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JESUS CHRIST

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donnance » dont il est ici question, et bien qu’il ne s’agisse pas uniquement, ni surtout, de l’ordre chronologique, il est sûr que ces indications sont précieuses pour apprécier le cas qui nous occupe.

376. — L’élude des transitions évangéliques nous avertit également de ne pas presseroulre mesure certaines indications temporelles, destinées plutôt à mettre en relief l’ordre du discours, ou à équilibrer le récit, qu’à noter la suite matérielle exacte des incidents’. Livres de doctrine et d’édilication, encore que fondes sur des faits dont la réalité garantissait aux écrivains la valeur religieuse, les récits évangéliques, et même celui qui se rapproche le plus d’une histoire purement narrative, veulent être interprétés à la lumière de ces indications certaines.

877- — Si, de ces généralités, nous descendonsaux textes de nos prophéties, nous verrons que les grouj )es I, 2 et 4 ne présentent aucune diiriculté sérieuse d’ordre littéraire. — i est propre à saint Matthieu et se place à la fin d’avertissements pour des temps de I)ersécution, qui ont été rapportés ailleurs par Marc et Luc, et reproduits en partie, par Matthieu lui-même, dans le grand discours eschalologique. — 2 se trouve chez les trois Synoptiques au même endroit, et c’est un des moments les plus nettement déterminés de la carrière du Sauveur : entre la confession de Pierre et la Transfiguration. — 4 se présente, chez Matthieu et Marc, avec des dilfèrences verbales intéressantes, mais exactement dans le même contexte : la parole est mise dans la bouche de Jésus comparaissant devant le Sanhédrin, pendant la nuit qui suivit la Cène. Luc attribue cette déclaration (qui a fort bien pu être répétée^ à une séance du malin, devant les mêmes interlocuteurs. Ce dernier passage est le seul qui contienne des paroles prononcées certainement en dehors du cercle des disciples.

S78. — Le groupe 3 — le plus important et le plus diilicile, V Apocalypse synoptique — se présente dans des conditions à part. Il s’agit d’un discours suivi, relativement (bien qu’inégalement) considérable, liomogène d’apparence et provoqué parle même incident. Les expressions d’admiration arracliées àquclques disciples par la vue des constructions grandioses du "Temple amènent sur les lèvres du Maître une terrible prophétie : de toutes ces splendeurs, il ne restera pas pierre sur pierre ! Celte assurance émeut profondément les disciples qui, privémenl, et après un intervalle de temps suHisanl pour le trajet du Temple au mont des Oliviers, interrogent Jésus sur l’époque de la catastrophe prédite et les signes qui l’annonceront (Me, l.c ; dans Mt., il y a une seconde interrogation, plus générale, portant sur l’avènement du Christ et la tin de tout). Suit la réponse de Jésus.

1. Chacun des évjtngéiîstes u sa transition temporelle de prédilection L’ê'^^w ; [incontinent, aussitôt] de Marc, est spécialement notable. oy.loli. Wkiss dans lu Zciischtift fur y. T. WisænschafI, 1910, p. l-24sqq. ; M.J Lagrangf.. Evangile sriori suint Marc^ p. Lxv sqq. Il est eDi|>loyé plus de qnnrantc fois on des sens divers et, nonohstaill sa pressante signification originelle, parfois très large, comme une simple indicalion pléonastique C’est souvent pure habitufle d’écrivain : voira ce sujet les rem.’irquos pénétra nt-’s de. Roikon, dans son Etiid^ sur V tnifit ; inatioiî auditivr dr Virgile, Vnris^ I9l)8, p..’) sqq. el/jajis/’w. Il snflit d’antre pari de lii-e saint Matlliien pour se rendre compte que ses transitions temporelles : K « f, 6£, av.1 ê’/5v ; t :  ; , ToVs, £v i/îrj’jt Tij zyfj’Sf.j, sont lijibiluellemenl des formules générales, auxquelles le contexte réel ou les vraisemblances permettent seuls d’attribuer une valeur précise. Plus Variées, les transitions de Luc ; xaJ, xat tyivcro^ Si, év Oz ra, /j^à Si T<r.rrv., etc., sont loin d’être toujours déterminantes.

279. — Dans le I" évangile, oonformérænl à l’ampleur lies questions posées et aux habitudes littéraires de l’auteur, la réponse est longue, et présente en série ordonnée tout l’ensemble des paroles du Seigneur (prédictions, avis, enseignements) sur ces graves sujets. C’est une sorte de Somme eschalologique, coupée d’indications temporelles ou réelles, que l’analyse suivante met en relief. (Les numéros renvoient aux passages parallèles des deux autres Synoptiques. )

[Ij Signes et avis coucernanl la ruiue de Jérusalem : calamités diverses, persécutions ; xxiv, 4-14.

[2] (I Et cet Evangile du Royaume sera prêché dans toute la terre, en témoignage à toutes les Nations, et alors la fin viendra » ; xxiv, 14.

[ ! ] Signes plus déterminés de la ruine de Jérusalem : II l’abomination de la désolation » prédite par Daniel, avis ; xxiv, 15-20.

[4].vis pour i( la grande tribulalion » introduite par ;

« Et ce sera alors » xxiv, 21 ; caractère foudroyant de la

crise : xxiv, 21-29.

[â] Description de la Parousie : « Aus.sitôt après ces jonrs » : xxiv, 29-32.

[6] Parabide dn figuier : « Cette génération ne passera pas…)) ; XXIV, 32-36.

[7] Ignorance du jour et de l’heure ; imprévisibilité de l’avcnemenl ; xxiv, 36-41.

[8] Exhortation à la vigilance imj>osée par cette imprévisihdité : xxiv, 42-fin, xxv, 1 3u.

[9] Description du Jugement final : xxv, 31-46.

880. — Dans le II’évangile, la réponse déborde la demande ; la description des deux crises et leur distinction sont beaucoup plus visibles, encore qu’elles se développent en sériesparallèles, qu’ona ingénieusement comparées à des strophes entrecroisées’.

[1] Signes el avis concernant la ruine de Jérusalem : (( les temps de détresse >-, persécutions : xiii,.5-14.

[2] (( Et il faut d’abord que l’Evangilesoit prêché à toutes les Nations u ; xiii, 10 [intercalé parmi les avis],

[3] Signes plus détermini’s de la ruine de Jérusalem : " raboininalion de la désolation » ; avis.xiii, 14-iS.

[4] Avis pour ({ la grande tribulalion », introduits par transition vague : « Car il y aura, en ces jours…)) : xiii, 19-24.

[.TJ Description de la crise ultime et de la Parousie : XIII, 24-27 ; (( dans ces jours-lîi, après cette Irihnlation ».

[6] Parabole du figuier ; « Cette génération ne passera pas… » ; XIII, 28-31.

[7] Ignorance du jour et de l’heure ; imprévisibilité : XIII, 32.

[S] Exhortation à la TÎgil.ince imposée parcelle imprévisibilité : xm, 33-37.

281. — Le I 11’évangile est beatieoup moins complet et, ayant situé ailleurs un bon nombre de traits recueillis ici par Matthieu (et partiellement par Marc), il ne prête pas à un parallélisme aussi suivi. Toutefois les lignes principales s’y retrouvent.

[1] Signes et avis concernant la ruine de Jérusalem : les temps mauvais, persécutions : xxi, 8-iy.

[2] Manque ici, reporté ù la fin de 3 ; « Jérusalem serji foulée partes Nations jusqu’à ce que les temps des Nations soient accomplis » : xxi, 24, b.

[3] Signes plus déterminés de la ruine de Jérusalem ;

« laliomination de la Hcsolalion)l. xxl, 20-24.

[4] Vvis pour n la grande tribulalion », introduits par transition vague : xxi, 25-26.

[51 Description de la Parousie ; xxi, 27.

[6] Parabole du figuier : n Cette génération ne passera pas)(… : XXI, 29-34.

[71 Manque sous cette forme.

[8] Caractère foudroyant de la crise el imprévisibilité ; avis de-vigilance : xxi, 34-37.

1, Voir l’analyse approfondie du P. Lacrance, ICi’angile selon saint Marc, p. 310-330.