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JUIF (PEUPLE)

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d’Isriii’l. Elle a pour ohjct : c) la restauration nationale de l’an tique royaume, autour de Jérusalem comme capitale ; —, 3) la restauration du culte de Yaliweh ; — v) grâce à cette restauration et au concours d’Israël, la dill’usion du culte de Valiweh parmi les nationset la constitution d’un royaume universel de fidèles du Seigneur, tout pénétrés de l’esprit de sa religion, vivant dans une paix sans trouble ; — S) dans cette œuvre, l’iulluence unique d’un représentant de Vahweh qui, après lui avoir conquis le monde, devient le souverain de ce grand royaume ; — s) sa victoire d’ailleurs et son triomplie se réalisant comme en deux étapes, l’une terrestre, l’autre céleste à la (in des temps ; — ?) à l’origine de toute son œuvre et au début de la première étape, la conquête et le salut s’accomplissant d’une manière toute pacilique par la prédication et la mort de ce Serviteur île Valnveh ; — r, ) à la lin des temps, le triomphe se consommant par un grand jugement.

i)") Appendice : la doctrine de la Sagesse. — Les Livres Sapientiaux ne fournissent qu’une très mince contribution à l’histoire de l’espérance messianique. Toutefois le développement de la doctrine uièuie de la Sagesse divine, de la lloknuili (nr ;  ; n), peut être à bon droit considéré comme rentrant dans le cadre de la préparation messianiqin-, en particulier comme constituant une première ébauche de cette magnitiqiie doctrine du Verbe que développera saint Jean. Il faut, à ce sujet, mentionner les textes suivants : loh, xxviii ; Pruv., vm ; Eccli., xxiv ; Sap., vii-ix ; /iar., iii, 15-37. — a) La Sagesse pratique, qui permet à l’homme de faire face aux dillicullés et aux contingences de la vie, de mener une existence honnête et religieuse, est, en lui, un don de Dieu, une communication de la Sagesse divine elle-même.

— /*) Or, dans Proi’., vni, 22-3 1, la Sagesse divine explique sa propre origine et sa nature, et en des termes tels qu’on ne peut songer à une simple personnilication poétique, analogue à celles de Prof., vin, 1-3, 32-36 ; ix, i-ia. Yahweh a possédé laSagesse au commencement de ses voies, avant ses œuvres les plus anciennes (Prov., viii, aa). Elle a été fondée, formée, enfantée, dès l’éternité, avant la création (Piof., viii, 33-26). La Sagesse se place donc bien au-dessus des créatures, qu’elle domine par sa grandeur, (pi’elle précède par son éternité. Elle est même plus qu’un attribut de Dieu ; elle vient, elle procède de lui comme par une sorte de naissance. Mais à jamais elle demeure avec lui, en lui, prenant part à toutes ses opérations, se faisant son auxiliaire et s’égayant en sa présence (/’rof.. viii, 2^-30 ; cf. Joli, xxviii, 25-27). Toutefois, entretouteslesœuvres divines, celle qui davantage excite la sympathie de la Sagesse, c’est l’honnne (Proii., viir, 31). — c) On trouve aussi des indications fort importantes ilans Eccli., xxiv. La Sagesse y déclare qu’elle « est sortie de la bouche du Très Haut », comme une sorte de Verbe (Eccli., xxiv, 3). Elle signale sa grandeur, la place unique qu’elle occupe dans l’univers (ICccli., XXIV, 3-5), son éternité (Eccli, , xxiv, 9). Il est ici moins longuement question de la part

« pu- la Sagesse a prise dans la création que de son

action au milieu des hommes. La Sagesse exerce son empire sur tout peuple et sur toute nation ; à tous elle demande un lieu de repos (Eccli., xxiv, 6, 7). Il n’en est pas moins vrai qu’elle met toutes ses complaisances en Israël. C’est là que son créateur lui a donné un séjour stable et un héritage (Eccli., XXIV. 8). Ses principale » manifestations sont en rapport avec le Temple (A’cc/i., xxiv, 10-17) ; <^"ps ""t ]iour document la Loi (/Cccli., xxiv, 22-27 ; cf. Bar., IV, 1-4), bien qu’elle ne dédaigne pas de couler en de plus humbles canaux (Eccli., xxiv, 38-82). — d) Dans

la.Sagesse de Salomon, l’éloge est plus enthousiaste encore (Sap.^ vii, 29, 30) et insiste très particulièrement sur les propriétés si multiples de l’Esprit qui est en la Sagesse (Sap., vii, 22, 23). Elle habite en Dieu qui l’aime, et tire de lui son origine (Sap., viii, 3 ; IX, 4, 10^) ; elle a pris part à ses (euvres et à la création de l’univers (Sap., ix, 9^) ; aussi peut-elle transmettre ses enseignements (.Say ?., viii, 4, 9-11). Hien plus, la Sagesse est le souille de la puissance de Dieu, une pure émanation de sa gloire (So^j., vii, 25), le resplendissement delà lumière éternelle, le miroir sans tache de l’activité de Dieu et l’image de sa bonté (Sap., vit, 26). On reconnaît ici des expressions

« pie le Nouveau Testament a utilisées pour les

appliquer à Jésus.

III. Idée messianique et monotliéisme hébreu.

— L’idée messianique peut être considérée : dans ses rapports avec la doctrine fondamentale de la religion d’Israël, avec le monothéisme ; dans ses rapports avec le christianisme.

En tant qu’elle est née du monothéisme hébreu, cette espérance porte en elle-même un certain nombre de caractères très distinctifs, qui contribuent encore à accentuer la transcendance de la croyance juive. — a) En premier lieu, il faut mentionner cette suprême conséquence du Vahwisme moral, qui devient le point de défiart du messianisme prophétique : à savoir, que la sanction des inOdélités d’Israël irait jusqu’à sa ruine et sa destruction, comme peuple. D’une part, aucune autre religion antique ne témoigne d’une pareille susceptibilité morale ; d’autre part, aucune autre religion ne peut même faire l’hjpotlièse qu’un dieu puisse se priver de la nation qui seule lui rend hommage. C’est qu’en effet les autres dieux n’ont à leur disposition qu’un seul pays et qu’un seul groupe de sujets ; prononcer contre ceux-ci un arrêt de destruction, ce serait prononcer leur propre arrêt de mort. Si Yahweh peut rendre une pareille sentence sur le peuple qu’il s’est attaché depuis le Sinaï, c’est que, dans sa transcendance, il domine et possède toutes les nations de la terre. — b) Aux yeux des prophètes, nous l’avons dit, la phase présente de la religion juive n’est pas délinitive. Dieu de l’univers, Y’ahweh doit être un jour reconnu par tous les peuples. Des conquérants dévots ont pu rêver que le dieu auquel ils attribuaient leurs prodigieux succès deviendrait, lui aussi, le maître universel du monde, le chef incontesté de tous les autres dieux. Mais quand il s’agit de Yahweli, les prophètes ne songent pas à ce que son nom et son culte puissent être propagés par les armes. La conquête est ici essentiellement paciQque ; elle n’est en aucune connexion nécessaire avec l’empire universel des Juifs (/s., ii, 2-5 ; rx, 1-6 ; XI, 1-8). Ou bien Yahweh attire les nations à Jérusalem par le prestige de son nom, ou bien ses missionnaires le font connaître dans les quatre directions du monde : en tout cas, les peuples ne se convertissent que parce qu’ils subissent le charme et l’attrait du Dieu d’Israël. De telles conceptions supposent encore une haute idée de la transcendance et du souverain pouvoir du Dieu unique. — c) Dans cette conquête pacitique de l’univers, Israid a un rôle à remplir ; il en doit être l’instrument. Ce point de vue tient une place importante dans les prophéties relatives à la restauration. Déjà dans /s., xl-lxvi et dans Ez., xxxvi, le fait même de la délivrance du peuple de Y’aliweh prépare les voies à cet apostolat en manifestant la gloire du Dieu tout-puissant. Dans /.< ;., XL-Lxvi, et dans h.. 11, 2-5, etc., la restauration est le cadre dans lequel se développe comme tout naturellement la prophétie de la propagande. Si Apgée insiste tant sur la reconstruction du Temple, c’est