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FRANC-MACONNERIE

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moins tle deux siècles, neuf Papes ont directement analliématisé la FrancMaçoiuieiie.

En 1788, le 4 mai, Clémknt XII s’expi-inie ainsi dans l’ÈncycIiiiue lu eininenti : « Sous les dehors alTeeiés d’une probilé natuielle qu’on exige et dont on se contente, [les francs-maçons]… ont établi certaines lois, certiiins statuts qui les lient les uns aux autres… Mais comme le crime se découvre lui-même, … ces assemblées sont devenues si suspectes aux lidèles que tout homme de bien regarde aujourd’hui comme un signe peu équivoque de i)ervcrsion le fait d’y être affilié. » Le Souverain Pontife frappait en conséquence d’excommunication majeure ces « ennemis de la sûreté [lubliquc », déjà proscrits par les princes.

— Ce texte indique que d’ores et déjà l’opinion publique ne jugeait pas la Fr.-. M.-, avec autant d’indulgence qu on l’a prétendu : notons que des mesures de répression furent prises contre elle par les magistrats protestants de Hollande en i-j’iô ; par ceux de Hambourg, de Suède et de Genève en 1788 ; par ceux de Ziirich en 17^10 et de Berne en 17^3. Il en l’ut de même en Espagne, en Portugal et en Italie à la suile de la Bulle de Clément XII ; en France, le Parlement de Paris refusa de l’enregistrer, ainsi que celle de Benoît XIV, si bien qu’elles ne fiu’ent point

« légalement promulguées » chez nous au x vin’siècle.

L’Encyclique Proiidas, de Be.oit XIV, est du 18 mai lyôi. Elle reproduit celle de Clément XII, et condanme à nouveau le naturalisme, le caractère secret, le serment et les tendances révolutionnaires de la secte.

Clémisnt XIII et Pis VI (Bulle Insciutahile diinnae aaptcntiae, 177^). fulminèrent contre le philosol )hisme, puis contre les destructions révolutionnaii’es, mais sans parler nommément de la Franc-AIaçonnerie.

Pu : VII, dans la bulle Ecclesiam a Jesii Chrisio (13 septembre 1821), dénonce les sociétés secrètes comme la cause des bouleversements de l’Europe ; il stigmatise l’hypocrisie des Carhoiiari, qui vont jusqu’à feindre le plus grand zèle pour l’Eglise du Clirisl. — Dans sa bulle d’excommunication contre Napoléon, il avait déjà accusé les sectes, conjurées contre le siège de Pierre, d’avoir inspiré la conduite de son ravisseur.

Liiox XII, le 13 mars 1826 (i)ulle Qito gratiora), après avoir reproduit les trois bulles de ses prédécesseurs, signale les ravages de la F.-. M.-, dans les centres d’éludés, où elle introduit des maîtres de perdition ; il supplie les princes de frapper des conspirateurs qui ne sont pas moins ennemis de leur puissant c que de l’Eglise ; et il recommande à tous les lidèles de fuir des hommes qui sont 1. les ténèbres de la lumière » et « la lumière des ténèbres ».

Par l’Encyclique Trai/iti hiiinilitdii nostrae(i ! t mai 1829), PiK VHI, — qui ne régna que dix-huit mois,

— signala le même péril que Léon XII : Par les maîtres qu’ils introduisent dans les Ij’cées et collèges, ils forment une jeunesse à laquelle s’appliquent les paroles de saint Léon : le me/isunge eut leur régie, Satan leur Dieu, la turpitude leurs sacrifices. »

GitiÎGoiRGXVl, — eneycli<pie.l/ ; Vrtr ; los, 1 5 août 1882,

— revient à son tour sur ce sujet, compare les sociétés secrètes à « un cloaque » dans lequel « sont entassées et amalgamées les souillures de tout ce qu’il y a eu de sacrilège, d’infâme, de blasphématoire, dans les hérésies et les sectes les plus scélérates n.

Piiî IX condamna cinq fois la Franc-Maçonnerie (eucycli(pie (Jui plurihus du 9 novembre 1846 ; allocutions aux évêques Siuifulari quidam, du g décembre 1854, et Muxima //uidem lælitia, du ij juin 1862 ; bref Ex epistula à Mgr Darboy. du 26 octobre 1865 ; encyclique Etsi multa luctuosn. du 21 novembre 1878).

On lit dans le second de ces documents : « Us imaginent un droit que rien ne limite, et qu’ils attrijjuent à l’Etat, qui serait, d’après eux, la source et l’origine de tous les droits. » Le bref Ex epistola, écrit, on le sait, à l’occasion des obsèques du lUiuéchalMagnan, contient le fameux passage : « Ces sectes coalisées forment la synagogue de Satan. » u Elles ont enlin ce à quoi elles aspirent, constate la dernière encyclique. .. En possession de la force et de l’autorité, elles tournent audacieusement leurs efforts à réduire l’Eglise de Dieu à la plus dure servitude. Elles voudraient, si c’était possible, la faire disparaître de l’univers. »

Tous les actes de Léon XIII tendent à combattre

« le poison mortel qui circule dans les veines de la

société humaine > (encyclique Quud ApostoUci, du 28 décembre 18 ; 8.) Celle de ses encycliques qui vise le plus directement la Franc-Maçonnerie est celle du 20 avril 188 : 1 (Ilumanum genus) : « Les dogmes principaux de la maçonnerie, dit ce texte, sont si manifestement contraires à la raison que leur perversité ne peut pas aller plus loin… Les maçons veulent constituer une société sans Dieu, tandis que les païens étaient si l>ien convaincus de la nécessité de rendre un culte à la divinité, que, d’après eux, il était plus facile de bâtir une ville dans les airs que de la constituer sans temple et sans culte… Ils travaillent à faire descendre l’humanité à la condition des bêtes. »

Sous le même Pape, et un mois après l’encyclique que nous venons de citer, un décret du St-Ollice (18 mai 188’() rappela que les catholiques devaient s’écarter non seulement des sectes maçonniques, mais encore de toutes celles qui exigent de leurs adeptes un secret qu’ils ne peuvent révéler à personne ou une obéissance absolue à des chefs occultes. II n’existe, en effet, d’après le droit natm-el et le droit divin révélé, que deux sociétés indépendantes et parfaites : l’Eglise et l’Etat ; or une société secrète, f/uelle qu’elle soit, par le fait même de son secret, devient indépendante de l’Eglise et de l’Etat, qui n’ont aucun moyen de contrôle relativement à son but, son organisation, son action ; elle est donc illégitime. C’est en application de ces principes qu’un décret plus récent du St-Oirice(20 juin 18yO a interdit aux catholiipies de faire partie de trois sociétés américaines (Old Felto^’s, Sons of Tempérance et Knights of Pytliias) qui sont ostensiblement des sociétés de bienfaisance et de secours mutuels, mais <iui exigent de leurs membres le serment du secret et l’obéissance sans conditions. — Précédemment (le 21 septembre 1850) une déclaration de la Sacrée-Pénilencerie a^ait ainsi lixé l’extension des Bulles ponlilicales portées contre les sociétés de ce genre : a Les associations qui professent ne rien comploter contre la Religion ou l’Etat, et néanmoins forment une société occidte confirmée par le serment, sont comprises dans ces Bulles. »

Terminons par ces mots de la première encyclique (E sujtremu (i/)os/o/((^i<s)quePiK X adressa au monde, le 4 octobre 1908 : « Qui ignore la maladie si profonde qui, en ce moment plus que par le passé, travaille la société humaine, et qui en s’aggi-avant la ronge jusqu’aux os ?… Telle est la perversion des esprits qu’il y a lieu de craindre que ce ne soit comme l’avant-goût et le couunencenu’nl des maux annoncés pour la lin des temps, et que le fils de perdition dont parle l’Apùtre ne soit déjà sur la terre. »

BiBLiocHAruiB. — Pour être sullîsammcnl complète, labibliographie de la Franc-Maçonnerie exigerait un volume ; nous devons donc nous borner ici à de simples indications. Le nom des auteurs francsmaçons sera i)récédé du signe.’.