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JUIF (PEUPLE)

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tribus, en traçant à son gri les limites (Deut., i, 6-8, 21 ; II, S-' ; , g, 19, 31 ; iii, 2), fixant l’heure où elles } pénétreront (Detit., i, 35, 36, 89 ; ii, I^-l6), sans qu’elle puisse être devancée (Dent., i, 41-46) ; la force avec laquelle Yalivveb combat pour son peuple (Deut., i, 30, 31 : VII, 18. 19), exterminant les ennemis (/)eut., VII, 16, 20, 22), quelle qu’en soit l’importance (Deut.. VII, -j, 23, 24 : IX, 1-3) ; l’indépendance avec laquelle il dispense les bénédictions et les malédictions, selon qu’Israël est fidèle ou désobéissant (Deut., xsviii) ; en tous ces cas, l’action de Dieu dépasse les frontières d’Israël et s'étend aux autres peuples — ;) son intervention dans la vie des individus ; il bénit, en prolongeant leurs jours, ceux qui honorent leurs parents {Deut., V, 16), qui, d’une manière plus générale, suivent la voie qu’il leur trace (Deut.. x, 30 ; vi, 2^), qui observent tels ou tels préceptes particuliers (Deut., XII, 20, 28 ; XIII, 18, 19 : XIV, 2g : xv, 6, 10, 14 ; xvi, 20). — <) Cette activité manifeste encore d’autres attributs, notamment : la justice de 'i’aluveh. Elle éclate dans sa conduite envers les Cananéens dont il punit la méchanceté (Deut., ix, 4. S)- Elle domine tous les rapports de VahweL avec Israël. Ils ne sont pas le résultat d’un caprice divin ; ils découlent d’une alliance, en vertu de laquelle Israël s’est engage à marcher dans les voies de Yahweh, tandis que Yahweh s’engagerait à traiter Israël comme un peuple particulier, à l'élever au-dessiis de toutes les nations, de telle sorte que Yahweh soit le Dieu d’Israël et Israël le peuple de Yahweh (Deut., XXVI, 1^-19) ; ce sont ces clauses dont la justice divine sanctionne l’observation (Deut., xxviii). Enfin cette justice inspire une foule des ordonnances du code sacré : principe de la responsabilité individuelle {Deut., XXIV, 16) ; impartialité des juges (Deut., xvi, 18-20), invités à prendre modèle sur Yahweli qui ne fait pasacception despersonnes (DeuL.ii., i~) ; réserve des cas dilticiles à des tribunaux placés sous la surveillance do l’autorité religieuse (i^e/i/., xvii, 8-13) ; rôle et sanction des témoins (Deut.. xvii, 6 ; xix, 15-21) ; expiation du meurtre dont l’auteur est inconnu (Deut., XXI, 1-9) ; établissement des villes de refuge pour le meurtrier involontaire, qui risquerait d’encourir la colère du vengeur du sang (Deut., XIX, i-13) ; proportion du châtiment à la faute (xxv, 1-3) ; justes poids et justes mesures (Deut., xxv, 1 3- 16) ; etc. ; — f>) la fidélité de Yahweh à tenir ses promesses (Deut., IV, 31 ; vii, -, 8 ; viii, i) ; — 1) son souci pour la pureté morale (Deut, xxiii, 18, 19 ; xxv, II, 12), spécialement pour l’honneur de la vierge {Deut., XXII, 28, 29). de la fiancée (Dent., xxii, 23-2^), de la femme mariée (/)eH/., xxii, 13-22). — » t)Mais ce qui caractérise surtout le Deutéronome, c’est la place faiteà la bontëde Yahweh. Yahweh aime son peuple {Deut., VII, 13), comme il a aimé les pères (Deut., iv, 3^)- Il entend que son peuple l’aime. La religion consistera toujours sans doute dans la craintede Yahweh ; mais ce ne sera plus la frayeur que l’on éprouve en présence d’une force inconnue, dont on ne sait si elle est, ou non, bienfaisante ; ce sera l’attitude respectueuse que provoque l’approche de la souveraine majesté. La religion consistera <Ians le service de Yahweh, qui évoque la fidélité aux lois, d’une façon plus spéciale aux lois qui règlent la pratique religieuse (/>? « /., vi 2, 3) ; mais la religion fera une place très spéciale au sentiment de l’amour (Deut., vi, 5 ; x, 12, 20 ; xi, i, 13 ; elc.). Cet amour de Yahweh pour son peuple est d’ailleurs susceptible de prendre des formes en rapport avec la faiblesse et la malignité d’Israël. Même après ses forfaits, celui-ci peut se retourner vers son Dieu, l’ar il est compatissant ; il n’abandonne ni ne détruit (Deut., iv, 30, 31). Il est prêt à jiardonner et à rendre ses faveurs au repentir ; il le

déclare expressément dans l’exposé des châtiments qui doivent suivre l’infidélitéà l’alliance (/> «  « <., xxx, i-io). La bonté divine se manifeste d’une façon particulière envers les déshérités : Y’ahweh fait droit à l’orphelin et à la veuve ; il aime l'étranger et lui procure nourriture et vêtement (Deut., x, 18) ; il recommande la même sympathie aux Israélites (Leut., x, 19 ; XXIV, 14-22). Le sort des ennemis à la guerre, abstraction faite des Cananéens qui sont un danger pour la foi d’Israël, intéresse aussi la bonté divine : Israël est invité à les traiter avec humanité (Deut., XX, io-15 ; XXI, io-14). Cette humanité doit s'étendre jusqu’aux animaux (Deut., xxii, 6, 7 ; xxv, 4) et aux plantes (Deut., xx, ig, 20).

B. — Isaïe, XL-Lxvi. — à) Remarques préliminaires : y.) Is., xL-Lxvi, se divise, ou le sait, en deux sections nettement distinctes : xl-lv et Lvi-Lxvi.Dans la première, le prophète considère Israël captif en Babylonie, à l’heure où Cyrus va proclamer l'édil de délivrance. Dans la seconde, le prophète se place au moment où des caravanes de Juifs se sont déjà acheminées vers la patrie pour y tenter la réorganisation de la vie religieuse et nationale ; il se met en présence de cette société à laquelle les rapatriés vont se mêler, dont plusieurs vont subir la contagion, et qui est si loin de réaliser l’idéal des véritables représentants du yahwisme. —, 3) Les prophètes, on le sait, exercent avant tout un ministère de circonstance. Loin d'être des théoriciens exposant des thèses abstraites de doctrine ou des principes généraux de morale, ils se bornent à tirer, du fonds de convictions qui remplit leurs âmes, ce qui répond aux besoins momentanés, aux préoccupations immédiates de leur milieu. De là les grandes dilTérences que l’on constate entre /s., xl-lv et Is., lvi-lxvi. Les exilés de Chaldée étaient loin de constituer une société homogène. Nombre de Judéens s’attachèrent aux avantages de vie facile que leur procurait le séjour en un pays riche, fertile, commerçant ; soit au prix de l’apostasie, soit, bien plus souvent, par suite d’un relâchement religieux plus ou moins accentué, ils se désintéressèrent des perspectives ouvertes par les prophètes ou, du moins, de leur immédiate réalisation. En leur présence est le groupe de ceux pour lesquels l'œuvre de la restauration nationale et religieuse est d’un intérêt vital. C’est à ce groupe, dont tous les éléments ne sont pas d’ailleurs i)énétrcs au même degré par les influences de la religion, que s’adressent directement les beaux oracles d'/s., xr.-Lv ; c’est par lui que le prophète cherche à atteindre tous les déportés, pour secouer la torpeur des lièdes et les faire tous vibrer aux saintes espérances. Sur la terre d’exil, où Israël ne pouvait songer à se rétablir en peuple, de pareilles distinctions de groupes étaient naturelles, et les prophètes pouvaient ne s’adresser qu'à l’un d’eux. Il n’en allait pas de même sur le sol de Palestine, aussi longtemps du moins que l’on ne renoncerait pas à faire bénéficier de la restauration tous les fils de Jacob. Il fallait à nouveau, comme on le faisait avant l’exil, considérer le peuple dans son ensemble et viser les obstacles rpie créaient à l'œuvre de Dieu les désordres dont se rendaient surtout coupables ceux des Judéens qui pendant l’exil étaient demeurés en leur pays. — y) Quels que soient ces contrastes, les deux sections d'/s., xL-Lxvi ont beaucoup de points communs. Toutes deux sont dominées par la pensée de la restauration d’Israël (cf. Deuxième partie, 11, 4"). et c’est cette œuvre qui doit servir davantage à la manifestation de Yahweh.

//) Dans les deux sections, la guerre est déclarée entre Yahweh et les idoles, mais dune façon assez ililTérente : — K)Dans Is., lvi-lxvi, c’est la lutte en quelque