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JANSENISME


hérétiques (prop. i, a, 3, 4. 15, Sg, 85), et quelques-unes comme ayant été flétries déjà chez Wiclef, Lullier, Baius, Jansénius et Quesnel. Outre ces 85 propositions — c’est la bulle qui le remarque — il y en a plusieurs dans les actes qui leur sont analogues, et l’ensemble de la doctrine du synode révèle une affinité notoire avec le système condamné du Quesnellisme. Pie VI se plaint, en outre, qu’on reproduise divers articles, ceux de 1682 par exemple, ou d’autres qui ont été présentés à Innocent XII et à Benoit XIII, mais n’ont jamais été approuvés.

Les évéques de Colle et de Chiusi se montrèrent défavorables à la constitution, mais l’évêque de Noii lui opposa une protestation formelle, à laquelle applaudirent les Jansénistes. Cette même année (octobre l’^'ji), les schismatiques d’Utrecbt font adhésion aux conclusions du conciliabule. Quant à Ricci, peu populaire dans son diocèse et contraint de démissionner, lorsque Léopold fut devenu empereur (1590), sa conduite demeura longtemps équivoque ; il se soumit délinitivement à Pie VII (g mai 1805), et mourut en 18 10.

La bulle Aactorem fidei met ainsi fin au Jansénisme italien, au moment presque où le Jansénisme français s’éteint dans le schisme de l’Eglise constitutionnelle. Le Jansénisme hollandais est désormais le seul qui survive.

VI. — Conclusion

Nous avons examiné le Jansénisme, depuis sa première apparition dans le Baïanisme de 1560 à 1589, jusqu’à sa complète dégénérescence en France et en Italie (i^gi), jusque dans Tunique rameau qui subsiste, le schisme d’Utrecht, aujourd’hui fondu avec le Vieux-catholicisme. Ebauché par Baius et par ceux qui, d’accord avec lui, dressèrent des censures de 1587, pris en main et perfectionné par Jansénius de 1617 à 1638, vulgarisé par les Jansénistes de France, notamment par le grand Arnauld et surtout par Quesnel, de 1040 à 1719, une dernière fois renouvelé dans les décrets du synode de Pisloieen 1 786, le système théologique de l’évêque d’Ypres sur la nature de la grâce et la prédestination a été censuré dans les cinq propositions de 1653, qui en expriment la substance ou l’àme. Sans doute, dans cette quintessence, les traits essentiels du système paraissent grossis et accusés plus que dans V Aagustinus même ou les lié flexions morales, mais ils n’en sont pas moins tous dans ces deux ouvrages, et l’Eglise se devait à elle-même de les y démasquer. Elle l’a fait dans les bulles successives qu’elle a portées contre le Jansénisme — bulles Ciim occasions (31 mai 1653), Ad sacrant (16 octobre 1656), Regiminis aposinlici (15 février 1665), Virieam Domini (15 juillet 1700), l^nigenitus (8 sept. 171 3), Pasioralis officii (28 aoùt-8 septembre 1718), Auctorem fidei (’28 aoiit 1794) — au nombre de sept, sans compter les trois condamnations rendues contre le Baïanisme proprement dit et contre VAugustiniis qu le recommençait — bulles 7 ;.r omnibus (1"=’octobre 1067), PrOi’isionis nostræ (29 janvier 1579), In eminenli (6 mars lôia-igjuin 1643). — (Dexzingkr "*, n. 1092-1096(966-970) ; 1098(971) ; 1099 (971) ; 1350(1317) ; 1351-1451 (1216-1316) ; iSoi-iSgg (136/j-146’)j 100 1-1080 (881-959).

Qu’on objecte, tant qu’on voudra, comme on le fait encore de nos jours, que plusieurs de ces constitutions ont été accordées aux prières de Louis XIV, celle d’.lexandre VU par exemple avec son formulaire (1665) et celles de Clément XI (1706 et 1713), elles n’en émanent pas moins du vicaire de Jésus-Christ et s’imposent aux fidèles comme une règle de foi. Il est impossible d’en douter, lorsqu’on entend

les papes, pendant plus de cent quarante ans, répéter constamment et ratifier leurs précédentes décisions, les proposer de nouveau à la croyance des peuples. C’est donc justement qu’au début de notre étude, nous désignions le Jansénisme comme un système théologique plusieurs fois condamné par l’Eglise.

Toutefois, durant un siècle et demi, ceux du parti se sont entêtés à défendre leur doctrine, se bornant à la dissimuler dans l’occasion et se dérobant eux-mêmes par de feintes soumissions. Ils en sont venus, malgré tout et quoiqu’ils en eussent, à la révolte ouverte contre le Souverain Pontife et à l’évidente négation de ses décrets dogmatiques. Ainsi l’existence de leur hérésie, qu’ils ont niée trop longtemps, s’est découverte manifestement, et se laisse voir encore dans ce qui demeure de leur survivance.

C’est ce que nous voudrions avoir établi dans cet article, désireux que nous étions, de mettre les chrétiens en garde contre des histoires trop vantées du Jansénisme, documentées, comme le Port-Itoyal de Saintb-Beovi ;, dans les seules archives ou bibliothèques jansénistes, à l’aide de mémoires et de nécrologes rédigés par ceux-là mêmes qui ont tout intérêt à s’embellir, fut-ce aux dépens de la vérité, et à se présenter comme des orthodoxes injustement persécutés, innocentes victimes d’une conspiration jésuitique.

VII. — Bibliographie

[Nota : Les ouvrages qui sont aujourd’hui encore à l’Index sont marqués d’un astérisque.]

I. — Sur Bains et le Baïanisme : Le Bachelet, art. Baius, Michel, dans Dictionnaire de Théologie catholique, t. II, Paris 1905. — *Du Chesne (le P. J.-B., S. J.), Histoire du Baïanisme. livres I, II,

III. — Dissertation sur les bulles contre Baius, Utrecht 1737, 2 vol. (par l’abbé Coudrette). — Pluquel et Claris, Dictionnaire des hérésies dans Encyclopédie théologique de Migne, art. Baïanisme. — *Bay (Michel de), ou Baïus, Michælis Bail, celeberrimi in Lovaniensi Academia theologi opéra. Edition de D. Gerberon, Cologne 1696,. 2 vol.

II. — Sm’la première période : *Du Chesne, ouvrage cité, livres IV et V. — Rapin (le P. René, S. J.), Histoire du Jansénisme, édition Dômenech, Paris 1861 — et Mémoires, édition Aubineau, Paris 1865, 3 vol., t. I. Le ms. original et autographe de cet ouvrage (Histoire du Jansénisme et Mémoires) est à la Bibliothèque nationale, Ms. fr. 10574-10576, 3 vol. in-fol. Le troisième volume contient des extraits, analyses et copies^ qui sont les pièces justificatives de l’histoire même : la re-ue Documents d’histoire en a commencé la publication (mars igio et fascicules sui-^ vants). — Hermant (Godefroy), Mémoires sur l’histoire ecclésiastique du xvii< siècle (1630-1663), édition Gazier, Paris igoS-igio, 6 vol., t. 1, livres i IV. Un ms. de cet ouvrage se trouve à la Bibliothèque nationale, Ms. fr. 17725-17729 et 1049610497. — *Jansénius (Cornélius), évéque d’Ypres, Augustinus, in-fol. ; Louvain 1640, Paris 164 1. ou Rouen 1 652. — Arnauld (Antoine), Otlinres. Paris et Lausanne 1776-1783, 43 tomes en 38 volumes in-4 ", ledernier volume contenant la vied’Arnauld, les pièces justificatives et la table générale des matières. — Vandenpeereboom (A.), Cornélius Jansénius, septième éiéque d’Ypres, Sa mort, son testament, ses épitaphes. Bruges 1882. — Jansénius, étéque d’Ypri’s. Ses derniers moments, sa soumission au S. Siège, d’après des documents inédits, Louvain