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FRANC-MACOXNERIE

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donnerai pas ma cause pour cela, je serai toujours du parti de la Révolution. » — « Il n’y a pas d’ennemis à gauolie », déclarent aujourd’hui les bourgeois radicaux…

Les « hommes ardents » l’emportèrent en 1877, après une carapag : ne électorale où toutes les forces de la Révolution cosmopolite (en particulier la presse libérale et les loges d’Allemagne), soutinrent contre le maréchal de Mac-Mahon les 363 députés de la gauche. Ces derniers avaient été du reste les candidats de la F.-. M.-. « Nous les avons connus pour la plupart — rapporte la Chaîne d’Union de 1876, — comme des francs-maçons les plus actifs et des plus dévoués à notre institution, pratiquant et enseignant non sans talent, les généreux, les salutaires, les progressifs et les humanitaires principes de la F.. M.-. » (Voir le Mutide maçonnique. Ae mai S-j(>.)

Désormais, selon la parole de Mgr GouthesofLARD, nous n’étions plus en République mais en Franc-Maçonnerie, c’est-à-dire que la majorité parlementaire — composée de francs-maçons (voir Dkschamps, Les Sociétés secrètes et la Société, t. II, p. 446-45- ; , et t. III, p. 4"6-420) — se mettait au service des loges, et entreprenait une œuvre de destruction sociale et d’anarchie morale dont le premier articleétait la guerre au catholicisme, hypocritement appelé » cléricalisme ». « Quand vous dites cléricalisme, — disait Jules Simon au Sénat, le 8 décembre 1879, — c’est catholicisme qu’ils (vos amis) entendent, et c’est catholicisme aussiquenous entendons. Les catholiques feront sur ce mot les élections prochaines. Ils diront aux masses : choisissez entre la Religion et la République. » (Journ. Ojf., 27 déc. 1879, annexes, n" 20 ; Dalloz, ! 880-4-2a.) « La Maçonnerie, explicpiera plus tard le F.’. Emile Combes, doit succéder aux religions usées dans l’apostolat de la morale. » (C. R. destrav. du Gr.-.O.’. du Il mai au 30 juin 1897, p. 5.)

C’est bien, en elTet, une religion, que représente

« la grande communauté des libres-penseurs pratiquants

» (F.". Hdbbahd, dise, de clùlure du Couvent de 1901, p. 6) ; et comme les questions politiques et sociales sont virtuellement des questions morales et religieuses, la dictature de la Contre-Eglise aboutit logiquement à tous les fléaux qui menacent aujourd’hui la civilisation : antimilitarisme (entendu dans le sens de destruction des vertus militaires et de désarmement de la patrie), socialisme, internationalisme, anarchisme. Des hommes comme Cyvoct, Sébastien Faure et Charles Malato sont Fr.-. M.’, et discourent dans les loges ; et lorsqu’il fut question, au Couvent de 1902, de les exclure, on décida qu’a il ne faudrait pas enlever à l’Association maçonnique cette force dont elle jouit dans le pays ». (C. R., p. 169.) — Quant au mouvement de conservatisme bourgeois qui semble se dessiner aujourd’hui dans certaines sphères maçonniques, il est destiné à échouer, tout comme celui de la Monarchie de Juillet : la fêle du « Triomphe de la République 1, qui se termina, en novembre 1899, par une écœurante saturnale, montra bien ce qu’ont d’illusoire les efforts intéressés des prétendus « modérés ». — Ajoutons que les partis « avancés » sont portés à être d’autant plus audacieux que se réalise peu à peu l’article 2 de la Constitution du Grand-Orient : « Elle(la F.-. M.-.)a pour devoir d’étendre à tous les mcudires de l’humanité lesliens fraternels qui unissent les francs-maçons siu : toute la surface du globe. »

XI. La diSusion actuelle de la franc-maçonnerie : l’internationalisme maçonnique. — Les nombreuses pulilications maçonniques (compte rendu des Couvents, annuaires, Reue maçonnique men suelle. Acacia), ou antimaçonniques (comme les si précieuses publications documentaires de VAssocialion antimaçonnique de France), permettent aujourd’hui de dresser avec une suffisante exactitude le tableau des « puissances » maç.". et de leur personnel.

En France, il subsiste deux puissances maç. principales : la Grande loge et le Grand-Orient.

La Grande Zo^e rfe /France appartient à la Fr.’.M.*. écossaise, régie par les Grandes Constitutions dellSû et réformée par le Convent universel des Suprêmes Conseils réunis à Lausanne en septembre 1870. Il y eut scission en 1880 : un certain nombre de loges écossaises s’étant insurgées contre l’autorité du Suprême Conseil de France, constituèrent « la Grande-Loge symbolique de France » en prenant pour devise : le Maçon libre dans la Loge libre. En 1894, le Suprême Conseil consentit à accorder l’autonomie administrative aux scissionnaires, qui formèrent la Grande Loge de France et parvinrent à fédérer toutes les loges écossaises ; elle fut proclamée définitivement autonome et souveraine en igo4. Le Suprême Conseil (présidé parle Très Puissant Souverain — grand commandeur — grand-maitre, assisté de huit autres très illustres dignitaires, renouvelés par cooptation tous les neuf ans) est une sorte de grand collège des rites, chargé de conserver le dogme maçonnique : il administre, avec l’aide du Conseil central, les ateliers allant du 4’au 33’degré ; il affecte de conserver la croyance au Grand Architecte de l’Univers (supprimée en 1877 par le Convent du Grand-Orient), ce qui lui permet d’entretenir des relations avec les puissances maç.-. étrangères, restées spiritualistes. La Grande Loge de France délègue le pouvoir législatif à l’Assemblée annuelle des députés des loges, et le pouvoir executif à un Conseil fédéral de 27 membres présidé par le grand-maître (M. G. Mescreur). L’Obédience, dont la caractéristique est de rester Udèle aux traditions symboliques de la Mac.’, universelle, compte I15 loges (40 à Paris, 23 au siège central, rue Rochechouart n » 42), et 6.700 membres. (Annuaire de la Maçonnerie l’niyersetle, Berne, impr. Biichler, 1910. p. 212-219. — Les chiffres qui suivront sont tirés du même Annuaire.)

Les ateliers du Grand-Orient (qui se sont accrus de 133 depuis 1901), sont beaucoup plus nombreux ; on en jugera par ce tableau :

Orients Paris

Loges

81

12

271

27 22 30

443

Chapitres

4


4>

7

l 65

Conseils 2

.4 5 3 2

26

Totaux

87 la

326

32

Banlieue Paris

Départements…. Algérie et Tunisie. Colonies

Pays étrangers… Totaux

38 534

Les chapitres sont des groupements de maçons initiés aux grades supérieurs, allant du 3* degré (maître) au 18’(Rose-Croi.r). Les Conseils philosophiques ou aréopages sont composés de maçons allant du 18* degré au 30" (Chevalier Kadosch).

Le Grand-Orient est, en principe, une association démocratique, puisque le vote égalitaire est à la base de tout ; mais, en fait, la liberté individuelle n’y conserve guère plus de place que dans le club des Jacobins. Tout y est subordonné aune autorité souveraine, aune administration centralisée, et aussi à des rites très stricts qui règlent en loge la pensée et l’activité de chaque F.’. Au Convent de 1900. le F.’. Blatin observait que le Gr.-. Or.-. constituait une trinité directrice composée : i*)d’un comité directeur.