils le réduisirent finalement à n’être plus qu’un système géoccntrique.

Système d’Héraclide et d’Aristarque. Pour Hérælide, la terre tourne sur elle-même, le soleil tourne autour d’elle et les planètes tournent autour du soleil. Ce système constitue un progrès sur les précédents. Si même l’on en croit une citation de Simplieius, Homèrede aurait entrevu la possibilité d’expliquer les apparences célestes en donnant à la terre, outre son inouvement de rotation, un mouvement annuel de tranétation autour du soleil supposé tixe. (Son système, dans ce cas, ne différerait pas de celui qu’iuaginera Tycho, deux mille ans plus tard. — Aristarque de Samos précisa, à son tour, les idees d’Héraclide et indiqua, dans ses grandes lines, le système que retrouvera un jour Copernic. Le soleil, devenu une simplectoile, occupele centre des orbites planétaires ; la terre est animée d’un double mouvement et l’inclinaison de son axe explique les chanwements de saisons. Malzré leur simplseité, ces idées trouvèrent peu d’adhérents.

Nrstème de Ptolémée. L’hypothèse du globe terrestre, mobile dans l’espace, paraissant absurde aux péripatèticiens aussi bien qu’aux néo-pythagoriciens, il fallait trouver une autre explication des phénoimènes célestes. Apollonius de Perge, puis Ptolémée proposèrent le système des épicycles et des excentriques. La terre est immobile au centre du monde ; autour d’elle les planètes tournent, d’un mouvement uniforrue, en décrivant une ligne bouelée épieycloïdale ; de cette façon, les mouvements apparents se trouvent représentés avec une cerlaine approximation. Une disticulté subsiste pourtant : le soleil ne décrit évidemment pas un épicyele ; faut-il donc, eontrairement à tous les principes admis, affirmer qu’il ne possède pas un mouvement uniforme ? Hipparque résolut la question en donnant à l’orbite circulaire du soleil un eentredifférent du centre de la terre, solution ingénieuse mais qui équivalait à faire décrire à cet astre un épicycle de second ordre

Il est aisé de deviner quelle complication l’hypothèse des épieycles et des excentriques introduisait dans les mouvements planétaires. Cette complication, d’ailleurs, s’accrut de sièele en siècle, à mesure que, la précision des observations augmentant, on fut amené à modifier le système pour les représenter ; au xvu ssecte, elle était bien prés de devenir invraiserblable.

Système de Copernic !. Dès 1530, à la suite de patientes recherches astronomiques et historiques qui durent lui révéler des précurseurs, lechanoine Copernic formulait ses principales idées dans un petit livre, destine à ses seuls amis, mais dont la renommée S’étendit rapidement. Sur les instances du car-

1. CF. A. Muller, S. 1, Nikolaus Kopernthus. Fribouryen-Brisgnu, 1898,

dinal Nicolas de Schônbers, il se décida à les dèvelopper dans son fameux ouvrage Le revolutiontbus orbium cuelestium, qui parut en 1543, et dont Le pape Paul III accepta la dédicace.

Le systéme de Copernierepose principalement sur les trois lois suivantes :

1° La terre tourne, de l’ouest à l’est, autour d’un axe fixe ce de là résulte le mouvement diurne apparent des corps célesles en 5ens contraire ;

2° La terre se meut, de l’ouest à l’est, autour du soleil, de façon que son axe demeure parallele à luiméme, en faisant un angle déterminé avec le plan de l’orbite terrestre ;

3° Toutes les planttes tournent, comme la terre, autour du soleil,

Aux complications de jadis, se substituait la plus belle harmonie. Pourtant, dans le détail, subsistaient bien des erreurs et des imperfections, Ainsi Copernic eonsidérail les orbites planétaires comme des cercles excentriques parcourus d’un mouvement régulier, estimant, suivant les vieux préjugés, que le mouvement circulaire et uniforme, le seul parfait, convient seul aux corps eclestes !. Outre les deux mouvements de tranétation ce de rotation, Copernic attribuait encore deux autres mouvements à la terre : l’un produisait le parallélisine plus où moins rigoureux de son axe, dans ses diverses positions autour du soleil, et expliquait les changements de saisons ; l’autre, légérement conique et très lent, rendait compte de la précession des équinoxes ?.

Copernic ne secontenta pas d’exposer son systéme ; il s’efforça de l’établir, d’abord en réfutant les uhjections que, de longue date, on opposait à la possibalisé du mouvement de la terre, puisen apportant des arguments positifs. Il était si convaincu de la réalité de ce système, qu’il évite avec soin, dans son exposition, tout ce qui pourrait le faire prendre pour une simple hypothèse ; son but semble avoirété de faire une sorte d’histoire du ciel, dans laquelle il décrivait les phénomènes sans en rechercher les causes. En fait, cependant, il s’en occupait ; développant et moditiant des principes métaphysiques émis avant lui par Empédocle, Albert de Saxe, Léonard de Vinei, il mari le principe aristotélicien de la tendance de chaque élément vers son lieu naturel, et substituait à cette tendance la sympathie mutuelle des parties d’un même tout cherchant à reconstituer ce tout. En vertu de ce nouveau principe, la gravité universelle, portant chaque corps lourd vers Le centre du monde, est remplacée par la gravité particuliére à chaque astre. IL n’y a donc plus aucune nécessité de placer la terre au centre du monde : du même coup tombent le système géocentrique et la théorie aristotélicienne de la pesanteur.

Il faut bien le dire, Copernic n’apportait aucune preuve décisive en faveur deses idées ; aussi ne s’imposérent-elles qu’à peu d’esprits. D’ailleurs, le systéme de Ptolémée était trop ancien et trop généralement acecpté, il paraissait trop bien cadrer avec la lettre de la Ste.-Ecriture pour pouvoir disparaitre en un jour. En Allemagne, en Autriche, les progres du systéme copernicien furent enrayés par le crédit de Tycho-Brahé qui s’en déclara l’adversaire, et par les attaques furieuses des premiers chefs protestants, Lustrer et Mélanchton.. En Italie, par contre, le pape

1. Kepler prouvera, quarante ans plus tard, que les planétes décrivent, d’un mouvement non-uniforme, des ellipses dont le soleil occupe l’un des foyers.

2, En fait, le premier de ces mouvements n’existe pas, et le parallélisme de l’axe terrestre est une simple conséquence de la loide l’même.

3. CF. Jean Janssen, L’Allemagne et la Réforme, t. NII. p-. 309.