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JUIF (PEUPLE)

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singulier Jo"/i fait qu’on le traite beaucoup plus souvent comme une forme secondaire fondée sur le |)Uiriel lohiin lui-même (Nestlé). Dès lors on se demande ([uel est le sens de ce dernier mot et quels sont ses rapports avec l’autre nom commun 'fl, |)1. 'clim. D’aucuns traitent ces termes comme fondamentalement distincts et reviennent pour loliim à la racine rilali dont nous venons de parler. D’autres, en plus grand nombre, penchent dans le sens de la connexion : Xoldeke la regarde comme possible, sans plus ; Ewald l’allirme et rattache les deux mots à une racine 'ntali (/i guttural) à laquelle il attribue le sens d'être fort. DiUmanu invoque pour '('/ une racine 'dlali (h faible) qu’il rapproche de '(/, pouvoir, pour lui donner, à elle aussi, le sens d'être fort ; quanta loliim, il l’analyse comme une expansion de 'cl, à la façon de '"m/iliot pi. de 'dmdk ( nS ! <), servante. Nestlé traite, lui aussi, Idliini comme vin pluriel emphatique de 'cl. Hchn (op. cil., p. 209 sv.) arrive au même résultat avec une théorie un peu dilTérente. On peut aussi, comme plus haut, pensera « /'//(, tendre vers. De ce pluriel d’intensité ou de majesté, comme on disait autrefois, on jieut rapprocher les formes ^'(^oif’m, le Saint (P/oi'., ix, 10 ; XXX, 3), 'étydriin, le Très Haut (Dan., vir, 18, 22, 26, 2'j). Les rapprochements que nous établissons entre lohini et et aboutissent à leur donner le même sens ; ce sont des cpilhêtes qui en Dieu saisissent surtout et traduisent la souveraineté, la primauté, la transcendance.

C. — Il y a plus d’un rapport entre ces termes et d’autres épitUètes qui jouent un rôle important parmi les appellations de la divinité dans le monde sémitique et en Israël. — La première est Baal, ha' al ('?y3). Ce mot veut dire maître, époux, souverain. . ce titre il est apte à exprimer le maître par excellence. Dieu. Sous la forme Bel, il désigne un dieu spécial du panthéon babylonien. Baal devient en quelque sorte le nom propre du dieu des Phéniciens, qui lui donnent pour parèdre Aslarlé ; il joue aussi un rôle dans la religion des Philistins. Parlant de ces dieux étrangers, la Bible dit tantôt ha al au singulier avec ou sans article, tantôt h' rilim au pluriel. Parfois même ce pluriel paraît être un pluriel de majesté, n’indiquant pas nécessairement la multiplicité des idoles (Jud., 11, 1 1 ; iii, 7 ; surtout viii, 'i’i, etc.). Le Dieu d’Israël a, lui aussi, été désigné par cette épithèle ; on en a la preuve dans plusieurs noms propres théophores, notamment Isbaal (homme le Baal), l’un des fils de Saiil (1 Chron., viii, 33). D’autre part, Osée (11, 18) prohibe l’application de e terme (dans le sens de mon a époux i>)à Vahweh, ce ([ui témoigne d’un usage antérieur assez fréquent. C’est peut-être après cette défense que ce mot à été remplacé, dans plusieurs noms propres, par hoiél, honte (II Sd » !., if, 8, Isbaal devient Isbosélli). — Une autre épithéte revient au même sens : mélél ; , qui veut dire roi. On la trouve à maintes reprises appliciuée à Yaliweh, soit qu’on le considère comme roi d’Israël (1.S'('m., xii, 12), soit que l’on s’abstienne de restreindre le domaine de sa souveraineté (, /er., X, 7. 10 ; Ps. xxiv, ). 8, 9, 10 ; XLVir, 3, 8 ; etc.). .Vvec une vocalisation un peu dilTérente (mô/éA- ; lxx M'-'V). qui rappelle celle de hilsét et f|ui est peutêtre artilicielle, ildésigne le dieu auquel les Israélites nlTraienl des særilices d’enfants dans la vallée de lliiinom (II Itef ;., xxiii, 10 ; cf..1er., vii, 31 ; xxxii, 35) et qui présente de nombreuses adinités avec le dieu des 'Vmmonites, plus ordinairement appelé Mileom (forme em])Iiatique dérivée de la même racine). — Il faut encore mentionner une autre c[>ilhète. qui a eu meilleure fortune que les précédentes : le mol 'ûdvn (inK), maître, seigneur, qui a fourni le nom

du dieu phénicien Adonis. Au singulier, ce terme peut accompagner le nom du Dieu d’Israël (lix., xxiii, 17 ; XXXIV, 23 ; Is., I, 24 ; etc.), ou même le renq)lacer (Ps. exiv, 7). Mais c’est au pluriel — véritable pluriel d’excellence — qu’il se substitue au nom propre du Dieu biblique (Mal., i. G). La forme la plus commune est celle à'Adonay (prop. '"diinfnj) dans laquelle le pluriel est construit avec le sullixe de la 1" personne singulier (littér. mes seigneurs), et qui veut dire tout simplement le Seigneur. C’est un terme courant (]ui tantôt accompagne le nom divin qu’il précède ((Ven., xv, 2, 8 ; etc.) ou qu’il suit (l’s. Lxviii, 3 1 ; cix, 21 ; etc.), tantôt le remplace à la façon d’un véritable nom propre (/. «., iii, 17 ; Ez., xviii, aS, 29 ; etc. ; ef. la locuti’jn caractéristique Adiintiy Eloltim, Ps. xxxviii, 16 ; etc.). On sait que, dans ja lecture publique des synagogues, ce mot fut, par une sorte d’usage et de rubrique, substitué perpétuellement au nom propre divin, traité comme inelfable. — Pour le sens, ces diverses épithcles se rapprochent beaucoup d’El et d’Elohini.

D. — La forme la plus usuelle du nom i)ropre du Dieu d’Israël est représentée par le tétragramme )7m/i ( nirr). — « ) On a hésité assez longtemps sur la prononciation de ce mol. Jéliosah ('l161ali) est un barbarisme récent (1020), dû à l’adaptation des voyelles du qercy perpétuel '"dônnr aux consonnes du tétragramme. — i) Pour fixer une lecture sur laquelle on n’a aucune indication positie et directe, ou use de deux séries de données. Les unes sont fournies par les auteurs anciens qui pouvaient connaître la prononciation tBaditionnclle. Or Théodoret nous dit que les Samaritains prononçaient I'^,.? ;  ; saint Epiphane attribue la même prononciation à un groupe de chrétiens. Clément d’Alexandrie témoigne en faveur d’une prononciation 'l’j'.ji. Au point de vue phonétiquT', ces deux articulations sont des jilus voisines. — c) L’autre indication est fournie par le texte fameux &'Ex., iii, !  : « Dieu dit à Moïse : Je suis celui qui suis. Et il dit : Ainsi tu diras aux enfants d’Israël : Je suis m’a envoyé vers vous. » On sait l’importance de ce texte, dans lequel le Dieu qui choisit Israël pour son peuple lui manifeste le nom sous lequel il veut être honoré, et en quelque manière le délinit. Or la forme même du nom. dans 14, n’est pas la forme usuelle : on a 'lirlt (riTlN) au lieu de yhuli (mri')) "^ c’est cette forme 'Aj/ ; (rrriN) que 14" déûnit. Cette forme est connue ; c’est la I" personne singulier de l’imparfait (la vocalisation massorétique consacre la forme qal) du verbe hindli (nin). être. Parlant lui-même, en cette apparition décisive, le Dieu d’Israël se désigne par une l" pers, et, pour se définir, il ne trouve rien de mieux que d’insister simplement sur celle i " personne dont l’usage est courant et le sens connu ; 14-' équivaut à dire : Je suis. Ce sens rejaillit tout naturellement sur celui du tétragramme usuel)/(n7/ (rr^"') t)n est invité à y voir une 3' pers. de l’imparfait du verbe liâyiih (riTl), ou mieux du vieux verbe- h(hiiti ( nin), cire. Les règles de la ponctuation massorétique aboutissent à une orthographe i’ah-aéh (m, -|i) ou Yahwéh ; elle est, on le voit, 1res voisine decelle de Clément d’Alexandrie. — rf) Seulement l’on se demande, sans pouvoir aboutir à une solution définitive, si l’on est en présence d’une forme simple (// est) ou d’une forme causalive (// fait (Ure). Ainsi le Dieu d’Israël s’appelle et se définit Je suis : on l’appelle U est ou Qui est.

E. —.V côté de celle forme, on en rencontre une plus l)rève. — « ) On la connaît depuis longtemps comme un élément de beaucoup de noms [)ropres théophores. Elle revêt sa physionomie vraie à la fin des mots, cl c’est Yâhù (cf. 'llizqiyydhù, Ezéchias ;