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JUIF (PEUPLE)

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II Reg., svi, 20 ; etc.), (lui d’ailleurs est parfois abrégé en Yâh (il Reg.., xviii, i, etc., on a Hizqiyyali ; la finale Yâh dans les noms propres est loin de toujours représenter le nom divin). La prononciation Yiihii, consacrée par la massore, est attestée par les transcriptions assyriennes (Ezécliias est appelé Hazaqiiau sur le prisme de Sennacliérib). L'élément divin se trouve souvent aussi au commencement des noms propres ; on a alors l’une des deux formes Y ho et Yo. Dans l’une et l’autre, on constate la contraction du groupe vocalique a -- u par-dessus la consonne h de faible articulation ; seulement la forme longue garde plus fidèlement l’empreinte des consonnes primitives. Les transcriptions assyriennes ne connaissent pas cette contraction (Acbaz [Yoacbaz] s’y présente sous la forme laiihazi). — h) Les papyrus d’Elépliantine (1907) établissent l’usage de ces noms à l'étal isolé. Le Dieu d’Israël y est représenté par les consonnes v/i’c qu’il faut lire ou Yûhii ou Yaliù (forme dégradée). On rejoint ainsi la transcription grecque Iv^ attestée par Tbéodoret, Epiphane, Diodore de Sicile. — c) Le rapport grammatical et lexicograpliique de la forme abrégée avec la forme complète est aisé à saisir. Ydhû est apocope par rapport à Yah’weh ; la voyelle finale est tombée, le w s’est adouci en u (cf. les deux imparfaits Hitbpalel yisiaha'-veh |de silhiih^ se prosterner] ei yislahii). Il est plus dillicile de déterminer leurs rapports au point de vue de l’usage et de dire, par exemple, s’ils ont perpétuellement subsisté l’un à côté de l’autre, ou si l’un a sur l’autre l’avantage de quelque priorité. — </) On éprouve pareillement une grande dilliculté à déterndner le sens précis et la portée exacte du nom divin, même quand on lient compte de l’explication que Yalnvcli lui-même en fournit I Nul doute que, dans la pensée de Dieu, ce nom et cette explication ont un sens et une profondeur que l’on ne saurait ni restreindre ni limiter. A cet égard la formule des Septante 'E/'>) si^/i i m — O iiv àTiiinrvxh fj.i Tipi : ùnii, avec tous les concepts métaphysiques dontellenousapparailriclie, serait encore inadéquate. Et l’on en pourrait dire autant de la formule apocalyptique O in xxi i r, y xcl i éfiydfAÊ-^^i (-^/'.. ï) 'l)Yaliweli est Celdi qui est, sans aucune limite à son être, quant au temps et quant à l’espace : Celui qui est, qui était et qui sera à jamais. Mais la question se pose un peu dilléremment si l’on se préoccupe de la manière dont les auditeurs de Moïse comprirent cette formule et, par conséquent, du sens que Dieu voulait mettre à leur portée ; la suite de notre étude nous amènera à préciser ce point de vue. Sans doute les esprits des Hébreux del’Exoden'étaienl guèreouverts à la spéculation et à la niétapliysit|ue. Déjà jiourtant Yaliweb leur apparaît bien comme Celui qui est, en un sens éminent cl transc(^ndaiil : Celui qui est présent au milieu d’eux ; Celui dont l'être en même temps est constant, puisqu’il est, non seulement le Dieu de la race actuelle, mais encore le Dieu des pères, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob (^.r., iii, G) ; Celui qui est Cause, auquel Israël, dès ce premier moment, se sent redevable de sa délivrance et de son rachat (Ejr., iii, 8), duipiel il dépendra dans toute la suite de son existence, duf|uel il attendra la protection pour se faire un chemin au milieu des nations, sur lequel il comptera pour ses besoins de chaque jour, dont, par conséquent, la puissance de causalité lui apparaît immense danslegouvernement des hommes et dans le domaine de lu nature. Sous une forme plus ou moins précise, ces idées étaient au fond des âmes, simi)les encore, auxquelles Dieu se révélait Celui qui est.

F. — Le nom de Yahveli est souvent complété par une épithète que l’on ne saurait passer sous

silence : le Dieud’lsraël est nommé Yahweh sabaoth (S’hn'ôt). — a) La formule la plus conq)lète est Yiihii’g/i lohêy hass’bd'ét (Ani.^ iii, 13 ; vi, 1^) ou s’bd’tit (sans article, le nom étant sulfisamment déterminé par l’usage ; H Sam., v, 10 ; etc.). On trouve aussi d’autres formules ; dùndy Yahweh s’hd’ol (Ps. Lxix, 7), YahweJi 'lùliêv has.s Ld*ôt '^dônay (Ain, ^16) ; etc. Mais le plus souvent l’expression est réduite à Yahire/i.yba’ot. — h) La relation grammaticale de ces deux termes estassez difficile à déterminer. Les deux mots sonl-ils en construction, de telle sorte que la véritable traduction soit bien Yuhwch des armées ? Ou bien s’agit-il d’une apposition, de telle sorte qu’il faille rendre iahweh les armées, ou, en traitant lequaliUcatif comme un autre nom propre, Ynliweh S’ba’On On sait, d’une part, que les noms propres ne se mettent pas d’ordinaire à l'état construit. D’autre part, on rencontre certains cas dans lesquels le nom commun lôhim, substitué à Yahweh, demeure à l'état absolu devant Slin’ot (Ps., lxxx, 8, l’i) : de même, en d’autres cas dans lesquels ItiJiim suit le mot Yahweh (Ps. Lix, 6 ; LxxT, 5, 20 ; Lxxxiv, y). Si s bà'ol doit être considéré comme étant en apposition, c’est à titre d'équivalent d' lohéy s’hd'ôt. — f)Cette locution ne figure pas dans l’Hexaleuque, ni dans le livre des Juges ; on la rencontre dans Samuel, les Rois, les Chroniques ; elle est fréquente dans nombre de prophètes : Isaie, Jérémie, Osée, Amos, Michée, Nahum, ïlabacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie ; Ezéchiel ne l’emploie pas : elle se présente enfin dans plusieurs psaumes. — d) S’bà'ét (T' » 'yi) est le pluriel fémininfort régulier du substantif masculin. Vf ? //rt'(î<2s) qui veut dire armée. Mais de quelles armées s’agit-il ici ? On peut pensera des armées humaines, aux armées d’Israël. Yahweh a, en effet, pris grand intérêt, surtout aux origines, à ce qui regardait les troupes des Israélites et leurs succès. L’un des vieux documents qui renfermaient les souvenirs des combats d’Israël ne s’appelait-il pas Séjiliér Millf’mot Yahweh, le livre des Guerres de Yahweh (IS’um., xxi, 14)? Durant la conquête de la terre de Canaan et pendant les pi’emiers temps de l’occupation, le syndiole ollieielde Yahweh, l’arche, apparaît souvent en relation avec l’armée et la guerre (.V » m., x, 35, 36 ; Jos., vi, l^ sv. ; I Sam., IV, 3 sv. ; etc.). Dans Jus., v, i^, 15, à propos des préparatifs de la prise de Jéricho, il est question du n chef de l’armée de Yahweh ». Après ces remar(pies, il est intéressant de noter que, dans les premiers textes où on la rencontre, la locution Yahweh S’bd’dt est en rapport avec l’arche (I Snni., i, 3, 1 i ; cf. Il Sam., VI, 2) ; il estcurieux de releverdes expressions telles que celle-ci : Yahweh des armées. Dieu des bataillons d’Israël (I Sam., xvii, l^U)..ussi bien les armées d’Israël sont souvent désignées par le mot sabit,.s'6' « d/ (surtout, disent les critiques, dans le ( ; <)de sacerdotal : E.x., vi, 26 ; xii, 17, , ^i). Il semblerait même que ce mot n’impliquât point toujours une connexion avec la guerre, et qu’il falliit l’entendre de la multitude du peuple en général (/?.r., vii, 4 ; XII, 41 ; cf. Ps., xLiv, 10, etc ; voir Hclin. iif>. cit., p. 252). Dès lors la locution représenterait Yahweh sinq)lemenl comme Dieu du peuple d’Israël ; elle ne serait pas sans parallèle dans la litléraluie assyrienne, qui donne au dieu Tispak le litre de.Mardnl : sa iimiimni, Marduk des armées ; cf. Hchn, np. cit., [). 251)Mais, pour le mot saJi’a, la Bible atteste un autre sens ; il peut désigner les armées célestes, soit les armées des anges (I Hef ;., xxii, 19 ; Is., xxiv.2r ; etc.), soit les armées des astres qui, par la régularité et la subordination de leurs mouvements, semblent témoigner de la présence de chefs (]ui les dirigent (/.* « /(<, , IV, 19 ; XVII, 'i ; lReg., xvii, 16 ; etc.) ; dans ces cas, il est vrai, le mol sdbii' est toujours au singulier. Nombre