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JESUS CHRIST

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ne laisse pas cependant d’être fortement souligné par d’autre textes. La vie que Jésus manifesta alors n’est pas en elTet la vie commune, telle qu’il la menait durant les jours de sa chair. C’est une vie nouvelle, glorieuse, divine, qui déborde par plusieurs de ses manières d’être notre connaissance actuelle. Dans ce sens, elle est pleine de mystère et objet de foi. Pour employer les termes consacrés en tliéologie, on la « croit », on ne la n voit » pas’.

Faute de distinguer ces deux points de vue, beaucoup d’auteurs se sont engagés dans un fourré d’objections inextricables. Car ni le fait, tel que les témoignages d’Iiistoire l’établissent, ne rend compte intégralement de cette vie surhumaine, dont la foi seule saisit toute la portée ; ni le caractère mystérieux de cette vie n’olfusque la valeur des témoignages par rapport au fait constant qui fonde la foi. Indépendamment des qualités merveilleuses et nouvelles constatées par les témoins du ressuscité, l’identité personnelle de celui-ci avec Jésus de Nazareth est objet de connaissance sensible.

("est à fonder cette alTirmation en raison et en histoire qu’on s’est attaché exclusivement ici. Ceux des textes anciens qui affirment ou exploitent le côté mystérieux, transcendant, a myslagogique n du fait, ne seront utilisés que dans la mesure où ils supposent et conlirment la réalité de l’événement.

3âS. — De ce qui constitue un signe divin : fait réel ; connexion certaine entre ce fait et la personne ou la doctrine ((u’il est question d’autoriser ; transcendance du fait par rapport aux forces naturelles à l’oeuvre dans le cas, nous pouvons prendre ici le dernier élément pour accordé. Si Jésus est ressuscité, c’est là chose divine, personne ne songe à le nier.

« Aujourd’hui, pour l’homme moderne, dit M. Ed.

Stapfbr-. une résurrection véritable, le retour à la vie organique d’un corps réellement mort est l’impossibilité des impossibilités. » i La réanimation ou la transformation soudaine en quelque chose qui ne serait ni tout à fait matériel, ni encore tout à fait spirituel, d’un corps réellement mort, emporterait la violation des lois le plus assurément connues de la physique, de la chimie, et de la physiologie. Le témoignage fiit-il cinquante fois plus fort qu’il ne l’est, n’importe quelle hypothèse serait rece^’ohle de préférence à celle-là^. »

Dans cette parole du D"" H. Rasudall, nous trouvons formulée en toute franchise la lin de non-recevoir opposée par nos adversaires au fait de la résurrection. Ce fait n’a pu avoir lieu, iiarcc qu’il impliquerait une dérogation sans exemple aux « lois delà nature (Voir supra, cï. III, sect. a, n. 236) : les témoignages fussent-ils cinquante fois plus forts, l’exclusion systématique du fait, au nom de la philosophie a scientiste », s’imposerait. On ne s’étonnera pas, après cela, de voir les auteurs précités prendre avec les textes les libertés les plus étranges. Ces

1. " Cliristus resurgensnon rediit ad vitam communiter notam sed nd quamdani vitam immortalem et Deo conformem. » Cette vie « Iratiscendehat communem notitiam et mvsterii plena est » ; S. Tho.ma3, Summa Theol., III P., q. 53, art. 2.

2. La mort et la résurrection de Jéiua-Christ, Paris. 1898, p. 26.

3.’1 Were tbe lestimony fifty times stronger than it is, any hypothcsis woald be more possible tliaii tlint » ; H. Rashdall, frapment d’un mémoire inédit, cité par KlKSOPP Lakk. The historical évidence fnr thc Résurrection of Jésus Christ. London, 1907, p. 269. Conséquemment à ces déclarations, Rashdall conjecture (comme possibles) des apparitions de Jésus à ses disciples, qui seraient " OD éTénement psychologique réel, bien qu’bypernormal n

t real though supernormal psychologicui event).

Tome II.

textes ne peuvent avoir pour eux que l’apparence de l’histoire. Quelles hypothèses ont été mises en avant pour expliquer les choses sans recourir à une résurrection véritable, nous le verrons plus bas.

N’excluant pas a priori, pour complaire « ux postulats d’une philosophie particulière, cette solution, nous allons rechercher si le fait de la résurrection est réel, et lié sûrement à la vérité de la mission de Jésus.

1. — La’Vérité historique de la Résurrection

356. — Epuisé par une longne et atroce agonie, Jésus fut interrogé par des juges prévenus qui poussèrent la bassesse de cœur jusqu’à l’outrager et à le brutaliser, en compagnie de leurs gens. Nous ne pouvons que conjecturer ce qu’il eut à souffrir ensuite, lié, grelottant, condamné, dans l’angoisse et le froid de la nuit. Trainé de prétoire en prétoire, sans répit et sans nourriture, pressé de questions insidieuses, flagellé à la romaine dans le but d’émouvoir le peuple à compassion, bafoué, maltraité, conspué, coiironnéid’épines, il ne put porlor sa croix jusqu’au Calvaire. On dut réquisitionner sur place un certain Simon, originaire de Cyrènc, père d’Alexandre et de Rufus, Mc, xv, 21. Cloué sur le bois, épuisé de sang et dévoré de soif, Jésus rendit l’esprit. Un soldat lui donna le coup de grâce et il fut enseveli dans cent livres d’aromates qui l’eussent achevé s’il avait respiré encore.

Mais il était mort avant. Nous avons sur ce point le témoignage concordant : de Pilate qui, étonné de cette mort relativement rapide, commit un centurion pour enquêter à ce sujet et ne livra le corps à Joseph d’Arimathie qu’après avoir eu la réponse. Mc, xv, 14-45 ; — des soldats, qui, voyant que les deux autres cruciliés vivaient encore, les achevèrent à coups de massue,./ «., iix, Si sqq. ; — des amis de Jésus qui le détachèrent de la croix, soignèrent le corps, le déposèrent dans le tombeau ; — des ennemis qui, craignant une fraude, Mt., xxvii, 62, durent prendre leurs précautions’.

337. — Enfin il n’est pas de point de fait plus solidement documenté que la sépulture de Jésus. Les quatre évangélistes la mentionnent en terniesexprèsi Me, XV, 42-/(7 ; Mt., xxvii, 57-61 ; fc, xxni, 50-55 ; Jo, , XIX, 38-42. Tous la décrivent. S. Pierre en parle au lendemain de la Pentecôte : Act., 11, 29, coll. xni, 29. S. Paul, non content de rappeler le fait : 5ti iry.yyi, I Cor., xv, 4, fonde sur sa réalité une ample théologie : / ?o « !., vi, 4 ; Col. 11, 12. Tous les symboles anciens en fontétat^.M. E. von DoBscniiTz,

1. « A vrai dire, la meilleure garantie que possède l’historien sur un point de cette nature — dit avec quelque

! exagération Renan. — c’est la haine soupçonneuse des

ennemis de Jésus, II est très douteux que les Juifs fussent dès lors préoccupés de la crainte que Jésus ne passùt pour ressuscité ; mais, en tont cas, ils devaient veiller ft ce qu’il fût bien mort. Quelle qu’ait pu être à certaines époques la négligence des anciens en tout ce qui était ponctualité légale et conduite stricte des afTaîres, on ne peut croire que, cette fois, les intéressés n’aient pas pris, pour un point qui leur importait si fort, quelques précautions. » Vie de Jésus’^, p. 444-4’15.

2. X. Seeberg, Der Katechismut der Urchrîstenheil^ Leipzig, 1903, p. 8.ï, 141. 202 ; Arnold Meter, Vie.Auferstehung Christi, Tubingen, 1905, p. 117 et 351. II a fallu toute l’audace de M. Loisy, pour révoquer en doute, sur des raisons hautement sophistiques, un fait si bien attesté. C’est à ce propos que, perdant tout se.itiment du réel, il a écrit : <( L’ensevelissement par Joseph d’Arimathie et la découverte du tombeau vide, le surlendemain de la passion, n’offrant aucune g^arantie d’authenticité [après qu’on s’est débarrassé, per fat et nefas, de tous les