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JESUS CHRIST

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€sl le premier exemple, l’archétype, les « prémices », Paul pren’l bien soin de noter l’identité persistante (lu glorilié : « Il (nul que cette chose corruptible revéie rincorruptibilité, cette chose mortelle, l’iinmorlalilé » ; I Cor.. XV, 53.

361. — On ne gagnerait pas davantage à souligner la mention des Ecritures dans l’aflirmation fondamentale :

Le Christ est mort pour nos péchés, conformément aux et il a Mé enseveli ; [Ecritures,

Et il egt ressuscité le troisième jour, conformément aux et il a été TU pai’Pierre, etc. [Ecritures,

Oliaciine des parties de l’antitlirse : mort rédemptrice du Christ (rendue sensible par la sépulture) ; résurrection glorieuse du Christ (rendue sensible par les apparitions) ; avec sa contre-partie doctrinale : mort du chrétien au péché parle baptême ; résurrection à une vie meilleure et, en germe et en droit, glorieuse, sur le modèle et par la vertu du Christ ressuscité ; — se retrouve au fond de tous les enseignements de saint Paul. On pourrait presque résumer en elles sa théologie. Ces points substantiels sont formulés ici en termes qui sentent leur symbole, avec

« la précision et la concision d’un catéchisme’».

C’est à ce caractère traditionnel et catéchétique, expressément souligné par l’apôtre Ç-nKpéSuxcx. -/kp L/ufv…ô xai 7rîzfi : / ».J « ), qu’est due l’allusion scripturaire dont les adversaires de ce grand témoignage- ont souvent abusé. L’appel aux Ecritures était, dans rai)ologétique primitive, un indispensable lieu commun. Les Libres inspirés offraient en effet aux évangélistes le terrain sur lequel ils pouvaient joindre normalement leurs auditeurs, ceux-ci étant tous, au début, des Israélites, des prosélytes ou du moins des personnes n craignant Dieu » (Supra, n. 53), et convaincues comme telles de la divinité des Ecritures. Mais ce renvoi à la parole de Dieu n’était pas toujours, il s’en faut, un argument apodictique, et beaucoup moins dispensait-il d’autres preuves.

363. — Ces preuves, en ce qui louche la résurrection, ce sont les apparitions du Christ. Rien n’autorise à penser que Paul ait voulu en dresser, dans cet endroit, une liste complète. Toutes les vraisemblances sont au contraire pour un choix raisonné, l’apiitre retenant, et énonçant dans un ordre que les transitions nous donnent, en gros, pour chronologique, les témoignages qu’il jugeait les plus propres à convaincre ses correspondants. D’abord, Pierre (on sait que son autorité était si grande à Corinthe qu’elle balançait celle même de l’apotre fondateur : I Cor., I, 12). Ensuite, le collège des Douze 3. Puis la grande apparition collective, qu’on a vainement

1. Ferdinand Pkat, i « Théologie de saint Paul, II, 1912, p. t>2. Sur la catéchèse apostolique et paulinienne, excellente note ibid., p. 61-67.

2. En particulier M. LoiST, Les Evangiles synoptiques, II, 1908, p. 740 : u Ou peut même dire qu’il [Paul] entend le prouver [le fait de la résurrection] par les Ecritures avant de le prouver par les apparitions. » Cependant l’auteur note, là-même, que <( la référence aux Ecritures porte… spéciulement sur le troisième jour i) ; ibid., n. 2 [[envoyant dans le texte à l’appel de la note 1].

Dans Jésus et la Tradition éfangélique, 1910, p. 200, M. Loisy ajoute qu il est u de toute invraisemblance que les textes de 1 Ancien Testament aient suggéré d’aboni aux J : sciples la résurrection de leur Maître. Pour trouver cette résurrection dans les textes… il fallait être convaincu premièrement qu’elle devait y être ; c’est-à-dire qu’il fallait y croire pour la découvrir dans l’Ecriture i).

3. Le undecim de la Vulgale est sans doute le rellet d’une correction postérieure..Même sans Judas, et avant l’élection de Matthias, le collège restait celui des Douze.

cherché à identifier avec une de celles que rapportent nos évangiles : la mention de la survivance de la plupart des témoins est ici un indice clair de l’intention ai)ologctique de Paul, u’Vous pouvez les interroger », serable-t-il dire. L’apparition à Jacques avait une spéciale importance pour les lidèles de tendance judaïque, Jacques étant considéré par tous comme le principal des chrétiens judaïsants. Les (< apôtres » sont ensuite mentionnés en bloc. Finalement, Paul se meta sa place, la dernière, en dehors de la série primitive et normale des témoins. Tard venu dans l’Eglise, il a été enfanté au Christ d’une façon violente, et il n’a fallu rien de moins que la grâce de Dieu pour faire, avec cet « avorton », le plus laborieux des apôtres.

Nonobstant ces particularités du dernier témoin, l’apparition du chemin de Damas est égalée ici à celles des jours qui précédèrent l’Ascension. C’est le même mot qui les introduit : ’ : , i-/jr,. Cette assimilation toutefois ne porte pas sur les circonstances, mais sur l’évidence touchant le fait dont il s’agissait de témoigner. Les termes emplojés par Paul, ici et ailleurs : Il vue » (iùp’My. : I Cor., ix. i ; ii-fSi) : I Cor., xv, 8), « révélation » (ôi’i.T.’^/.y.’j.ù’Peui ; à-noy.’A’jfy.t riv ui’iv aù « û… ; Gal., i, la, iG), impliquent tous un élément de connaissance immédiate, lumineuse, interprétant avec certitude le phénomène extérieur. Les trois récits de l’apparition, tels que nous les donnent les Actes, confirment, à travers leurs divergences modales *, les indications personnelles des épîtres.

363. — Il reste que saint Paul, dans cette lettre écrite vingt-cinq ans environ après la Passion du Seigneur, donne la résurrection de Jésus pour un des articles fondamentaux de la croyance chrétienne. Comme il l’avait reçu en entrant dans l’Eglise 2, Paul l’a transrais et son enseignement sur ce point (ses correspondants le savent de reste et peuvent le vérifier ) est identiquement celui des autres apôtres.

Le fait ? Les Corinthiens y croient depuis qu’ils ont adhéré au christianisme : en douter serait renoncer à leur foi. Et ils y croient à bon escient, sur des témoignages indiscutables, dont les principaux sont rappelés : c’est Pierre dont, ici comme ailleurs ^, Paul détache et met au premier rang l’autorité ; c’est le collège des Douze ; c’est la foule des 500 disciples,

« nuée de témoins » dont l’un ou l’autre sera aisément

accessible à qui voudrait l’interroger ; c’est Jacques, le fidèle zélateur de la loi ; ce sont « tous les apôtres* ».

C’est Paul, enfin, qui termine et authentique

1. Act., is, 1-20 ;.XMi. i-17 ; xxvi, 9-l’.l. On peut se reporter à l’article important de V. Rose, Bei’ue Biblique, 1902, p. 321-316.

2. J’entends ici le 5 yv’^ TTvpûv.C’-y.’, conformément au sens du terme, au contexte et à toute vraisemblance, d’un enseignement traditionnel, non d’une illumination directe de Dieu. C’est trop jiresser quelques mots de l’épître aux Galates que d’attribuer, avec le P. Cornely (Commenta^ riits in I Cor., p. ^i."ï2 ; cf. aussi p. 33(>-337) cette connaissance exclusivement : « ~’/.piïa.%’-yj se. immédiate a Domino, hominis ministerio non interveniente H, à une révélation divine immédiate.

3. X. RoiROx. S. Paul témoin de la primauté de saint Pierre, dans Recherches de science religieuse, 1913, p. 489-531.

h. Il est très difficile d’identifier sûrement ces « apôtres ». Il nous semble plus probable qu’il ne s’agit pas seulement des Douze, mais du groupe entier des disciples de la première heure, ayant reçu leur mission du Christ ressuscité et parmi lesquels les Douze auraient été Icr premiei’s et principaux, par suite de leur élection et de leur formation particulière. ot Att)9. ce Dictionnaire l’article .Vpôtres, de Mgr P. B.^tiffoi., I, col. 251, 259 et passim.