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JESUS CHRIST

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surtoal grand soin (le s’assurer que leurs actes im^ portauts ne déplairont pas à Downin^-Slreet’.

39. — Tel étaiten lésuiué l’état politique du monde juif quand Jésus vint se l’aire baj)tiser par Jean ; une très l’orle « Alliance Israélite », fondée sur la eoniniunaulé de race, sur l’unité jalousement gardée de l’oi. de [iratiques et d’espérances religieuses et nationales, sur dus interdictions sévères : mariages mixtes, repas communs, etc. lie cet Israël dispersé, les groupes, parfois très compacts, toujours nettement tranches, couvrent la totalité du monde occidental. .-Vu centre, la Terre Sainte, divisée en circonscriptions politiques distinctes, st)uniises à des régimes politiques dilférents : ici des régions gxuivernées par les lils d’IIérode, là le eontuole direct du Procurateur, partout riiégénionie impériale. Cette mainmise laissait |)onrtant large place aux partis, aux groupements, aux tendances locales. Rome twlérait aussi les rapports, les tributs, les péierinages desjuiveries de la Dispersion à Jérusalem et, à la seule condition de rester maîtresse, accordait volontiers à ses « protégés 1) des dispenses, des droits, voire des privilèges fort désirables, ("est à l’.Vngleterre impériale qu’il faut toujours se reporter pour se rendre réelle cette situation.

§ II. — Le milieu social

60. — Si la carte politicpie du monde juif vers l’an 30 de notre ère n’est pas trop dillicile à dresser, il n’en va pas de même quand il s’agit de mettre aux yeux son état social et intellectuel.

II y a, bien entendu, une première distinction à faire entre « dirigeants » et « gens du commun ».

On voyait alors en Judée, moins qu’ailleurs, peut-être, mais comme ailleurs, des riches et des pauvres, des « glands de chair » et des simples, des gens considérés et du populaire. Les premiers nous sont, I comme toujours, les mieux connus, et c’est d’eux qu’on parlera surtout plus bas. Mais en oubliant les autres on s’exposerait à ne pas comprendre les évangiles. Ce sont les évangiles aussi q^ui nous en offrent les types les plus vivants. Artisans aisés, pécheurs plus faciles à détacher de leur barque que des laboureurs à déraciner du sol, les apôtres de Jésus appartenaient, l)our la plupart, à ce petit monde d’Israélites véritables, a sans artilice », formés sur le modèle que les livres de la Sagesse et les Psaumes nous ont rendu familier, et que le Maître loua en la personne <le Xathanæl.

61. —.Vu-dessus ileces masses populaires, les dominant on du moins s’en distinguant, nous trouvons en Judée, à cette époque, « des riches et des prudents » auxquels la fortune ou la connaissance de la Loi assuraient une certaine importance.

Les « Hérodiens » sont trois fois mentionnés dans nos évangiles. Ils constituaient au pouvoir à demi national des princes Iduméens une clientèle assez nombreuse, opporlunisle.de gens quel’état dechoses actuel n’a pas triq) froissés ni lésés. Us y voient donc un moyen terme sorlable, entre la sujétion totale à l’Empire et une indépendance qu’ils ne croient plus possible. Les paroles prononcées au conciliabule des sanhédriles, touchant les miracles et la croissante popularité deJcsu- ;  : « Si nous le laissons faire, tous croiront en lui, et les Romains viendront, et ils nous arracheront le Li(Mi ^saint] et |le nom de| nation ». (/o., XI, 48) forunilenl assez bien la timide sagesse des Hérodiens et la hantise de Home, qui leur faisait accepter, et presciue aimer, la dynastie iduniéenne.

68. —.V Tantre extrémiléde l’arc-en-ciel politique,

1. Rue de Lonlres, où se trouve le Sécrétai iat d’Htut pour les Indes.

voici un groupe remuant, fanatisé, les « Zélotes », jaloux observateurs de la Loi et, comme tels, Pharisiens sans plus, mais nalionalistesavant tout, adversaires déclarés de toute iloniinalion étrangère. Cette minorité turbulente commenvait de se former aux temps évangéliques. Elle fomenta et conduisit les révoltes successives qui amenèrent en 70 la prise et le sac de Jérusalem.

63. — Un peu estompés, connus seulement par des textes assez rares de Philon, de Joskpue et de Plink l’Ancien (cesdernicrs. tout à fait romantiques I)’, les

« Esséniens » ont beaucoup piqué la curiosité des

érudits. Ils formaient des groupes cénobitiques, recrutés librement. Leurs (irincipaux « phalanstères » étaient situés autour de la Mer Morte, et, d’après Josèphe, ils auraient compté jusqu’à 4.000 adhérenl’s environ. Leur origine est tout à fait inconnue : on en trouve des traces vers le milieu peut-être, siirement vers la Un du premier siècle avant J.-C. Après un postulat d’un an, on remettaità chacun des initiés une hachette, une ceinture et une robe blanche. Ils s’administraient eux-mêmes, travaillaient de leurs mains, gardaient le célibat, n’entretenaient pas d’esclaves et ne faisaient pas le commerce. Ces traits, auxquels il faut ajouter un soin minutieux, concerte, quasi rituel, de la propreté, et l’abstention des sacrilices sanglants du Temple, pourraient faire croire que les Esséniens étaient fort différents des autres Israélites.

64. — En réalité, fidèles aux croyances fondamentales du Judaïsme, stricts observateurs de la Loi, grands lecteurs des Livres saints, envoyant au Temple leurs offrandes, les Esséniens étaient des Juifs véritables et, doctrinalenient, des « pharisiens décidés », selon le mot de SciiiiuER. Il reste que ces Juifs avaient subi et accepté une inlluence étrangère, une discipline et une forme de vie venue d’ailleurs, probablement hellénique et pythagoricienne, — peut être iranienne. Uien, dans tons les cas, de plus différent, en dépit de quelques analogies superficielles, du christianisme primitif. Le légalisme étroit des Esséniens, leur application scrupuleuse aux purifications corporelles etniénagères, leurrigorisme moral allant jusqu’à la condamnation du mariage, leur éloignement de tout ce qui était profane, pécheur, commun, tout cela est aux antipodes de l’esprit et des habitudes de Jésus. Ou se demanderait plus justement si certaines critiques du Maître ne visent pas les rallinements et l’exclusivisine des Esséniens-, Cela, pourtant, n’est pas siir, d’autant que les communautés esséniennes, isolées, peu nombreuses, restaientsans grande influence sur la marche des choses. Certaines sectes russes du Uaskol, parmi les plus inoffensives, avec leur courageuse, simple et on peu chimérique manière de vivre, offriraient peut-être à PEsscnisme ancien une analogie contemporaine.

65. — Venons-en anxdeux grands partis, opposés et rivauDC en bien des points, mais qu’un intérêt

1. [l’sl. nature/., y, x’il.

2. «.If’siis ne peut non plus avoir eu aucun rapport avec les Esséniens, cet or<lre si i-cmarqnuhle (ie moines juifs. Si de semblables rapporta avaient existé, Jésus eut éiéde cesdisciples qui témoignent de leur dépendance à l’égnnl de leurs maitres en prêchant et en faisant exactement le contraire « le ce qu’ils ont appris auprès d’eux… Fin et moyen, tout les sépare. Si, dans cquelcpies préceptes particuliers donnés à ses disciples, Jésus semble se renconti-er avec eux, c’est pur une coïncidence purement fortuite, caries mobiles étaient complètement différents. » Ad. Hak : 5Aiii<, Dos M’rsrn dea Christintuins, Tr. fr. noufcUc, Pwis. 1907, p.’iO, iC.