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FRANC-MACONNERIE

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Mallcvillc. Dinergicr de Uauranne et OdiUin llairot. A inine liil-il appelé à la piésidenee du nouveau luiuistore, quc ce dernier ordonna aux troupes de cesser le eonibal et se rallia à la lU’piililique [iroclaniée par le chef du (fouvernenient provisoire.

Le 10 mars 1 848, le Suprême-Conseil du rile écossais alla féliciter le gouvernement provisoire, et Lamartine, dans sa réponse, allirma être « convaincu » que les « sublimes explosions » de 178g et de 18/|8 étaient émanées « du fond des loges n. Le 24 mars, ce fut au tour de la députation du Grand-Orient à être reçue par les FF.-. Crémieux, Garniir-Pagès et Pagnerre, membres et secrétaire général du gouvernement provisoire, tous trois reié/ » s pour ta cirroiistaiire de leurs iusii ; iics iiiaroiuiiques (Mouiteur du 27 mars 1848). « Les franos-ma(, ~ons, — prononça le Lieutenanl-Cirand-Maître Bertrand, — ont porté de toultemps sur leurs bannières cestrois mots : Lilicrté, Ei^ulité, Fraternité : en les retrouvant sur Icdrapeau de la France, ils saluent le triomphe de leurs principes et s’aiiplaudissent de pouvoir, dire que la patrie tout entière a reçu par vous la eojisécration maçonnique. .. Quarante mille frères maçons, répartis dans plus de cinq cents ateliers… vous promettent ici leur concours pourachever l’œuvre de régénération si glorieusement commencée…" — « La République est dans la maçonnerie, répondit Crémieux..’. Sur toute la surface qu’éclaire le soleil, la franc-maçonnerie tend une main fraternelle à la franc-maçonnerie : c’est un signaleonnu de tous les peuples. Eh bien ! la Réiniblique fera ce que fait la maçonnerie. » (Relold,

p. 2l.’^.)

Il Considérant que les nouveaux principes qui régissent aujourd’hui la France doivent amener une régénération maçonnique » (arrêté du 24 mars 1848), le Grand-Orient élabora alors une « revision constitutionnelle », qui futsoumiseen 1849a lasanction des représentants de toutes les loges : c’est de cette éjîoqiie que date le Convent annuel. Désormais, le

« Sénat maç.’. » put exercer un contrôle permanent

sur les actes del’administration centrale, et l’Ordre, centralisé, acquit toute sa puissance.

Cependant, la réaction conservatrice qui suivit les journées de mai et de juin montra bientôt aux sociétés secrètes que, même en France, la République (l)our être favorable à leurs desseins) était prématurée, et qu’une dictature dont elles aideraient l’établissement restait la meilleure forme de la Révolution. Dès que l’ancien carbonaro Louis-Napolkon-BoxAP- ^UTE fut allé s’asseoir, à la Législative, sur les bancs de gauche et se fût abstenu, le 30 septembre 1848, de voter pour l’expédition romaine, il devint le candidat oflicieux des loges. Le Deux Décembre, les chefs républicains restèrent immobiles, et le mois suivant le Grand-Orient acceptait le Prince Lucien Muhat comme Grand-Maitre (1852-1861). C’est ce cousin de l’empereur qui acheta l’hôtel de la rue Cadet. Son autoritarisme le força à démissionner en 1861, il avait du reste vote au Sénat pour lemaintien du pouvoir temiiorel du Pape, et la Franc-Maçonnerie ne pouvait lui pardonner ce crime. Le prince Jérôme Napoléon — personnage qui avait voté contre le pouvoir temporel et dont le cœur était aussi corrompu que l’esprit — accepta alors la candidature à la grande-maitrise ; mais Napoléon III s’y opposa et, le Il janvier 1862, ce souverain par la grâce de Dieu et la volonté nationale » nomma de son autorité suprême le maréchal Macnan (Dtvrn-GiF. B, 1862, p. 10).

Quoique nouveau dans la maçonnerie — il dut recevoir les 33 grades en un seul jour — le maréchal manifesta bientôt un grand zèle : après avoir essayé en vain d’unir de force au Grand-Orient le Suprême Conseil du rite écossais, il se fit le promoteur d’une revision constitutionnelle qui restitua au Convint la pléniliule du pouvoir législatif ; il Aoulul aussi obtenir pour la maçonnerie la « reconnaissance d’utilité publique », et c’est ce singulier épisode que M. Kugène Makiikaii a raconté (pour y avoir joué le j)rincipal rôle) dans la Jlevuc des Jleux Mondes (15 mars njot). Comme il est fort signiiicalif, nous allons le résumer en quelques mots.

Le Grand-Orient devait encore 500 ou 600.000 fiancs sur les i.Soo.ooo qu’avait coûté l’immeuble de la rue Cadet (acheté par le prince Murât). Magnan s’adressa au Crédit Foncier, ipii refusa l’argent, étant donné que le Grand-Orient n’était pas investi de la personnalité civile ; la « société civile », précédemment formée, n’était qu’un préte-nom fictif. C’est afin de lui donner la qualité légale qui lui manquait que le maréchal s’iM’orça de lui faire octroyer la reconnaissance d’utilité publique. Le ministre de l’Intérieiu(Persigny) s’enipressa de favoriser cette requête, car il y voyait vm moyen de confisquer la Fr.’. M.’, en lui donnant un caractère oITiciel, un moyen aussi de faire ressortir le « mauvais esprit » de la Société de Saint-Vincent de Paul qui venait justement de refuser les mêmes présents d’Artaxerxès… Mais il fallait obtenir l’assentiment du Conseil d’Etat ; or, quoique très « gouvernemental », le Conseil d’Etat du second Empire était aussi fort indépendant et comptait plusieurs membres profondément religieux. Le rapporteur choisi fut M. Marbeau, simple maître des requêtes (on espérait sans doute voiler ainsi la gravité de l’afTaire). Le conseiller d’Etat Alfred Blanche(run des33 membres duConseildu Gr.-. Or.".) intervint pour accorder avec la loi un iirojct de décret qui exceptait les Loges de la mesure demandée, et <i ignorant » tous les articles de la constitution maçonnique, sauf quatre ! En outre, Magnan fit passer au rapporteur une note rassurante, disant entre autres choses qu’il se proposait de nettoyer les écuries d’  « Ogias » (sic) et qu’aucune réunion n’aurait lieu sans qu’il ffit porté des toasts à l’Empereur, à l’Impératrice et au prince impérial. M. Marbeau n’en conclut pas moins au refus de la demande : Il La Franc-.Maçonnerie, observa-t-il, n’est pas sans doute une société secrète, mais c’est une société à secrets. Or l’Etat ne peut reconnaître que ce qu’il connaît. » Les Conseillers (maçons) ïhuillier cl Boinvilliers déclarèrent alors que le gouvernement

« savait » ce qu’il faisait, cpie l’Ordre n’était nullement

une institution révolutionnaire, qu’il ne s’occupait plus depuis longtemps de politique ni de religion, et que ses statuts, du reste, le lui interdisaient, qu’il n’était qu’une association de bienfaisance et de camaraderie. Finalement, << en section >, le rapporteur fut seul à voter contre le projet. Mais 1’  « assemblée générale » réservait une surprise. M. Baroche avait signifié à M. Marbeau qu’  « il fallait » que le décret fût adopté ; malgré cela, le rapporteur fit ressortirl’impossibilité où le gouvernement serait d exercer son action et son contrôle sur une associatio71 qui garderait « cette organisation voilée, hiérarchisée, à cloisons étanches, qui a précisément pour but de la soustraire à tout contrôle réel, à toute action autre que celle de ses chefs secrets ». Le président Baroche annonça alors que la délibération serait remise à une autre séance, et, au bout de quelques semaines, le projet de décret disparut de l’ordre du jour… sans doute à la demande du maréchal lui-même, car les francs-maçons, qu’il n’avait consultés d’aucune façon, manifestaient une vive opposition à cette tentative d’embrigadement.

Magnan racheta ses torts en obtenant de Napoléon III le rétablissement de l’élection du Grar.d-