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FRANC-MACONNERIE

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Maître. Il démissionna en 1864, fut réélu comme son propre successeur, mourut l’année suivante et fut remplacé par le général Mellinet, qui mena vijroureusement ses troupes à l’assaut de la civilisation chrétienne (1865-1870).

On sait à quoi aboutit la politique extérieure de Napoléon 111 : destruction du pouvoir temporel, unification de l’Italie et de l’Allemagne.

Sa politique intérieure ne fut pas moins désastreuse pour la France et triomphante pour la Franc-Maçonnerie. Il essaya bien de briser, en l’asservissant, l’étreinte de ses détestables alliés ; mais, moins encore que Napoléon I", ce rêveur humanitaire ne possédait les qualités requises pour cela. A partir de r « Empire libéral », surtout, les loges profltcrent de l’inertie — et souvent de la complicité du gouvernement — pour exercer une propagande démocratique et libre-penseuse, qui est à la troisième Républi()ue ce que l’teuvre des « sociétés de pensée » et des

« philosophes » du xviii" siècle est à la grande Révolution.

Pendant les dernières années du second Empire, reconnaît le M.-. Hiram, l’agitation qui régnait dans les esprits passa dans la maçonnerie, dont toutes les loges des trois Ob.’. furent acquises à l’opinion républicaine. Pendant des années, les loges furent le seul lieu de réunion, la Franc-Maçonnerie la seule possibilité d’association dont on disposât. » (Acacia de juin 1908, p. 406.)

En dehors de nombreux ouvrages philosophiques, (comme la Morale indépendante, de E.-. Massol). et de violentes feuilles de combat qui propagèrent les idées antireligieuses dans la jeunesse des écoles et dans les ateliers, la principale machine de guerre qui fut montée contre le catholicisme — et qui fonctionne encore — fut la Ligue de l’Enseignement. Après des ouvrages comme ceux de M. de Satnt-ALBiN (paru dès 1868) et de M. Georges Goyau (Patriotisme et Humanitarisme, Paris, Perrin, 1902), le caractère maçonnique de cette institution n’est plus à préciser : or elle eut, en 1866, l’appui odiciel du ministre de l’instruction publique, M. A. Duruy, de son secrétaire général, M. Ch. Robert, et d’une masse de fonctionnaires… sans doute abusés.

La République a radicale » était virtuellement fondée.

X. La maçonnerie et la troisième République. I — « La maçonnerie est la République à couvert, comme la République est la maçonnerie à découvert. » Cette parole du F.". Gadacd au Couvent de 189/ » {Compte rendu, p. 889) résume bien le rôle des loges depuis quarante ans : pour ne pas admettre leur prépondérance, il faut tout ignorerdu gouvernement actuel, car la plupart des actes importants de ce gouvernement sont déterminés par l’influence maçonnique. A bien des égards, la « souveraineté nationale », représentée par le Parlement, n’est qu’une illusion : ce n’est point la volonté du peuple qui amène nos parlementaires à voter telle ou telle loi (pas plus que ce n’était la volonté de la France qui dirigeait les Constituants ou les Conventionnels), c’est celle du « pouvoir occulte ». La preuve en a été faite maintes fois à l’aide de documents irréfutables, car il n’y a plus guère de « secrets » pour ceux qui veulent étudier l’action maçonnique ; elle a clé administrée en particulier à la Cliambre même, par M. le député L. Prache, dans son lumineux Rapport sur lu Pétition contre la Franc-Maçonnerie (Paris, imp. Hardy, igoS). — Bornons-nous ici à de brèves indications. , On connaît l’attitude de la F.-. M.’, en face du cri( minci niouvcnicnt « communard ». Le 26 avril 1871, I à l’Assemblée du Chàtelet, après avoir élu comme orateur le F.’. Floquel, l’un des chefs les jdus connus

du parti radical, elle prit cette grotesque résolution : Ayant épuisé tous les moyens de conciliation avec le gouvernement de Versailles, la F.-. M.’, est résolue à planter ses bannières sur les reuiparts de Paris ; et si une seule balle les touchait, les F.’. M.-, marcheraient d’un même élan contre l’ennemi commun. » L’assemblée, comptant bientôt plus de 10.000 FF.-, revêtus de leurs insignes, alla alors processionnellement à l’Hôtel de Ville saluer le pouvoir insurrectionnel, et Vorateur Thirifocque s’écria « que la Commune était la plus grande révolution qu’il eût été donné au monde de contempler, qu’elle était le nouveau temple de Salomon que les Fr.-. M.", avaient le devoir de défendre ». Le M. Lefrançais, membre I de la Commune, répondit « qu’il s’était depuis longtemps assuré que le but de l’association était le même ijue celui de la Commune, la régénération sociale ». Puis, une délégation de la Commune reconduisit la députation Jusqu’au temple de la rue Cadet.

Le 5 mai, la « fédération des francs-maçons et des compagnons de Paris » adressait un manifeste aux

« enfants de la veuve » du monde entier, défenseurs

de la « patrie universelle ». he Journal Officiel de la Com ;)îH ; ie annonçaiten même temps que les Fr.’. M. avaient établi, dans chaque arrondissement, une délégation, un service ollicieux », chargé de renseigner l’administration et de « faire exécuter strictement les décrets de la Commune », — rôle analogue à celui des clubs de jacobins et des comités de surveillance de l’époque conventionnelle… EnOn, le 22 mai, alors que l’armée de Versailles était déjà entrée dans Paris, un groupe nombreux de F.’. M.", lançait une proclamation commençant ainsi : « Francsmaçons de tous les rites et de tous les grades, la Commune, défenseur de vos principes sacrés, vous appelle autour d’elle… »

De pareilles manifestations sont à retenir : elles montrent qu’au fondladoctrine maçonnique est conforme à celles de 1’  « Internationale » et de l’anarchisme. Elles montrent aussi qu’en 18^1 la F.’. M.’. était disposée à entraver par tous lesmoyens l’œuvre de restauration nationale et monarchique que la France avait donnée à accomplir à l’Assemblée de Bordeaux et de Versailles. Laisser cette Asscmltlée placer sur le trône un prince — Henri V — qui devait renouer les traditions chrétiennes et vraiment « sociales » de ses ancêtres, c’était frapper à mort la Révolution.

Selon l’expression de M. O. Wirth, « la cause de la F.’. M.’, fut [donc] identifiée avec celle de la République » (Le IJi’re de l’apprenti, ji. jS). Dans leur tâche ardue, les loges eurent des complices à l’étranger et à la tête de notre gouvernement. A l’étranger, le chancelier de Bismarck, pour l’excellente raison

« que la République, et à défaut de la République

l’Empire, était le régime sous lequel la France parviencb-ait le moinsàse relever ; que la France monarchiquement constituée serait un danger pour l’empire d’.Mlcmagne » (voir les débats du procès d’Arnim), Bisuiarck encourageait sous main les malufuvres antiroyalistes. En France, des patriotes trop sujets à caution, comme le Génois Gambctta, accueillaient volontiers cesencouragemenls, et le chef du pouvoir exécutif, Adolphe Thiers, entendait à la fois relever le pays vaincu et sauver la Révolution en péril. U aurait pu redire les paroles prononcées par lui le 17 janvier 1848, àlaChandjre des députés : < Je suis du parti de la Révolution, tant en France qu’en Europe. Je souhaite que le gouvernement de la Révolution reste dans les mains des hommes modérés, mais quand le gouvernement passera dans les mains d’Iioiumes moins modérés que moi et mes amis, dans les mains des hommes ardents, je n’aban-