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JUIF (PEUPLE)

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serait Dieu en Israël (vers. 36), et Baal chez le roi de Phtnicie. C’est par un miracle que Yaliweh doit revendiquer ses titres (vers. 22-89) ^' entraîner la déroule de Baal et de sespropliètes (vers. 40).Nous sommes loin, non seulement du libéralisme pratique avec lequel les dieux païens ouvraient leurpays, leurs temples même, aux dieux des territoires voisins, mais de la conviction théorique qui poussait les polythéistes ouïes liénotUéistes à regarder comme pareilles aux leurs les divinités des autres royaumes.

La mission d’Elie est comme la mise en action du programme qu’il lègue à ses successeurs dans le prophétisme. Ceux-ci en feront valoir les divers éléments, en dehors de toute préoccupation d’exposé méthodique, selon que les circonstances l’indiqueront.

B. Amas, Osée, Isaïe, Michée, Jérémie, Soplionie, jValiuni, Hahacuc. — n) Polémique contre les faux dieux : V.) Le premier des prophètes qui nous ail laissé des écrits est Amos, qui prêcha dans le royaume du Nord sous Jéroboam II. Il s’attaque peu ou point au culte des dieux étrangers (cf. pourtant Am., v, 26 [?] ; VIII, 14) ; c’est sans doute que le désordre est conliné en des cercles restreints et que la réforme d’Elie fait encore sentir son inlluence. —, 3) Son contemporain et successeur Osée parle à plusieurs reprises du culte rendu à Baal (Os., 11, 10, 15, 19 ; xi, 2 ; XIII, 1) : il présente Israël comme UTie épouse inlidèle qui aurait quitté Yahweh pour aller après des amants(05., 11, 7, 9 ; cf. 11, 1 1, 12, i^, 15), qui ne sont autres que les Baalim (Os., 11, 10, 15 ; xi, 2). Il serait assez naturel de penser que, pendant la période d’anarchie qui suivit le règne de Jéroboam II, le culte de Baal se fiit à nouveau introduit en Israël. Toutefois, prenant en considération une série de textes du prophète (Os., viii, 4-6 ; x. 5, 8 ; xiii, 2), nombre d’exégètes ont pensé qu’Osée attaquait simplement le culte des hauts lieux dans lesquels, sans doute, on honorait "Vahweh, mais sous des emblèmes et avec des rites qui l’assimilaient à un Baal. Quoi qu’il en soit, la manière dont Osée traite ce culte montre jusqu'à quel point l’idolâtrie est incompatible avec le caractère de Yahweh. — y) En Juda, Isaïe prêcha sous trois rois lidèlcs à leur Dieu, Osias, Joatliam, Ezéchias (II Reg., xv, 3, 3't ; xviii, 3 ; cf. pourtant XV, 4, 35) ; en revanche.chaz fut un mauvais roi (II /fe ?., XVI, 2), dont’l'im ;)iété serait allée jusqu'à l’idolâtrie (II Reg., xvi, 3, /|, 10-18 ; II Chron., xxviii, i-4, 22-25). Isaïe parle rarement de cette inûdélité, mais il la condamne en termes précis (/s., 11, 8, 18, 20 ; XXX, 22 ; cf..)//'., 1, "^ [à propos d’Israël] ; v, 12, 13 à propos de Juda]). — ô) Jérémie commença son ministère alors que Josias n’avait pu réprimer les désordres que Manassé avait favorisés (fer., i, 2) ; l’idolâtrie, sous toutes ses formes, avait droit de cité en Juda et à Jérusalem, et jusque dans les parvis du Temple (II Reg., XXI, 1-7). L, a réforme de 622 fut radicale, mais les elTets n’en durèrent quejusqu'à la mort de Josias(608) ; Joachim laissa revenir tous les dieux étrangers (II Rfg.. XXIII, 3- ; Ez., VIII, 5-18)..ussi Jérémie proteste-t-il contre leur présence (Jcr., 11, 7I', 8, 28 ; ix, 13), contre l’abandon de Yahweh (1er., 11, g-13 ; cf. 25, 28, 33), contre l’adultère de Juda (fer., iii, 1, 20 ; v, 7, 8 ; XI, io-13 ; xiii, 20), contre les hauts lieux, théâtres de ces forfaits (fer., 11, 20 ; iii, 2', 6 ; xiii, 27 ; xvii, 2,.3). Il mentionne spécialement : les cultes idolâtriques du Temple (Jer., vii, 30^ ; le culte de Baal (.fer., II, 8 ; IX, 13' ; le culte des Baals dans la Vallée, sans doute du mélék de Géhinnnm (Jer., ii, 28 ; cf. vii, 31) ; le culte de la reine du ciel (fer., vii, 18) ; le culte des

« islres (Jer., viii, 2). Il s’explique sur la nature des

faux dieux : ce ne sont pas des dieux (Jer., 11, 1 1) ; ce sonldesêtres impuissants (Jer., 11, 13, 28 ; iii, 23, 2^),

du bois, de la pierre, des œuvres de la main de l’homme (Jer., 11, 2 ; , 28'> ; xii, 9 ; x, 2-15). Comme on le voit, ces prophètes s’expriuient selon le même esprit qu’Ezéchiel ou /5., xl-lxvi.

0) Transcendance de Yaluveh. — k) Les textes les plus authentiques témoignent de l’emiiire de Yahweh sur la nature, sur les productions du sol, sur les fléaux, les bouleversements et les cataclysmes(.-lni., iv, 6-i i ; VII, I, 4 ^cf. IV, 13 ; V, 8 ; viii, 8, 9 ; ix, 5, 6] ; Oi., 11, 7, 10, 1 1, 14, 23, 24 ; xiii, 14 ; XIV, 6-8 ; /s., vii, 21-20 ; xxviii, 28-26 ; XXX, 25, 26 ;.Mi., I, 4 ; Jer., x, 10 ; xiv ; xv) ; Jérémie signale son action créatrice (Jer., y., 12, 16 ; XIV, 22). —, 3) Toutefois les prophètes du septième et du huitième siècles sont amenés par les circonstances à insister davantage sur l’action de Yahweh dans le gouvernement des peuples ; si leur attention se concentre sur Israël, ils ont quand même et bien fréquemment l’occasion de regarder par delà ses frontières. — y.y) Ils sont unanimes à déclarer qu’Israël a une place à part dans les sollicitudes de Yahweh (.4m., III, 2 ; /s., V, I, 2 ; Jer., 11, 21 ; xii, 10) ; ils caractérisent ces rapports comme ceux d’une épouse avec son époux (Os., i, 2-9 ; 11, 18, 21, 22 ; Jer.^ 11, 2 ; m, i), même d’un enfant avec son père (Os., xi, i ; Is., I, 2) ; Jérémie parle d’une alliance (Jer., xi, 2 sv.). —, 53) Ces rapports ont commencé à une date très précise et se rattachent à un fait très nettement déterminé, la sortie d’Egypte(.Jni., iii, 1 [cf. 11, 10 ; v, 25] ; Os., XI, I, 3, 4 [cf. II, 16 ; XII, 14] ; XII, 10 ; XIII, 4 ; /i., x, 24, 26 ; XI, 15, 16 ; Jer., 11, 2--, etc.) ; ils persévèrent au cours de toute l’histoire d’Israël. — /-/) Mais Yahweh a aussi présidé aux origines des autres peujjles (.4m., IX, 7), à telle enseigne que, sans les privilèges dont il a été comblé, Israël leur serait de tout point semblable (Am., ix, 7')- Ayant formé les nations, Yahweh exerce sur elles une pleine autorité ; les prophètes s’en expriment à propos des événements auxquels leurs auditeurs se trouvent mêlés. Au leuips d’Ainos, l’horizon d’Israël est restreint ; le prophète ne s’occupe que des petits royaumes voisins, que Yahweh juge et condamne en maître (.^m., i, 2-1 1, 3). Toutefois dans les Assyriens, qui, à partir de 74a. reviennent à la prospérité, il signale les instruments dont Yahweh se servira pour châtier Israël (.4ni., iii, 1110 ; IV, 3 ; v, 27 ; vi, 14), se réservant d’ailleurs de déterminer lui-même la rigueur et la durée de la peine (.4m., iii, 12 ; v, 3 ; ix, 8-15). Osée, dont l’attention se concentre presque entièrement sur Israël, tient pourtant à l’occasion le même langage (O.S., vii, 12 ; VIII, 3, io ; x, 5, 6 ; xi, 5 ; xiv, 2-9)..u tempsd’Isaie, les Assyriens sont revenus au premier plan ; depuis l’avènement de Téglalh-Hlialazar, ils ont repris leurs traditions de guerres et de victoires ; ils sont une menace perpétuelle pour Israël et Juda. C’est avec cet empire qui, pour le moment, résume toute la puissance des nations étrangères, que Yahweh doit se mesurer. Isaïe n’hésite pas. Il abandonne aux Assyriens le royaume prévaricateur de Samarie (/.<.. IX, 7-x, 4-f-v, 25-30 ; xvii, i-u ; xxviii, i-4)- Mais il en va autrement à propos de Juda. Celui-ci est sans doute, lui aussi, coupable, et Yahweh se servira d’Assur pour le châtier (Is., i, 1-9 ; vi, g-iS ; vii, 1720 ; X, 5, 6). Mais quand la sentence sera exécutée, Yahweh se retournera contre Assur qui, dans son orgueil, attribue à ses propres forces les succès qu’il lui procure et qu’il a prédits (/s., x, 7-19 ; xxxvii, 26, 27) ; il humiliera Assur et sauvera Juda (/s., XXXVII, 28-35). C’est surtout à propos de l’invasion de Sennachérlb qu’lsaïe prononça ces pandes, qui élèvent si haut la suprématie universelle de Yahweh. On sait que l'événement justilia la prédiction du voyant (Is., xxxvii. 36-38), et l’on peut comprendre jusqu'à ipiel point l’idée monothéiste parut conlirinéc