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JESUS CHRIST

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282. — De cette analyse sommaire, où poiirlant ne manque ( « emble-t-il), ancun des cléments pouvant servir à élucider la question présente, il ressort nettement :

a) Que la difficulté provient ûu[<'>ldel’eiichainernenl du discours (plus précisément, de transitions temporelles ou de leur absence) que de son coiilenii.ll n’est pas toujours aisé de déterminer dans le détail ce qui appartient à chacune des tribulations prédites, à l’avciiement premier du Fils de l’homme s’opéranl par la ruine de la Cité et de la génération coupable,

— ou à l’avènement ultime, glorieux, délinilif et personnel. L’impression du lecteur pressé est d’abord que ces deux visions sont en continuité, mp me temporelle, l’une avec l’autre, et que la « génération présente » contemplera les deux avènements.

b) cette impression est beaucoup plus forte chez celui qui lit le discours tel qu’il est rapiiorté dans le I"" évangile, où les transitions sont plus accusées, et la confusion des traits plus grande.

283. — La ditUculté est donc surtout (remarque capitale) d’ordre littéraire. Elle est motivée soit par l’usage de transitions, où nos évangéiisles se donnent habituellement, nous le savons de reste, assez de large ; soit par le groupement d’éléments analogues entre eux, se rapportant aux choses « ultimes ». Or nous avons lieu de tenir cet ordre, ce groupement — chez saint Matthieu surtout — pour partiellement artiliciel, au sens premier du mot, c’est-à-dire pour ilù au libre choix de Tauleur. Nous avons lieu de l’adrællre, parce que plusieurs des paroles ainsi groupées sont distribuées autrement ou ailleurs, dans les deux autres évangiles ; et parce que la manière littéraire de l’évangéliste, connue traditionnellement, consiste à ordonner, en des ensembles cohérents, des déclarations et paroles du Seigneur traitant de sujets similaires, mais prononcées en divers temps. Ces observations incontestables nous invitent à ne pas presser outre mesure, dans le cas, les indications temporelles.

D’autre part, la naturedu sujet traité et le caractère du style apocalyptique employé par Jésus expliquent Papparente confusion des prédictions concernant les deux avènements. Ces avènements sont, nous l’avoas noté plus haut, en continuité logique et réelle, le premier étant l’image, l’annonce et déjà le commencement du second. Les dilTérences si nettes dans les circonstances (le premier avènement est annoncé par des signes, prévisible, et laisse place à une fuite, — le second est foudroyant, impossible à prévoir comme à éluder) permettent un départ très suffisant de la matière eschatologique. Les divisions adoptées plus haut, qui ne comportent aucune transposition, départagent les traits entre les deux Parousies.

884. — Resteladifficulté réelle, maisqu’il convient de ne pas exagérer, tirée de la parabole du figuier et de sa conclusion : « Cette génération ne passera pas avant que tout ceci ne s’accomplisse, n La déclaration se trouve à la même place, et formulée en termes analogues, dans les trois évangélistes. Si l’on rapportait — comme le fait par exemple, 1. Knaben-BAUEH (suivant une suggestion de saint Jéhôme) les mots K cette génération-ci : >, /sï^k virr, », au corps même de la nation juive, considérée comme témoin de l’avènement du tihrist dansia chair et comme devant subsister jusqu’à l’avènement glorieux, après avoir subi, dans la ruine et la dispersion, lechàtinient providentiel de son crime — la difficulté disparaîtrait totalement. Celle solution n’est pas improbable, et apologéliquement on a le droit d’en faire état. Toutefois elle j>araUunpeu sublileet moins conforme à l’usage évangélique des mots « cette génération Ti me II,

ci ». Je préfère donc, ici comme ailleurs, prendre ces termes dans leur sens le plus naturel, en les appli([uant à la génération des contemporains du Sauveur’.

285. — La solution peut être cherchée dans l’expression :

« tout cei’i arrivera » (r.’J.v : y. TxiT-y., Ht rvûrv.

-y.iTv., Me ; Tra/TK, Le.). Ce sont les mots même mis par Marc sur les lèvres des disciples, pour désigner la ruine du Temple et ce qui l’accompagnera, dans la demande qui motive le discours de Jésus. Ainsi le TxûTKTryvTa du verset 30 répond exactement au raOra… r.y.-.Tv. du verset 4. Dans Luc, le r.y., - : y. du verset 32 répondrait également au T^ir » du verset 7, objet unique de l’interrogation donnant lieu au discours. Cette constatation lève toute difficulté 2.

286. — Seul Matthieu fait figurer dans l’interrogation initiale, avec les signes de la ruine du Temple (ryvTîz), un autre objet le signe de l’avènement de Jésus et de la consommation du siècle. Si nous ne possédions que cet évangile, et que nous fussions moins instruits de la façon dont Matthieu groupe et ordonne les dires authentiques du Seigneur, la difficulté, sans être insurmontable, serait plus grande. Car le Travry. TîtiTz du verset 34 semble bien répondre à la double question du verset 3, et comprendre par conséquent le second avènement parmi les faits dont la génération présente sera le témoin.

Il faudrait recourir à la solution générale exposée plus bas. tirée de l’unité dudessein divin. Mais il est permis d’interpréter, ici comme ailleurs, un témoignage imprécis par les autres(ce qui n’est pas « sacrifier » celui-là à ceux-ci, quand les deux interprétations respectent également l’historicité des dires du Seigneur et la véracité des écrivains. La différence porte sur la netteté dans la présentation des faits) De plus, les éléments que nous fournit le premier évangile rendent, à eux seuls, hautement vraisemblable l’interprétation que nous impose, ou de peu s’en faut, l’élude des deux autres.

En effet, si la formule finale, sentencieuse et sommaire, ne distingue pas entre avènement et avènement, les deux crises sont pourtant clairement discernables dans le discours tel que le rapporte Matthieu. Et les modalités attribuées à la crise finale, à la Parousie, absence de signes précurseurs certains, imprévisibilité, caractère foudroyant, sont si dilTérentes de celles attribuées à la ruine de Jérusalem, qu’elles rendent une déclaration globale fort peu probable. A quoi servirait-il d’indiquer des signes précurseurs (et toute la parabole du figuier a cette signification, et n’a que cette signification) pour un événement soudain, imprévisible, inéluctable ? Un coup de foudre (wjr-o r, v.iTÇirr.r.-r, : il//., xxiv, a^) ne prévient pas et ne se prévient pasi

287. — De plus, l’ignorance « du jour et de l’heure />,

1. VoirH. B. SwETE, Tlic Gospel aecording lo saint Mark, London, ty05, p, 316 avec les renvois. Les antres hypothèses qui expliquaient « cette génération » par l’humoxiîté, ou le monde entier, ou les croyants, n’ont pins qu’un intérêt historique, encore que cbucune puisse se recommander de noms illustres. On peut voir les principau.x dans Meyf « -B. Weiss, Das Matt/iæus Evangelium^^Goellingen, 1808, p. 422, note ».

2. C’est ainsi que l’eutend le R. P. LAGR-^^CE, E’angilr selon sninl.Marc, l’.UI, p. 324 sqq. (et autrefois dans la Revue liibliijue de 1906, p. 393 et sqq.). E. Klostf.rma.n.n fait justement remarquer que le r « i/ry- ne peut s’up|iliquer qu’aux signes, supposés visibles par la parole m<’*me du Maître. Or le premier avènement : ruine de Jérusalem, et non le second : parousie linal-’. sera précédé par des signes. Cette remarque renforce singulièrement l’exégèse adoptée ici, et qui est préférée par le P… Lemonnyer, dans l’article Fin du monde de ce Dictionnaire, I, col. 1921. Voir aussi A. Cfe’LLiM, La qiiesiione parusiaca, Monza, 1908.

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