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JESUS CHRIST

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suffrage des saints, l’autorité de l’Eglise ont confirmé, en la recevant, une dévotion si touchante.

462. — Depuis cette époque, le témoignage rendu par l’Esprit de Dieu dans les ànies n’a pas cessé de se faire entendre. Si l’on cliercliail des voix illustres par lesquelles il s’est exprimé, on n’aurait que l’embarras du clioix, entre les plus pures et les plus disertes. entre celle duCcnii d’.j<set celle de Frédéric OZ.A.NAM, celle de Lacohoaihe, et celle de John Henry Newmas. Mais citer serait iniini.

Comme autrefois, autant que jamais, Jésus est aimé. On vit pour lui, on meurt pour lui. Sa vie et sa passion, son nom et son évangile, sa croix et son cœur sont l’objet de l’attention passionnée, de l’imitation généreuse, souvent héroïque, de milliers et de millions d’hommes. Beaucoup, parmi ces hommes, ne l’ont jamais perdu ; d’autres l’ont reconquis : tous sonti dignes de lui), car ils l’aiment « plus que leur père et leur mère, leurs frères et leurs sœurs, leurs fils et leurs liUes ».

463. — Tout cela est proche de nous et ne requiert pas d’être appuyé par des textes : l’expérience (|Uolidienne y suHit. Ce qui n’est pas moins visible, c’est le développement de l’amour pour l’Eglise et le rôle qu’on lui attribue. Plus que jamais, dans l’anarchie d’opinion engendrée par le pullulement des philosophies du fieri et l’application hâtive des méthodes scientiliques, on sent le besoin d’une autorité certaine et d’une tradition réelle. L’individualisme protestant a porté toute ses fruits. L’exposé fait ci-dessus du problème du Christ et des solutions qu’on lui donne hors de l’Eglise, suffit à montrer ce que la théologie libérale laisse subsisterde certitudes, touchant la personne, la doctrine, la mission de Jésus. A peine plus que le rationalisme le plus corrosif ! Parmi les conllits d’opinions et la poussière des dissections critiques, le fonds même du christianisme tend à se volatiliser ou s’obnubile de telle sorte que le, croyant reste le cœur et les mains vides : « Ils ont pris mon Seigneur et je ne sais où ils l’ont mis I »

L’Eglise seule, forte de l’autorité d’un enseignement assisté et d’une expérience religieuse de vingt siècles, garde le dépôt sacré sans décourager les recherches. Elle ne craint rien de celles-ci ; elle n’a rien perdu de celui-là. On ne trouve vraiment le Chriiit qu’en elle, et le mot pathétique d’Augustin se vérifie clia([ue jour : c’est par la prédication catholique qu’on entre en héritage de l’Evangile et, par lui, de Jésus de Nazareth : ipsi evangelio catholicis prædicantibus credidi.

464. — En tout temps donc, en tout lieu, partout où l’Esprit a soufflé sur les âmes, sur les meilleures, les plus pures, les plus désintéressées, les plus avides de jjerfection ou de sacrifice, loin d’opposer Jésus à son Père, loin de voir dans le titre de Fils unique de Dieu une usurpation ; dans le culte rendu au Christ incarné un obstacle ou une diversion au culte dû à Dieu ; dans son amour de prédilection et d’adoration une déviation de ce qui doit être réservé au Seigneur seul, l’Esprit saint a témoigné en faveur de Jésus de Nazareth.

Il a révélé en lui la vérité qui, dans l’ordre religieux et moral, délivre. Vérité à ce point centrale que partout où elle subit une éclipse, c’est la notion même de la Divinité qui s’alTaiblit, s’obscurcit ou se morcelle.

Dans l’exemple laissé par Jésus, l’Esprit a indiqué la voie, hors de laquelle ni l’audace du chercheur ne trouve d’issue vers les cimes du bien parfait, ni la marche solide et régulière du soldat une route droite vers le but. A-t-on essayé de changer cette

direction, on a rétrogradé vers les bas-fonds, Aers les terres maudites des discordes fratricides, vers le désert de l’égoïsme ou les hauteurs irrespirables de l’orgueil individualiste et stérile.

L’Esprit enfin a fait trouver, dans la dilection nourrie par la lecture de son Evangile, par la contemplation de ses mystères, par l’etlicace de sa présence sacramentelle, par- l’exemple et l’action de ses serviteurs, la vie. La vie, dont a besoin celui qui ne veut pas vivre seulement de pain ; la vie de pensée et d’amour qui donne à la destinée un prix infini ; la vie qui se communique d’àme à âme, comme un flambeau sacre prête sa flamme à d’autres flambeaux.

465. — Mais(etcette constatation, moinsaperçue, n’est pas moins frappante pour le penseur) l’Esprit Sciint, en fomentant dans ces cœurs d’hommes ces convictions et ces sentiments, n’a pas émancipé ceux qu’il éclairait : il les a rendus libres sans les faire indépendants. Illeura inspiré Tamoiu- des liens fraternels qui unissent tous les amis de Jésus en une immense famille ; l’estime d’une autorité qui n’exige la soumission que pour assurer la conservation et la transmission certaine des biens éternels acquis par le Christ. Nul ne peut plus dissimuler, par contre, la faillite, sur le terrain chrétien, des fauteurs d’individualisme et de leurs disciples.

CONCLI’SION

466. — Pour résumer cet article, nous rappellerons que dansun temps et un paysqui nous sont bien connus, fils d’un peuple dont nous pouvons retracer avec assurance les idées et préoccupations principales, parut, il y a près de deux millénaires, un homme, né de Marie et (comme on le croyait) d’un charpentier de Nazareth, Joseph. Reprenant les traces d’un prophète très influent, dont le témoignage fut le plus éclatant de ceux qu’il recueillit alors, Jésus de Nazareth commença de prêcher vers sa trentième année. Sans revendiquer d’abord explicitement et devant tous les prérogatives de l’envoyé divin, du Messie attendu en Israël, le nouveau prophète s’imposa pourtant dès le début par l’autorité de sa parole et la puissance surhumaine de ses œuvres. Puis, quand il eut purifié la conception du Royaume de Dieu des vues intéressées qui avaient prévalu en Israël, quand il eut mis dans leur jour les conditions de religion sincère et de sainteté morale indispensables pour y entrer. Jésus encouragea plus explicitement ses disciples dans la foi qu’ils avaient conçue en lui. Il noiu-rit cette foi par des déclarations, des actes, des revendications qui, tout en comblant les attentes messianiques, les dépassaient : le Il Fils de l’homme » s’affirma, en un sens unique et incommunicable. Fils de Dieu. Sur la fin de sa brève carrière, interrogé puliliquement, au nom du Seigneur, par le grand prêtre de sa nation, Jésus soutint son dire et y mit sa vie.

Rien en lui d’ailleurs qui trahisse une exaltation malsaine ou une ambition égoïste. Jusque dans le sublime il reste maître de sa parole, simple, parfaitement équilibré. Sa limpidité d’àme est sans exemple, son innocence ou, pour mieux dire, sa sainteté s’impose aux plus prévenus. Ses actes et ses paroles se soutiennent et se répondent : une vertu divine émane de lui, une sagesse divine est sur ses lèvres. Il guérit, il console, il révèle : nul homme n’a parlé comme cet homme, mais nul aussi n’a vécu comme lui. H donne des signes de sa mission : non les prestiges qu’on escomptait, mais des miracles dignes de son Père et dignes de lui, persuasifs et non accablants. II prophétise, et la réalisation de ce qu’il a