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JESUS CHRIST

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Jésus leur dit : « Si Dieu était votre Père, vous m’aimeriez, car je suis sorti de Dieu et je viens : je ne suis pas venu de moi-même, mais c’est lui qui m’a envoyé.-. Si quelqu’un ^arJe ma parole, il ne verra jamais la mort. » Les Juifs lui dirent : « A présent nous voyons bien que vous ^tes un possédé ! Abraham est mort ainsi que les prophètes, et vous, vous dites : Sî quelqu’un garde ma parole, il ne goûtera jamais de la mort ! Etes-vous plus grand que notre père Abraham, qui est mort, ou que les prophètes [qui sont] morts ? Quel prétendez-vous être ?)) Jésus répondit : <(… Abraham Totre père a tressailli pour voii- uion jour, et il l’a vu [en esprit] et s’est réjoui. » Les Juifs lui dirent donc ; « Vous n’avez pas cinquante ans et vous avez vu Abraham ? n Jésus leur dit : <’Ln vérité, en vérité, devant qu’Abraham fût, je suis.)) Là-dessus ils saisirent des pierres pour les lui jeter… Jo, , VIII, 42, 51, 56-59.

134. — S’appliquant la belle allégorie du Bon Pasleur, Jésus sedonne pour la porte des brebis : passer par lui, c’est le salut, c’est la vie ; vouloir pénétrer dans la bergerie sans passer par lui, c’est une effraction, un brigandage. Mais encore il s’oppose au pasleur mercenaire qui fuit lâchement à l’heure du danger : qu’importent les brebis à ce salarié ? Pour moi, ajoute-t-il,

« Je suis le Bon Pasteur : je connais mes brebis et elles

me connaissent, tout ainsi que mon Père me connaît et que je connais mon Père, et je donne ma vie pour mes brebis… Mes brebis entendent ma voix et moi je les connais ; elles m’accompagnent et je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront pas à jamais et nul ne les ravira de ma main. Ce que mon Père m’a donné est plus grandi que tout et nul ne peut [les] arracher de la mam de mon père : moi et mon Père nous sommes un. » Jo., x, 14, 15 ; 27-30.

Marthe dit à Jésus : a Seigneur, si vous aviez été là, mon frère ne serait pas mort. Et maintenant encore je sais que, quelques choies que vous demandiez à Dieu, Dieu vous les donnera, n Jésus lui dit : ’< Ton frère ressuscitera. )) Et Marthe : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. » Jésus lui dit : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, fùt-il mort, vivra. Et quiconque vit et croit en moi, ne mourra pas à jamais. Crois-tu cela ? » Jo., ii, 22-26.

135. — Cependant l’heure de la Passion approclte :

w’Voici le jugement de ce monde-ci ; c’est maintenant que le prince de ce monde-ci sera jeté dehors ; et moi, quand j’aurai été élevé de terre, je tirerai à moi tous les hommes. » Jo., xii, 31- ; 12.

Dans le cercle inlime, aux dernières heures, le ton du Maître prend je ne sais quelle pénétrante douceur. Il faudrait tout transcrire de ces divines paroles, et malheur à qui n’en reconnaît pas l’unique accent I

» ( Vous m’appelez Seii^nfur^ et Maître. Vous dites bien, je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres…))

« Que votre cieur ne se trouble pas : vous crovez en

Dieu ; croyez aussi en moi… Je vais vous préparer la place. Quand j’aurai été devant et que je vous aurai préparé la place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi afin que, là où je suis, vous soyez aussi. Et le lieu oiije vais, vous en connaissez la route. » Thomas lui dit :

« Seigneur, nous ne savons où vous allez. Comment saurions-nous

la voie ? » Jésus lui dit : (i Je suis la voie et la vérité et la vie : nul ne vient au Père que par moi. u … Philippe lui dit : « Seigneur, montrez-nous le Père, et cela nous sulCt ! » Jésus lui dit : « Depuis un si long temps je suis avec vous et lu ne m’as pas connu, Piiilippe ? Celui qui m’a vii, a vu le Père… Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? »

« Je suis la vigne véritable, et mon Père est le jardinier.

Tout rameau qui, en moi, ne porte pas de fruit, il

l’enlève ; et tout rameau portant du fruit, il 1 cmonde, afin qu’il en porte davantage… Comme le rameau ne peut porter fruit de lui-même s’il ne reste sur le cep de vigne, vous non plus, si vous ne restez en moi. Je suis la vigne et vous les » rameaux. Si quelqu’un ne reste pas en moi, il sera jeté dehors comme un sarment [coupé] ; et on recueillera [ces sarments] et on les jettera dans le feu, et ils brûleront. »

(( Vous êtes mes amis… Je ne vous appellerai plu& serviteurs, car un serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Je vousai appelé mes amis, p ; uce que tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.)>

« Qui me hait, hait également mon Père : si je n’avais

pas fait j)ariiii eux des œuvres telles que nul autre n’en a fait, ils n’auraient point de péché. Mais ils ont vu et ils ont haï et moi et mon Père, )>

(( Je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde : derechef je quitte le monde et je vais au Père, it

(t Courage, j’ai vaincu le monde ! n

Ayant dit ces choses. Jésus leva les yeux au ciel et dit : " Père, l’heure est venue. Glorifiez votre Fils, pour que votre Fils vous glorifie… La vie éteriielle, la voici : vous connaître, seul Dieu véritable, et celui que vous avez envoyé, Jésus Christ.

t< Je vous ai rendu gloire sur terre, j’ai achevé l’œuvre que vous m’avez donnée à faire : à votre tour glorifiezmoi, vous, Père, auprès de vous, de cette gloire que j’avais auprès de vous, avant que le monde fût. h Jo..

XIII-XVII.

136. — Il reste loisible, après cela, de chicaner sur tel ou tel, ou sur plusieurs des textes allégués : Pensenible vaut par sa masse, mole sua stat, et l’historicité substantielle des documents suffit à mettre hors de doute le sens et la portée du témoignage de Jésus, Il ne s’agit pas là des broderies surchargeant rétofle évangélique, mais de sa trame. Incontestablement, Jésus s’est donné pour un prophète, un envoyé de Dieu.

Or, s’il est bien des façons de revendiquer ce titre, on peut, sur le point décisif, les réduire à deux.

La première est celle qu’ont adoptée, après les grands prophètes d’Israël, Jean Baptiste et tous les apôtres du Christ, depuis Pierre et Paul jusqu’aux missionnaires nos contemporains. ElleefTace l’homme derrière sa mission, le prophète derrière son message. Tout en réclamant pour le prédicateur une autorité indispensable, ce genre de maîtrise ne le tire pas de son rôle pédagogique, le présente comme un homme parlant à des hommes, un serviteur conversant de plain-pied avec ses frères en humanité :

« Comme Pierre entrait, Cornélius, venant à lui, 

tomba à ses pieds. Mais Pierre le releva, disant : *’Et moi aussi, je suis un homme I " » Act.^ x, a5.

Le maître est alors une voix, un messager, un ambassadeur de Dieu. Môme dans la plus relevée de ses fonctions, celle de fondateur, il se rappelle et rappelle aux autres que ses droits sont strictement mesurés par les exigences de sa mission et que, en dehors d’elle, il peut bien avoir des opinions, des préférences, des désirs : tout cela demeure humain, précaire et discutable. Tels qu’un bon professeur, en communiquant sa science, doit viser à se rendre finalement inutile et n’a plus qu’à disparaître, une fois son disciple suflisammenl initié, ces maîtres de l’ordre religieux ne prétendent pas à une autorité inconditionnée. Ils sont des « éveilleurs ». Et mieux ils remplissent leur rôle, plus grande apparaît la distance qui sépare le serviteur du Maître imique, l’initiateur humain de celui qui le commissionne et l’envoie. « Et je tombai à ses pieds pour l’adorer. Mais [l’ange] me dit : *’Garde-toi de le faire I Jesuis ton compagnon de service, et celui de les frères qui