Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/611

Cette page n’a pas encore été corrigée

1209

JEAN NÉPOMUCÈNE (SAINT)

1210

d’amulettes. L’an dernier (1912), dans nne seule pagode, en un seul jour de fête, on vendit 50.ooo charmes d’une certaine espèce. Les Japonais gardent leur culte pour la nature. L’ascension des montagnes est considérée comme un acte de religion qui n’exclut pas le plaisir. Les bonzes délivrent des certificats à qui fait l’ascension du Fuji. Mais le culte japonais par excellence, ni bouddhiste, ni shintoïste, simplement japonais, c’est le culte de l’eau. Même en hiver, on visite la cascade pour se puriûer, faire pénitence, gagner des mérites. Chaque soir, on voit les dévots de l’eau, en simple kimono, une clochette à la main, aller de pagode en pagode ; auprès du puits, ils sont 30, 40, 100, attendant leur tour de recevoir sur le corps les seaux d’eau glacée qui les purifieront.

Quant au néoshinloïsme il n’a pu vivre qu’à la condition de se transformer. En théorie, c’est toujours le culte des kami et à’Ama-Terasou. Deux fois l’an, on fait de grandes cérémonies officielles au temple shinto en l’honneur des âmes des soldats morts dans les guerres récentes. Chaque événement important, guerre, paix, naissance, mort ou mariage dans la famille impériale, est oniciellement annoncé aux dieux de l’Empire, et un messager olliciel est pour cela envoyé à Isé. Tout personnage important partant pour l’étranger, en mission, doit prendre congé du fondateur de la dynastie, dont la tablette est conservée dans la chapelle particulière de l’Empereur. En réalité, tout cela n’est qu’un rite civil sans autre dogme que la divinité de l’Empereur et du Japon, sans autre morale que le dévouement absolu au mikado. Cette pseudo-religion est parfaitement conciliable avec un rationalisme décidé. Les autorités japonaises s’efforcent de persuader aux étrangers que le tout se réduit à des pratiques rituelles sans portée vraiiænt religieuse. Et, en fait, le gouvernement, qui professe le shinto comme religion d’Etat, impose la neutralité dans les écoles, et propage toutes les formes d’incrédulité dans les milieux universitaires.

Mais cet athéisme légal produisant des fruits alarmants d’immoralité, le monde officiel de l’heure présente semble vouloir revenir en arrière et rendre à la religion sa place dans la vie publique et scolaire. Quelle religion ? Le sliintoisme est impuissant, le bouddhisme discrédité. Reste le christianisme (69.765 catholiques en 1912, 8Li.221 protestants en 1910. avec Formose). "Volontiers on lui ferait la place très large : mais on voudrait qu’il fût prêt à se japoniser un peu, et à se nationaliser.

BiBLioanAPuiE. — On trouvera une bibliographie complète jusqu’en 1906 dans Fred. Von Wenckstern, Bibliography of the Japanese empire, t. I (1895), pp. 52-59 ; t- I’Ogo"). PI’. 4>- 5’).

W. G. Aston. Shinto ; the « av of the Gods. Londres, igo5. — Brinkley, Japon, ils history, arts and littérature. Boston-Tokio, 1902, t. II, III et V.

— Chamberlain, Japanese Things. London, 1906. — P. D. Ghantepie de la Saussaye, Manuel d’histoire des religions, trad. fr. Paris, igoJl (eh. iv, sur le Shinto). — J. Dahlmann, Les religions du Japon (Christus, i^, ch. iv). — Eitel, Buddhism : itshiatorical aspects, 1834. — K. Florenz, Japanische Mythologie, Leipzig. 1901. — Lafcadio Hearn, Glinises of iinfamiliar Japon, Exotics and lietrospectives, etc. — Ryavon Fujishima, l’état actuel du Bouddhisme japonais (Revue de l’histoire des religions, t. XLIII, 1901, p. iCn et suiv.). et Le Bouddhisme japonais, doctrines et histoire des douze grandes seclesÇXouvelle Bévue, t. LIV, p. 741, 1888). — W. E. Grilfis, The religions of Japon, from the daun of hiêtory to the era of Miji. New-York,

V édit., 1901. — Gyan-nen, de la secle Kegon, Esquisse des huit sectes bouddhiques du Jupon, traduction de A. Millioud (Bévue de l’histoire des religions, t. XXV et XXVI). — G. W. Knox, The development of religion in./apan, New-York, 1907.

— Pi.. Lloyd, Developments of Japanese Buddhism, dans les Asiatic Society of Japon transactions, t. XXII. — De la Mazcliére, Le Japon. Histoire et civilisation. 5 vol., Paris, Pion, 1907 et suiv. — L. de Milloué, Japon, religions, dans la Grande Encyclopédie, t. XXI, p. 28-28. — Bunyn Nanjiro, A short history of the japanese secls, Tokyo, 188 ;. — Nitobé, Bushido. The soûl of Japon. An e.ipvsition of Japanese thought in ierms intelligible to the i<est, Londres, 1906. — Steichen. M.E., Les daimyo chrétiens, — WalterDening, Japanese modem litteratur, dans Transactions of the Asiatic society of Japan. Tokio, juin 1913.

Nombreux articles dans les recueils :

Transactions of the Asiatic Society of Japan, Tokio ; Trons. oftlie Japan Society, Londres ; Miiteilungen der Dentschen Gesellschaft fur yatur und Volkerkunde Ostasiens. Tokio ;.4nnales du Musée Guimet, Va.vs ; Bévue de l’histoire des religions. Var’is.

Alexandre Bnor, S. J.


JEAN NÉPOMUCÈNE (SAINT). — Saint Jean Népomucène, patron de la Bohème et premier martyr du secret de la confession, a été canonisé par Benoit XIll, le 17 mars 1729, après un procès conduit selon toutes lesrèglescanoniques. Or, d’après une opinion aujourd’hui très répandue et fortement appuyée, le procès de canonisation contiendrait des erreurs considérables, que les ennemis de l’Eglise déclarent inconciliables avec le dogme de l’infaillibilité pontificale.

En effet, le personnage dont le procès de canonisation place la mort en 1383 et qui a été proclamé saint, n’aurait pas existé réellement ; le seul Jean Népomucène historique serait Jean de Népomuck, vicaire général de l’archevêque de Prague Jenzenstein, précipité dans la Moldau. en 1393, par ordre du roi Wenceslas, et pour lequel des messes de Requiem ont été dites pendant longtemps, dans l’église de Saint-Vit. Le procès de canonisation distinguant nettement ce Jean Népomucène, seul personnage historique, de celui qui a été proclamé saint, l’erreur est évidente et capitale. Avant de répondre à cette dilliculté, exposons rapidement l’état de la question.

Tout le monde est d’accord sur un point, c’est que l’archevêque de Prague. Jean de Jenzenstein (13811896) a eu un vicaire général du nom de Jean de Pomuk oudeNépomuk. Entre les années 1872 et 13g3, le nom de ce vicaire général revient souvent dans les archives métropolitaines (iiftri erectionum), où il signe les fondations en se nommant « Johannes U’el/lini (filius) de Pomuk ». Il était docteur en droit {decretorum doctor), grand vicaire en 1889 ; il devint archidiacre de Saaz en 1890, et comme tel Canonicus Pragensis ad extra, c’est-à dire chanoine de Wyssehrad, mais non pas chanoine titulaire de résidence. On relève sa signature de vicaire général dans plusieurs actes judiciaires du consistoire de Prague. On ne sait pas si le nom de Pomuk désigne la ville où il est ne ou seulement l’origine de sa famille. En 1898, il fut torturé et jeté dans la Moldau par ordre de l’empereur d’.llemagne, roi de Bohême, Wenceslas le Fainéant, pour avoir confirmé contre la volonté de celui-ci l’élection d’un nouvel abbé du monastère de Kladrau (Kladrub).

Ce fait est raconté en détail dans une plainte que