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JEANNE (LA PAPESSE)

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Rouen et le Saint-Siège.-pendant et après l'13l. Paris, G. Beauchesne, 1909 ; La Vie de Jeanne d’Arc r>, par M. A. France, ln-12, Poussielyue, iyo8. Du même, Histoire complète de Jeanne d’Arc, nouvelle édition, 4 vol. in-8°, de Goo pages chacun, Paris, 1912, de Gigord.

A consulter les chroniques du xv* siècle, de Monstrelet, G. Gruel, Th. Basin, Pierre de Fenin, G. Chastellain, Jean Charlier, du Bourgeois de Paris, de Cousinot de Monlreuil, etc., éditées par la Société de l’iiistoire de France pour la plu|>art. Voir aussi l’Histoire Je l’Eglise gallicane du Père Longueval, l’Histoire des ducs de Bourgogne par de Barante, les Histoires d’Angleterre de Kapin de Tlioyras, Hume, Lingard, Turner, l’Histoire de Chartes VII par Vallel de Virivillc et Dufresne de Bcaucourt, les Histoires de Jeanne d’Arc de Lenglet Dufresnoy, Le Brun de Charmettes, Henri ^^'allon, Guido Goerres, la notice non corrigée de Walfkenær dans la Biographie unii’erselle de Micliaud.

Parmi les publications de ces dernières années, n’oublions pas A. Longnon avec ses deux volumes : Les limites de la France à l'époque de la mission de Jeanne d’Arc, in-8°, Paris, iS^S ; et Paris sous la domination anglaise, in-8°, Paris, 1878 ; — Germain Lefèvre-Pontalis, avec ses notes sur la Chronique d’Antonio Morosini, 4 '>ol. in-S", Paris, 1899-1902 ; et son édition des Mémoires d’Eberhard Windecke, in-8°, Paris, lyoS ; — A. Sorel et La prise de Jeanne d’Arc devant Compiègne, in-S°, Paris, 1889 ; — Siiuéon Luce ei Jeanne d’Arc à Domrémy ; — Henri Jadart, Jeanne d’Arc à ifeims, in-S", Reims, 1887 ; — Nocl Valois, La France et le grand schisme d’Occident, 4 vol. in-8°, Paris, 18g6 ; — de Bouteiller et de Braux, La famille de Jeanne d’Arc, 2 aoI. in-8°, Paris, 1878 et 1879 ; — Ch. de Beaurepaire, Notes sur les juges et assesseurs du procès, in-8°, Kouen. 1890 ; — Gabriel Hanotaux, de l’Académie française, Jeanne d’Arc, in-8% 1910, Hachette ; — Capitaine Champion, Jeanne d’Arc écuyère, in-8°, Paris. 1901 ; — Général Cauonge, Jeanne d’Arc guerrière, in-12, Paris, 1907.

Ph. DONAXU.


JEANNE (LA PAPESSE). — I. Les origines delà légende. — II. Les développements de la légende. — 111. La destruction de la légende. — IV. Conclusions.

I. Les origines de la légende. — A. Les textes. a) La série des textes, b) L’authenticité des textes. c) La filiation des textes, d) Le contenu des textes.

B. La genèse de la légende, a) Explications fausses, fc) Explications probables.

A. Les textes, a) La série des textes. — Voici, d’après l’ordre chronologique (supposé admise leur authenticité, qui sera examinée tout à l’heure), les textes les plus anciens relatifs à la papesse Jeanne : 1. Liber pontificalis, édit. L. Duchesne, Paris, 1893, t. II, p. XXVI ; ?. Marianus Scolus, -j- 1086, Chronic, 1. 111, dans J. Pistorius, Scriptorum qui rerum a Germanis gestarum hislorias reliquerunt, Francfort, 1583, t. I, p. 442 ; 3. Sigebert de Gembloux, ~ 11 12, Chronographia, dans J. Pistorius, op. cit, p. 565 ; i. Othon de Freising, -f- 1158, Chronic, 1. Vil, dans J. Pistorius, Germaniæ historicorum illustrium ab Henrico IV ad annum iiOO, Francfort, 1585, t. I, p. iG3 ; 5. Richard de Poitiers, vers 1174. dans un manuscrit de son catalogue des papes à la suite de sa chronique universelle, cf. Histoire littéraire de la France, nouv. édit., Paris, 1869, t. XII, p. 479,

t. XIII, p. 534 ; 6. Godefroy de Viterbe, -j- 1191, Panthéon, pars XX, P. L., t. CXCVHI, col. 1017 ; 7. Gervais de Tilbury, vers 1211, dans une chronologie pontilicale qui se trouve à la Un d’un manuscrit de ses Otiaim perialia, cf. I. von Doellinger, Die l’apstfabeln des.)/i ; /e/i(//er6-, 2*édit., Stuttgart, 1890, p. 19 (peut-être le manuscrit que Coloniiès avait vu chez Vossius, cf. P. Golomiès,.lleslanges historiques. Orange, 1675, p. 5y) ;.S'. Jean de Mailly ou l’auteur, quel qu’il soit, de la Chrunica univcrsalis.Mettensis, vers 1200, dans VArchiv de Pertz, Hanovre, 1874, t. XII, p. 471-472, etdans Monumenta Germaniæ historica. Scriptores, t. XXIV, p. 514 ; 9- Etienne de Bourbon, -j- vers 1261, De diversis mnteriis prædicabilibus ordinatis et distinctis in seplem partes secundam septem dona Spiritus Sancti, dans Quétif et Eehard, Scriptores ordinis l’rædicatorum^ Paris, 1719, t. I, p. 367 ; 10. le franciscain d’Erfurt (Erjihordiensis), Chronica minor (s’arrête à 1261), dans.lion. Germ. hisl. Script., t. XXIV, p. 184, 212 ; 11. Martin de Troppau, dit Polonus, -}- 1279, Chronica de liomanis pontificibus et imperutoribus, dans Mon. Germ. hist.. Script., t. XXII, p. 428.

Nous n’avons pas compris dans cette liste deux prétendus textes d’Etienne de Xarbonne, vers 1126, et de Radulphe de Flaix, vers 1 157 ; ces personnages ont été confondus avec deux écrivains qui admettentl’existence de la papesse : l’un, Etiennede Nardo, dans une chronique composée vers 1368, cf. Muratori, Rerum iiaticaruni scriptores. Milan, 1738, t. XXIV, p. 880-887 ; l’autre, Ranulphe de Higden, -j- vers 1363, dans son Polychroiiicon, 1. V, c. xxxii, cf. Launoi, Opéra omnia, Cologne, 1731, t. V. pars il, p. 569. De même il est inexact de dire, avec F.-X. Kraus, Histoire de l’Eglise, trad. Godet et Verschaffel, 4' édit., Paris, 1898, 1. II, p. u3, et d’autres historiens, que c’est pour avoir considéré la papesse comme un pape véritable que Jean XX, -j- 1277, a pris, au lieu du nom de Jean XX, celui de Jean XXI ; il semble qu’il a été appelé Jean XXI à cause du dédoublement de Jean XV, que l’on constate déjà dans plusieurs catalogues pontilicaux des xn' et xiii' siècles. Cf. L. Duchesne, Le Liber pontificalis, t. H, p. 4Ô7.

b) L’authenticité des textes. — Les textes de Jean de Mailly ou de l’auteur inconnu de la Chronica universalis Metlensis, d’Etienne de Bourbon et de la Chronica minor d’Erfurt sont authentiques. Quétif et Eehard, Scriptores ordinis l’ruediculorum, t. I, p. 365-370, ont essayé de démontrer que le texte de Martin Polonus n’est pas authentique. L. Veiland, dans YArchiv de Pertz, Hanovre, 1874, t. XII, p. 178, a soutenu que Martin a donné trois rédactions de sa Clironique, et que le texte sur la papesse, absent des deux premières rédactions mais apparaissant dans la plupart des manuscrits de la troisième, a des chances d'être de Martin. Si le système de Weiland a suscité des réserves, cf. B. Maier, Revue des questionshisloriques. Paris, 1875, t. XVIII, p. 278, il a généralement été admis ; cf., par exemple, E. Michacl, Geschichte des deutschen Volkes rom dreizehnten Jahrhundert bis zum Ausgang des Mitlelalters, Fribourg-en-Brisgau, 1908, t. III, p. 386. En tout cas, plusieurs manuscrits où se lit le texte sur la papesse sont peu postérieurs à la mort de Martin, et donc, même en le supposant interpolé, le texte exista aux environs de 1279. Les autres textes sont des interpolations. Celui du Liber pontificalis ne se rencontre que dans des manuscrits récents. Le Vaticanus 8762, du xn' siècle, permet de saisir le procédé par lequel il s’y est introduit. Ce manuscrit, dans son texte primitif, n’a rien sur la papesse ; une note marginale du xiv* siècle contient les lignes