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JÉSUS CHRIST

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Kiiinburgli, igiS [moins radical] ; A. Loisy, Le Quatiième £’angile, Paris, igoS, p. i-151 ; Les Evangiles synoptiques, CelTonds, 190’j, I, p. i-203 [très radical] ; — J. Wellliausen, Einleitung in die drei erslen Evangelien, Berlin, igoS, et Das Evangelium Johannis, Berlin, 1908, mêle à un sauvage arbitraire quelques remarques suggestives.

Sur S. Paul en particulier, on trouvera tout dans F. Prat, La Théologie de S. Paul, Paris, I, igog, II, igi 2. Bibliographie exhaustive Ibid., II, p. 55g-565.

Sur S. Jean en particulier, on lira W. Sanday, The Criticism of the fourtli Gospel, Oxford, igoô, et M. Lepiii, L’Origine du IV Evangile^, Paris, 1910 ; La valeur historique du IV’Evangile, 2 vol., Paris, 11)10. Voir aussi J. Lebreton, Les Origines du Dogme de la Trinité, Paris, igio, 1. 111, ch. vi [Origines].

46. — La QUESTION rniiALAViLE sur l’kxistknce du Christ. — Les principaux ouvrages dans lesquels l’existence du Christ a été mise en question sont ceux de P. Jensen, Das Gilgamesh Epos in der Weltliteratur, Strasbourg, igoè. p. 102g-1030 ; Will. Benjamin Smith, Der vorchristliche Jésus, Giessen, 1906 [résumé d’articles publiés en anglais dans diverses revues américaines depuis igoo] ; Arthur Drews, Die Christusmythe, léna, 1909 ; W. B. Smith, Ecce Deus, léna, igii.

Si l’on veut prendre une idée de la façon grossière et antiscientilique dont la campagne a été menée par les monistes, on peut lire les conférences contradictoires provoquées par le Monistenbitnd .illemand, les 31 janvier et r" février 1910 : Liât Jésus gelelit ? Berlin, igio [médiocre trad. fr. par Armand Lipman, Paris, 1912].

La question est très bien traitée dans L. Cl. Fillion, Les étapes du rationalisme dans ses attaques contre la Vie de Jésus-Christ, Paris, igii ; J. Case, The Historicity 0/ Jésus, Chicago, 1912. — Voir les judicieuses réflexions de G. Esser, dans la Theologische Revue, Miinster. 191 1, p. 1-6, ^i-^’j ; et de A. Knoepflcr, /3<15 (’hristushild und die IVissenschafI, Munich, 1911. — De l’énorme littérature non catholique, on peut retenir, parmi les auteurs libéraux, H. Weinel, Ist das « libérale n Jesusbild ividerlegt ? Tiibingen, igio ; parmi les conservateurs, Hans Windisch, art. Jésus Christus du XXIII" vol. (Supplément, I] de la ItealencyUopædie fur protestantisclie Théologie und Kirche’-'. éd. A. Ilauck I’IlE’-^, Leipzig, igiS, p. 694-68^ ; parmi les Anglicans, Th.-.I. Thorliurn, Jésus the Christ : historical or mythieal ? London, Iy12. — Voir aussi la première Lecture de Friedrich Loofs, n’hat isthe Truth about Jésus Christ, Edinburgh, igiS, p. i-/|0.


ClIAPITHI ! rREMIKR

LE MILIEU ÉVAXGÉLIQUE

47. — Avant d’étudier un témoignage, il importe de le situer. Pour comprendre par exemple le texte du Concordat conclu en 180^ entre le Premier Consul Napoléon Bonaparte et le Pape Pie Vil, il faut se familiariser avec les faits qui occupèrent les années jyrécédiuit ce grand acte. Faute de quoi le document sera pour nous une énigme ou un grimoire. <’e sont là pourtant des textes rédigés en notre langue et des événements relativement récents, arrivés dans un pays qui est le nôtre. Que dire, s’il s’agit d’interpréter des déclarations faites il y après de deux millénaires, au sein d’une société qui s’effondra, tout d’un coup, quarante ans plus tard ?

Le témoignage du (Christ offre, il est vrai, cette particularité de n’appartenir pas qu’au passé. Reçu,

gardé, transmis par l’Eglise, adapte par elle à tous les temps et à tous les pays, il se conserve « gravé es cœurs des chrétiens ». Loin d’être pour nous chose morte, objet d’érudition pure, il se survit — non comme le droit romain par exemple, dans certaines de ses dispositions générales ou dans les grandes vues qui l’orientaient — mais comme une réalité vivante et agissante. Néanmoins, si son efficacité n’a pas diminué, si sa « présentialité » (pour reprendre un mot de saint Augustin), tout en se luodiliant, n’est pas abolie potir nous, il reste très important, et d’un intérêt suprême, d’étudier ce témoignage dans sa lettre première et authentique.

48. — Cette élude, en éclairant la foi des croyants, a de quoi rassurer ceux qui cherchent encore ou ceux qu’aurait troublés l’opposition énoncée naguère entre

« le Christ de l’histoire » et « le Christ de la foi »,

entre Jésus de Nazareth, prédicateur du Royaume de Dieu, prophète au sens large du mot, mais participant à toutes les limitations de sa race et de son temps, et le Seigneur Jésus, Christ et Fils de Dieu. Que cette distinction soit mal fondée ; qu’il n’j' ait pas, entre le Christ de l’histoire et le Christ de la foi, opposition, ou succession accidentelle d’un héros divinisé à un prophète inspiré, c’est ce que tout ce travail, s’il est bien mené, démontrera. Mais on comprend que cette œuvre de recherche sincère doit s’appuyer d’abord sur une intelligence exacte du message primitif, et débuter par un exposé qui replace ce message dans son milieu.

Le cadre de l’histoire et de la prédication évangélique nous est connu, soit par les évangiles eux-mêmes, soit par les écrits et monuments divers qu’on peut attribuer, avec certitude ou très haute vraiseniblance, aux siècles qui précédèrent ou suivirent immédiatement la venue du Christ. Il faudrait une longue étude technique pour présenter et dater cette littérature considérable, très souvent anonjme ou pseudonyme. Tel de ses documents principaux, le (I Livre d’Hénoch » par exemple, résulte d’un groupement artificiel d’écrits ou de fragments d’âge, de caractère et de langue fort divers*. Fort heureusement, il s’en faut de beaucoup que toutes les sources soient aussi dilliciles à utiliser. Un nombre imposant d’écrits peut être daté d’une façon exacte ou approchée, mais certaine. Renvoyant pour le détail aux auteurs qui ont étudié cette époque ^^ on se contentera d’utiliser ici les résultats qu’on peut considérer comme acquis.

§ 1. — L’état politique du monde juif

49. — Le peuple juif était soumis, au temps de Jésus Christ, à deux régimes fort distincts, selon que les fils d’israil lialiitaient la terre sainte qu’Abraham avait reçue de Dieu en héritage, Josué reconquise pour les douze tribus, et dans laquelle les croyants formaient tout le fond de la population, — ou que des colonies Israélites étaient dispersées, çà et là, chez les Gentils.

A l’ensemble de ces colonies, on donne communément le nom de Dispersion (S : « 7Tziipc/). Un seul lieu du monde étant agréé de lahvé pour son cnlle public : le Temple de Jérusalem, rebâti après l’exil de Babylone par Zorobabel, puis refait et embelli par llérode

1. Dans la table clironologiqiie où il l’ésunie ses conclusions, le Prof. St. SzékilLY assigne des dates diverses (d’ailleurs hypotliétiques) aux huit gronpes littéraîres pi-incipaiix qu’il distingue dans les deux Livres d’IIt’noch (l’thiopien et slave) : tîiblintlti’ca Aporri/pha, I, Kreihurg i. R., 191H, p.’|05, ’1%. Ces dates ne tiennent pas compte li’ailleuts des interpolations possibles et probables.

2. On trouvera les indications principales ii lu Bibliographie.