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JUIF (PEUPLE)

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triomphe <les desseins de Yahweh ; elle conquiert des mullitudes au Sei’vileur et par lui à Yahweh. Mais quel est ce Serviteur ? On a entendu l’expression d’un personnage du passé ; on l’a entendue du peuple d’Israël ou au moins d’une partie de ce peuple (cl’., pour l’exposé de ces opinions, Condamin, Le i.itie d’Isuïe, p. 296-344)- L’exégèse chrétienne, à une ou deux exceptions près, a été unanime jusqu’à la lin du dix-huitième siècle pour voir dans le Serviteur le représentant de Yahweh aux temps messianiques ; cette unanimité s’est maintenue dans l’Eglise catholi (]ue ; quelques rationalistes et des protestants ont persévéré dans cette interprétation.

B. Is. l.VI-l..yi. — o) Une foule d’idées sont communes à cette section et à la précédente. D’abord, en ce qui concerne la Jérusalem future et sa gloire {Is., Lviii, 12 ; Lx, I, 2, 10, 15, i^-aa ; lxi, 4, 7-9 ; Lxir, 1-9, II, 12). Le prophète insiste avec une complaisance spéciale sur le régne de la justice que l’alliance de Yahweh assurera dans la future capitale (/s., LX, 17, 18, 21’ ; Lxii, I, 2). — II) De même, en ce qui concerne le rôle d’Israël au milieu des nations. On revient sur le prestige qu’à raison même de sa justice et du séjour de Yahweh (1$., lx, i, 2, 9, 13, i/i ; Lxt, 6-1 ; cf. Lvi, 3 », 6-8),.Jérusalem exercera sur les étrangers (ts., lx, 3, 4, 8-10 ; LX[, 5) ; le prophète voit les peuples qui apportent leurs trésors à la Ville Sainte et à son sanctuaire (h., lx, 5-7, 9, 1 i-13, lO ; LXI, 6’). — c) On rencontre même un nouvel oracle sur la mission du Serviteur de Yahweh (Is., LXI, 1-3). — d) Mais il y a aussi des points de vue spéciaux, déterminés par ces deux faits : que, malgré le décret de Cyrus qui met lin à l’exil, le salut ne se réalise pas ; que, dans la société palestinienne, fourmillent toutes sortes de désordres. Le prophète n’abandonne pas l’espoir delà rédemption ; même il la regarde toujours comme très proche (/s., lvi, i). Mais en même temps il déclare que la cause des retards divins est à chercher dans les péchés du peuple (/s., Lvi, I, 9-12 ; Lvii, i-13 ; lix, i-15). Au fond, nous n’avons ici qu’une forme nouvelle d’une vieille idée. Les anciens prophètes avaient toujours annoncé la restauration et le salut sous conditions ; alin qu’Israël fût admis au triomphe, il fallait que l’exil le puriliàt en châtiant ses fautes. Après l’exil, une condition pareille demeure ; si le péché anliquc a été expié, il faut qu’à leur tour les fautes présentes disparaissent. — e) Toutefois, en présence de ces délais divins s’ouvrent comme deux perspectives. D’abord le voyant réitère les promesses à ceux qui se contient en Yahweh (h., Lvii, 13) ; il îissure la vie, la guérison, la paix, l’elTusion de l’Esprit divin, aux cœurs humbles et contrits, aux coupables repentants (/s., lvii, i/j, 1, ^, 18, 19 ; lix, 20, 21 ; Lxm, 7-LXIV, 12) ; il décrit les réformes à réaliser en vuedu salut(/i., Lviii, gl’, lo", 13, I4 ; cf. Lvi, 1) ; il déclare qu’aux Israélites infidèles Yahweh fera ex[)ier leurs iniquités (/s., Lxv, 1-7), mais qu’il comblera de biens ses serviteurs et ses élus. II semble que, dans ces perspectives, les justes n’ont pas à attendre la réalisation délinitive des espérances ])our jouir des bénédictions divines ; d’ores et déjà, pourvu qu’ils se repentent, s’organise pour eux une sorte de roj-aume provisoire ; il y a, dans l’ordre spirituel comme dans l’ordre matériel, de premiers recommencements en attendant l’œuvre dernière. — /) En plusieurs autres oracles, on aboutit à un jugement plus définitif (, 1s., lxvi, 15. 16) :.vant que ne se réalise le salut, une grande séparation doit être établie entre les justes et les méchants (Is., LXV, 13-16). En même temps qu’il condamne les prévaricateurs (h., lxvi, i.’i-i^), Yahweh appelle les nations à contempler sa gloire (Is., lxvi, 18),

il se choisit en leur sein des missionnaires qui le doivent faire connaître aux autres (Is., lxvi, 19) ; il s’y choisit aussi des ministres de son culte (Is., LXVI, 21). La perspective hnale se développe sous de nouveaux cieux et sur une nouvelle terre, dans une Jérusalem nouvelle substituée à l’ancienne (Is., LXV, 17, 18), centre de toutes les bénédictions (Is., LXV, 19-25 ; cf. LXVI, 6-14) et, aux jours de ses fêtes, objet d’attraction pour les peuples (Is., LXVI, 22, 23). De ce royaume, les méchants sont exclus et voués au supplice (Is., lxvi, -ilt). Nous confinons ici à l’apocalypse et à l’eschatologie proprement dite, sans d’ailleurs nous détacher entièrement de la restauration nationale et terrestre (Is., lxvi, 20) ; c’est la première fois qu’il est question d’une nouvelle terre et de nouveaux cieux.

5°) Les prophètes postejriliens : Aggée, Zacharie, Malachie, Jouas. — A. Aggée. — Exerçant son ministère vers 020, plus de quinze ans après le décret de Cyrus, Aggée doit déjà expliquer aux Juifs découragés le retard de la restauration et la misère à laquelle le peuple a été en proie depuis 538. S’il s’en prend à la négligence dans la reconstruction du Temple, il n’hésite pas à prédire les gloires futures de la maison de Dieu, beaucoup plus grandes que les anciennes ; ilmontre les nations ébranlées qui apportent leurs trésors au nouveau sanctuaire (.4gg., 11, 3-9).

B. Zacharie I-VIII. — Zacharie est le contemporain d’Aggée et doit faire face aux mêmes préoccupations. Tout en justiliant les délais divins, il insisle sur les promesses. Les visions nocturnes renferment tout un programme de restauration nationale et messianique, ([ue complètent d’ailleurs les promesses du chap. VIII. — a) On y relève d’abord ces traits déjà connus : amour de Yahweh pour Sion (Zach., i, 121 4) ; humiliation des nations en général et de Babylone en particulier, en vue de la délivrance d’Israël (Zach., i, 15 ; 11, i-4, io-13 ; cf. viii, 7, 8, 13) ; prompt retour de Yahweh à Jérusalem (Zach.. i, 16 ; 11, 14, 15 ; cf. VIII, 1-2, 6-8, 14, 15), qui doit être bâtie sans murailles (Zach, 11, 5-9) pour recevoir les nations qui, attirées par Israël et Yahweh. y alUueront (Zach., 11, 15 ; cf. vi, 15 et viir, 20-23) ; longévité (Zach., VIII, 4, 5) ; règne de la prospérité (Zach., viii, 11, 12, 14, 15), mais aussi de la vérité et de la justice (Zach, viii, 8, 16, 17) ; châtiment du péché (Zach., v, 1-4) ; rélégation de la puissance même du péché chez les païens, à Babylone en particulier (Zach., v, ô-ii), pour y attirer la colère divine (Zach.. vi, 1-8). Dans tout ce programme, on remarque la manière, déjà signalée, dont il est parlé des nations en général. — /)) Ce qui est plus caractéristique, c’est l’importance attribuée au sacerdoce et au service liturgique. C’est dans la personne du grand prêtre que le peuple est purifié (Zach.. III, 1-5, 9’) ; le grand prêtre est associé au roi ou’I Germe » dans le gouvernement de la nouvelle société (Z « c//., IV, i-61, 10, II, 13, 14 ; vi, 9-1 5 [d’après le grec|) ; une importance spéciale est attachée à la reprise du culte divin et au rôle du sacerdoce auprès de Yahweh (Zach.. iii, 7). — c) Zacharie et Aggée voient les prodromes de l’inauguration du royaume, qui semble proche : dans les lionleverseiuents de peuples consécutifs à l’avènement de Darius (.-Z^^., 11, 6, 22 ; Zach., I, 14. 15 ; 11, i-4, 12, 13) ; dans la réédification du Temple (-igg., 11, 18, 19 |cf. Zach., viii, 9-13| ; Zach., i, 16 ; iii, 9 ; iv, 6-io^) ; dans l’entrée en fonctions, comme gouverneur de Palestine, du prince davidique Zorobabel (-igg-, 11, 23 ; Zach., vi, 9-13 ; cf. iii, 8).

C. Zacharie /.V-V/l’. — Cette sectionnons reporte à une certaine distance de la précédente, au moins