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JESUS CHRIST

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réveil de quelques jours, et de la moiL définitive’)-Ges ridicules tictions, comme aussi les variantes, à peine plus vraisemblables, par lesquelles on a essayé de les rajeunir (enlèvement du corps par les gens du Sanhédrin) ont fait leur temps. Les critiques les plus radicaux : un P. W. Schmibdel-, un Arnold MeyerS, pour ne pas parler des autres, en ont reconnu l’inanité. Leur maître à tous, David Frédéric Strauss, avait, avant eux, cinglé de son ironie ces vaines tentatives’. Toutes comportent une part d’insincérité et de l’raude, qui n’est pas seulement rebutante en elle-même, mais hautement invraisemblable : fraude de la part des apùlres, ou fraude — tout à fait contraire à leurs intérêts — de la pari des Juifs, membres du Sanhédrin. Strauss s’espace en particulier sur l’iiypotlicse d’une survie succédant à une mort a])parenle : « Abstraction faite des difficultés dans lesquelles elle s’engage, cette conjecture ne remplit même pas la tâche qu’elle s’est donnée, d’expliquer la fondation de l’Eglise chrétienne par la croyance au retour du Messie Jésus à la vie. Un demi-mort qui se glisse en rampant hors de la tombe, un débile qui rôde de-ci de-là, un misérable qui a recours aux soins médicaux, aux bandages, aux fortifiants, aux luénagements, et qui, à In liii, succombe à ses soull’rances, ne pouvait absolument donner au.x disciples l’impression du vainqueur de la tombe et de la mort, du prince de la vie, qui est à la base de leurs démarches ultérieures^. » L’enlèvement du corps par les gens du Sanhédrin, à laquelle, en désespoir de cause, recourt Albert Héville, n’explique aucunement le changement qu’on est bien obligé de constater dans l’esprit et l’attitude des apùtres.

de l’enlèvement a été reprise sous diverses formes, altril )uée (à litre de conjecture plus ou moins plausible) ù Marie de Magdala par Rf.na^ ; à Joseph d’Arininthîc par Oskar UoI.TZMA^^’dans sa T/c Jt- ycius, 1*)01, H. J. IIoltz-MAN. N dans son Hand-Commentar sav les Syaopiiinies. 188’.(, 1901, et W. HEiTMilLLEK, Jésus, 1918, p. lO’i ; aux Juifs par Alb. Rkvili.l. — Voir E. M.v.genot, La Hesurreclion de Jésus, Paris, 1910, p. îlilî-iSg.

1 Das Leb n Jesit als Gi und’.age einer reiiien GeschichLe des Urcliristcntunis, Heidelberg, 1828. L’hypothèse a ëlé défeQdne j)ar K. A. Hase, dans sa Leben Jesu, 1819, 51805, et sa GescIticUte Jesu, Leipzig, 1-S76. Elle a été rejirise, notamment, par W. Sand, La fêrîlé sur la mort de Jésus-Clirlst, Pai’is, 19’t ; ï ; P. Gai.i.L’AUD. Le problème de la résurrection du Christ, ! *ar19, 1909, et les tUéosophes en général.’2. Résurrection.,. narratives dans VE, B., IV, col, 40(î(>, 4067.

3. iJle Auferstehung Chrlsti, p. 117 sqq.

4. Il s’explique conlpe Paulus dans le troisième des écrils polémiques suscités par sa peemièce Vie de Jti-ius {Sireilschri/’ten zur Vertciduiig meiær SeJtri/’i icber das Leben Jesu, Tùbingen, 18 :  ! 7) ; conli’e Reimaïus dans sa Vie de Jésus pour le peuple allemand, postérieure de près do trente uns, et très dill’érente, comme on « ait, de la première Leben Jesu (Das Leben Jesu fiir das deutsehe Volk bearbeil.et, heinzig : , 18( »’i).

.’J. Das Lrhen Jesu fiir das deutsehe Volk bearbeîtet’-^ Leipzig, 1874, p. mm.

6. Jésus de Nazareth, Paris, 1907, 1, p. 4fîl sqq. V. ttosK, Etudes sur tes Eeani^iles *, Paris, 190.’), p. 311-316, fait justement remar(iuer l’invraisemblance, dans l’hypotUi-se, du silence prolongé gardé parles Sanht-drites au moment de la prédication publique de Jésus ressuscité. « Conçoit-on qu’en face de cette prédiction solennelle de la résurrection de l’homme qu’ils ont voulu détruire en le crm-iâant, ces autorités haineuses et sarcasliques, si elles ont contribué a l’enlèvement du cudovr-e, soient restées silencieuses et inartives.^ hn pièce à conviction était entre leurs mains ; ils pouvaient ébranler d’un seul geste, d’une parole, la foi nouvelle dont les progrès rapides les inquiétaient, et, ajjrés avoir tué le prophète, ruiner son œure pour toujours. Si les -Sanbédi ites se sont tus, s’ils n’ont pas opposé ce démenti éclatant, c’est paixe qu’ils n’étaient pas en état de le fournir)) [j. 31.t.

391. — Aussi la presque unanimité de nos adversaires contemporains, laissant à leur désuétude ces échafaudages d’hypothèses, s’oriente dans d’autres voies, plus radicales, plus négatives encore. Après avoir de leur mieux disjoint et rétréci la base de fait supposée par les récits, ils recourent, pour expliquer le reliquat — que la foi universelle et féconde de l’Eglise primitive en la résurrection ne leur permet tout de même pas de négliger ! — à deux expédients principaux : celui devisions subjectives, hallucinatoires, et celui de croyances préexistantes, qui auraient agi par voie d’infiltration et d’inspiration sur la première génération chrétienne. Sous cette influence, une impression d’abord fugitive et fluide aurait acquis du corps, se serait précisée, précipitée en affirmations positives, solidifiée en récits détaillés.

398. — Avec des dosages différents, cette mixture d’hypothèses se retrouve dans tous lestravaux récents consacrés par des auteurs rationalistes à la résurrection. Mais là s’arrête l’accord. Au cours de la triple étape fom’nie par nos adversaires : élude critique, destinée à « réduire » les textes ; élude sur le nombre, le temps, le lieu et la nature des visions ; désignation ou suggestion des traits, des mythes, des croyances qui auraient réagi sur les apôtres et les évangélistes — le gros des écrivains se divise en petits groupes, et finalement s’émiette en individus. Dans le champ, à peu près indéfini, des conjectures, chacun se trace un sentier, au gré de ses préférences, des postulats de sa philosophie parliculiôre, des hasards de sa compétence. Ce qui parait" possible » à l’un est déclaré par l’autre insoutenable, contraire a aux lois de la nature ». Pour ceux-ci, il ne peut s’agir, en aucun cas, de « résurrection » proprement dite. Parlez-nous, si vous voulez, d’  « immortalité’ni Sur les infiltrations mythologiques possibles, probables ou certaines, les divergences s’accusent avec une crudité qui serait, dans tout autre sujet, divertissante. On pourra en juger plus bas.

393- — la réduction des textes. — Deux moyens sont généralement employés pour éliminer une partie des textes : l’incompossibililé de l’énuméralion paulinienne des apparitions avec bon nombre de celles que rapportent les évangiles ; l’existence, et l’incompossibililé, de deux traditions évangéliques, dont l’une placerait les apparitions majeures à Jérusalem, au troisième jour, l’autre en Galilée, après un laps de temps plus considérable.

La ])remière de ces difficultés suppose à tort (nous r.ivons montré plus haut, n. 362) que l’énuméralion faite par saint Paul est complète, exclusive de tout ce qui n’y figure pas. Hypothèse arbitraire : le plus érudit de ses défenseurs et le plus acharné, M. P. AV. Sc.H.Mn : nEi„a beau s’y mettre à mainte reprise, affirmer que Paul a dà rapporter tout ce qu’il savait sur le sujet, à cause de l’importance qu’il, v attachait’ ; que les transitions même employées par PApôtre :

« alors…, ensuite…, ensuite…, alors finalement », 

excluent tonte omission « de la manière la plus décisive

  • » ; qu’il n’avait aucune raison de ne pas men

1. K. Lake, The historical et’idence ofthe Résurrection,.., p. *-68, 269 ; Alfred Loisv, Siniples réflexions sur le Décret LameiitabiU-, Paris, 1908, p. 170.

1. Résurrection… narratives, dans E.B., IV, 4057. L’auteur s’était déjà expliqué en ce sens dans son commentaire du passage afférent : l/and-Commentar zurn N. T, , éd. IL J. lloltzmann, II, 1, Freiburgi. B., 1891.

3. Ibid., col. 4058. Le D’1". 11. Chase remarque justeniiMktlt-dessus, Cambridge theolo^^ical Essai/s. London, 190 : », |j. 395, note 1. que limite/., « ensuite », marque roriirc des ap|)aritions (par ex. les Douze après Ccq>hiis|, mais n’e.eelut nullement la présence d’autres apparitions dans