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JESUS CHRIST

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370. — Le premier jour de la semaine, Marie de M.’igdula vient le matin au tombeau, avant l’aube, et elle voit la pierre du st^pulcre ûtée. Elle court donc, va trouver Simon Tierre et l’autre disciple — celui tjue Jésus aimait

— et leur dit : « Us ont enlevé le Seigneur du tombeau, et nous ne savons où ils l’ont mis ! > Pierre sortit donc, et Tautre disciple, et ils vinrent au tombeau. Tous deux couraient ensemble, mais 1 iiulre disciple précéda Pierre à la course et vint le premier au sépulcre. S’étant penché [à lintér’icur] il vit les linges gisant, mais n’enlra pas. Simon Pierre, fjui l’accompagnait, arriva donc et entra dans le sépulcre : il vit les linges gisant [à terre] et le linge dont on avait entouré sa tête, non pas avec le* autres linges, mais plié à part dans un [autre] endroit. Alors entra aussi l’autre disciple, qui était arrivé le premier au tombeau : il vit et crut. Jusqu’alors ils ne savaient pas [le sens de] l’Ecriture, t’i fallait que [Jé^us] ressus citât dps morts. Les disciples s’en retournèrent donc chez eux.

Marie se tenait près du sépulcre, à l’extérieur, pleurant. Or, comme elle pleurait, elle se pencha [à rintérieur| du tombeau et vit deux anges vêtus de blaïic, assis l’un a la tête, l’autre aux pieds de la place où gisait [auparavant] le corps de Jésus, lis lui dirent : x Femme, pourquoi pleures-tu.' >' Elle leur dit : « C’est qu’ils ont pris mon Seigneur et je ne sais où ils l’ont mis.)> Ce disant, elle se retourna et vit Jésus debout — mais elle ne savait pas que c’était Jésus. Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Elle, pensant que c’était le jardinier, lui dit : « Seigneur, si vous l’avez emporté, dites-moi où vous l’avez mis et je l’enlèverai. » Jésus lu » dit : ’1 Marie ! » Elle, s’étant retournée, lui dit en hébreu :

« Rabboni » (ce qui veut dire : mature). Jésus lui dit : « Ne

me touche pas, car je ne suis pas encore remonté vers mon Père. Mais va vers mes frères et dis leur : « Je monte vers mon Père et le vôtre, vers mon Dieu et le vôtre. » Marie de.MoLrdala vint et annonça aux disciples : a J’ai vu le Seigneur et il m’a dit ceci. »

Et comme il était tard, ce jour-là, premier de la semaine, et, par crairte des Juifs, les portes étant closes du lieu où se tenaient les disciples, Jésus vint et se tint dcbfput au milieu [d’eux]. Il leur dit : « Paix à vous », et ce disant il leur montra ses mains et son côté. Les disciples se réjouirent donc, voyant le Seigneur. Or, Jésus leur dit derechef : « Paix à vous ! Comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie, n Et disant cela il souffla et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. Ceux de qui vous remettrez les péchés, ils leur sont rem s ; ceux de qui vous les retiendrez, ils [leur] sont retenus. »

Or l’un des Dou ?e, Thomas, appelé Didyme, n’était pas avec eux quand vint Jésus. L^s autres disciples lui dirent donc : « Nous’avons vu le Seigneur. » Lui leur dit :

« Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si

je ne mets mon doigt dans la marque fies clous et mu main dans son côté, je ne croirai pas. » Après huit jours, les disciples étaient enfermés de nouveau et Thomas avec eux. Jésus vint, les portes closes : il se tint debout au milieu et dit : « Paix à vous ! » Ensuite il dit à Thomas : « Mets ton doigt ici et vois mes mains, et ta main, tiens, mels-la dans mon côté, et no sois pas infidèle, mais croyant. » Thomas répondit et lui dit : « Mon Soigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : (( Parce que tu m’as vu. tu as cru : bienheureux ceu.x qui, n’ayant pas vu. croiront. »

Jésns opéra, sous les yeux de ses disciples, bien d’autres signes [miraculeux] qui ne sont pas écrits dans ce livre. Ceux-ci ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, Fils de Dieu, et pour qu’en le croyant vous ayez la vie en son nom.

371. — Après cela^ Jésus se manifesta de nouveau à ses

1. Contrairement à la fin de Man-, ce chapitre xxi’de Jean n’otTre pas, du point de vue textuel, prise au doute, Non seuiometit il n’existe « aucuno trace du fait que l’Evangile aurait été lu quol<pie part et à quelque époque que ce soit, sang ce chapitre xxi », mais f( cet épilogue est, avec le prologue, le morceau le mieux attesté du livre » ; Th. Zamn, Das Eran^clium des Johanncs ausgelegt^ Leipzig, l’.tOS, p. 11. Voir les [>reuves, par exemple dunsV Eïn le du ni> de Zahn, Il 3, p. ^19">-."107. Il reste que des indices très clairs : la présence d’une première finale : xx, 30-31 ; le caractère rétrospectif des faits narrés h ])artir du ver.*tet 20 ; l’attestation formulée nu vei-set V’/, forcent d’y oir

disciples, près de la mer de Tibériade ; il se manifesta ainsi. Ensemble étaient Simon Pierre et Thomas surnommé Didyme, Nathanaél, de Cana de Galilée, les [fits] de Zébedée et deux autres disciples. Simon Pierre leur dit : « Je vais pêcher, m Eux lui disent : « Nous [y] allons nous aussi avec toi. » Us sortirent, montèrent dans la barque et, cette nuit-là, ne prirent rien. Le matin étant venu, Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était Jésus. Il leur dit donc : « Enfants, n’avez-vous rien à manger.’» Us lui répondirent : m Non ! » Lors, il leur dit : « Jetez le filet à droite du bateau, et vous trouverez. » Ils jetèrent donc [le filet] et ne pouvaient plus le retirer à cause de l’abondance des poissons. Le disciple que Jésus aimait dit en conséquence à Pierre : « C’est le Seigneur. » Simon Pierre, entendant [dire] que c’est le Seigneur, mit son vêtement autour de ses reins (car il était nu} et se jeta dans la mer. Les autres disciples vinrent dans la barque, car ils n’étaient pas loin de la terre, mais à deux cent coudées à peu près, tirant le filet [plein] de poissons. Quand ils furent descendus ù terre, ils virent du charbon gisant, un poisson placé dessus et du pain. Jésus leur dit : « Apportez des poissons que vous venez de capturer. » Simon Pierre monta [dans la barque] et tira le filet plein de gros poissons ; cent cinquante trois. Et nonobstant qu’ils fussent si nombreux, le filet ne se rompit pas. Jésus leur dit : » ( Venez, dînez. » Nul des disciples n’osait lui dire : « Qui êtes-vous ? » (ils savaient que c’était le Seigneur). Jésus s’approche, prend du pain et le leur donne et semblahlement du poisson. Ce fut la troisième fois que Jésus se manifesta à ses disciples après être ressuscité des morts.

Quand ils eurent dîné, Jésus dit à Simon Pierre : (( Simon, fils de Jean, m’aimes-(u plus que ceux-ci ? t> 11 lui dit : ff Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime. » Il lui dit : (( Pais mes agneaux. » Derechef il lui dit une seconde fois : {( Simon, fils de Jean, m’aimes-tu } » [Pierre] lui dit : ({ Oui, Soigneur, vous savez que je vous aime. » Vésus] lui dit : » Pais mes brebis. » Une troisième fois il lui dit : (( Simon, fils de Jean, m’aimes tu ? » Pierre fut chagriné qu’il lui ait dit une troisième fois : » < M’aimes-tu ? ", et il lui dit : « Seigneur, vous savez toute choses ; vous savez que je vous aime. » Jésus lui dit : « Pais mes brebis. — En vérité je le le dis, quand tu étais plus jeune, tu te ceignais et tu te promenais où tu voulais. Mais quand tu auras vieilli, tu étendras tes mains et un autre te ceindra et [te] mènera où tu ne voudrais pas [aller], d (Il lui indiquait par ces paroles par quel genre de mort il glorifierait Dieu.) Et parlant ainsi il lui dit : (( Suis-moi. » Pierre s’étant retourné, voif, les suivant, le disciple que Jésus aimait et qui pendant la Cène reposa sur sa poitrine et lui dit : » Qui est celui qui vous trahira.’» Voyant donc celui-ci, Pierre dit à Jésus : « Seigneur, celui-ci, que lui [arrivera-t-il].’» Jésus lui dit :

« Si je veux qu’il demeure jusqu’h ce que je vienne, que

t’importe ? Toi, suis-moi. i) Le bruit se répandit donc parmi les frères que ce disciple-là ne mourrait pas. Or, Jésus ne lui dit pas qu’il ne mourrait pas, mais : « Si je veu.v qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t importe ? »

C’est ce disciple-là qui a témoigné louchant ces choses et qui les a mises par écrit — et nous savons que son témoignage est véritable. Jésus accomplit bien d’autres œuvres : si on les écrivait par le menu, je pense que le monde ne sullirait pas aux livres cpi’on écrirait.

Jo., X., XXI.

372. — A ces récils, on unit d’ordinaire quelques indicationsemprunléesauxévangilesnon canoniques

un appendice, qui ne rentrait pas dans le plan primitif de l’auteur. Voir Th. Calmes, l.’Evani^ile selon saint Jean, Paris, 190^, p. 46(1 sqq. ; B.’kiss, Das Johannesevanî*e~ lium ah rinheitUches W’erk^ Berlin, 1912, p. 3d4, 355 Quoi qu il en soit de la question littéraire soulevée par le verset 2’i, les souvenirs consignés ici sont incontestabletrès anciens (M. LoisY lui-même, Le Quatrième Evangile^ Paris, 1903, p. 926, en juge ainsi), et leur historicité est aussi bien attestée que celle des faits narrés dans les autres chapitres de l’évangile icdiannifjue : M. Lki’IN, f.n râleur historique du IV* rt-angile, Paris, 1910, l, p. 621 sqfj. Sur les détails et l’accord avec les autres traditions, H. B. SwKTE. The appearances of Onr Lord afier tfie Passion^ London, 19(1 ?, ch. vi, p. 51-66.