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JANSENISME

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qui, dès le temps de l’Assemblée, parmi les acceptants, se distinguaient déjà des purs constitiitiorinaires. A leur tête, Rolian, dans de bonnes intentions, n’épargne pas sa peine à négocier. Mais, trop conCant dans les belles paroles ou les promesses vagues de ses confrères opposants, de Noailles notamment, lequel sait toujours se dérober lorsqu’il parait engagé, l’évêque de Strasbourg n’aboutit à rien, et ne fait que perdre le temps. Cependant, le parti se répand et se fortifie. C’est ce qui arrive dans ces conférences d’évéques, formées par Kohan, sur la fin de 1716 etdans les premiers mois dei-17, en vue d’expliquer la bulle aux prélats de l’opposition (Lafitau, liv. II et iii, t. I, p. 183-3^5).

F. L’appel des quatrb kvi’iqles (i »’mars 171^) et l’accommodement (i^ao). L. der.mérb série des NÉGOCIATIONS. — Au zèle sincère des négociateurs un nouvel obstacle est posé, l’acte par lequel quatre évêques opposants — MM. de Boulogne, de Mirepoix, de Montpellier et de Senez — appellent de la bulle au futur concile (i^ mars 1717). La Sorbonne leur fait adhésion (5 mars), puis S’oailles, mais son appel est tenu secret (3 avril) ; il n’est divulgué qu’en septembre, par une indiscrétion que le cardinal désavoue. Ensuite, ce sont de multiples démarches et des incidents : les partisans de Quesnel recrutent partout, même à prix d’argent, des adhérents qu’ils prétendent nombreux. L’Eglise de France, jusque-là divisée en zélés constitiitionnaires, négociateurs et opposants, se voit dès lors partagée en acceptants et en appelants. Le régent, par une déclaration du roi, cherche à imposer le silence. Les prélats acceptants, toujours conUants à l’excès, se reprennent à négocier, mais, comme par le passé, ils n’obtiennent de Xoailles, le plus en vue parmi les appelants, que des faux-fuyants et des promesses sans effet. Clément XI et les cardinaux lui écrivent, mais sans résultat. Le Pape se détermine alors à condamner les appels par un décret du Saint-Oflice (8 février 1718), et, par une bulle, il sépare les récalcitrants de sa communion (bulle /^fls/c)rn/(s ( ; /ftci/, 28 aoùt-8 sept. 1718). Noailles en appelle, comme de la constitution l’nigenitus (3 octobre), dans un acte auquel adhère son chapitre ; et le Parlement procède contre la bulle Pastoralis. Dès lors parlements et parlementaires se montrent constamment hostiles aux acceptants et au Saint-Siège.

A ce moment, on peut craindre un schisme national. C’est alors que l’abbé Dubois entre en scène. Ses efforts conjurent le d.Tnger et soutiennent la cause de Rome. Afin de la faire triomi)lier, il multiplie, pendant plus d’un an, les démarches et les négociations ; il s’efforce d’obtenir, de part et d’autre, les concessions qui seules lui paraissent capables d’amener une conciliation. Secondé qu’il est par le cardinal de Hohan, il forme un comité d’évéques ; après des discussions auxquelles Dubois prend une part utile, les prélats ])arviennent à l’acconimodement souhaité ; ils conviennent d’un mandement que Xoailles s’engage à publier, mandement composé d’un préambule, d’un précis d’explications et d’une acceptation (13 mars 1720). Cette acceptation. Noailles la diffère longtemps et la donne seulement le 18 novembre. Quelques jours plus lard, 3 décembre, les efforts persévérants du Hégent et de Dubois arrachent au Parlement l’enregistrement des lettres patentes et de la déclaration du roi concernant l’accommodement relatif à la constitution l’nisenitus. Désormais la bulle de 1713 est loi de l’Etat, le triomphe semble donc coniplet (Iîi.iaho, Dubois Cardinal et Premier Ministre, t. ii, ch. ix, p. 279-308).

Mais voici une nouvelle complication : après

examen des actes transmis à Rome, Clément XI déclare ne pouvoir se contenter de l’arrangement consenti. Il a su, en effet, que Noailles, par une de ses feintes coutumières qui rapjielle la duperie des procès-verbaux de 1668, a préparé deux éditions de son mandement, dont l’une à l’usage du Pape accepte sans restriction, tandis que l’autre, destinée à demeurer secrète, ne comporte qu’une acceptation restrictive. Les négociateurs, aussitôt, de se remettre à l’œuvre et de tâcher de satisfaire aux justes exigences du Souverain Pontife, mais tout est dérangé par la mort de Clément XI (19 mars 1721).

Sous Innocent XIll (8 mai 1721-7 mars 172^) et dans les premiers temps de BenoIt Xlll (élu ag mai 172^), nouvelles négociations, nouveaux espoirs et nouvelles dillicultés : d’une part, le concile romain de Latran décrète que la bulle l’nigeiiitus est une règle de foi (avril 1720) ; de l’autre, les Quesnellistes se remuent. Chaque jour, ce sont des mandements et des Instructions pastorales de leur façon, dus d’ordinaire à MM. de Senez, de Montpellier ou d’Auxerre. Bientôt Soanen, l’évêque de Senez, attiie toute l’attention par une plus audacieuse Inslructivn pastorale, conçue en l’orme de testament et datée du 28 août 1726. Elle tend positivement au schisme et à la révcdte..ussi l’évêque est cité devant le concile d’Embrun (aoùt-sepl. 1727), jugé, suspendu et relégué à la Chaise-Dieu dans le diocèse de Clermont. Cette mesure, ratiliée par le Pape et par le roi, ne va pas sans soidever des discussions et des incidents nouveaux, comme la Consultation des ôQ avocats ou la Lettre des 12 é’éques opposants (Lafitau, liv. iv et V, t. ii, p. 3-164).

G. S0U.MISS10N DU CAKDiN.iL de No.illes(ii Octobre 1728). — Le dernier accommodement, tenté près de Noailles, avait montré qu’avec l’âge il était moins éloigné d’une réconciliation. Des divisions qui se produisent, en Hollande, dans le parti le l’ont, dit-on, rougir. En même temyis les instances de sa nièce, la maréchale de Graniont, et celles du cardinal de Fleury achèvent de le décider. Secrètement, il adresse au Pape une lettre soumise (19 juil. 1728) et, Benoît Xlll l’ayant paternellement exhorté à consommer sa démarche, ]>ar un mandement j)ublic il défère aux désirs du Souverain Pontife (M oct. 1728)..près quinze ans d’une résistance obstinée, dans une suite ininterrompue de promesses de rapprochement et de faux-fuyants, c’est, apparemment du moins, par une réception pure et simple de la bulle, une soumission sincère. Le cardinal devait mourir sept mois plus lard (’1 mai 1739). Deux déclarations, divulguées seulement quelques jours après sa mort, ont donné lieu de [lenser qu’il ne s’est pas franchement converti. Ce sont des actes qu’il aurait remis à une autre de ses nièces, la duchesse de la Vallière. Il y proteste qu’il n’a jamais eu la pensée d’accepter la constitution. Si ces pièces sont authentiques, la vie du cardinal se serait terminée dans une dernière feinte (L.^^fitai’, liv. v, t. II, p. 16^-168. — Comte E. de BAurni-XEMY, Le cardinal de.oailles… d’après sa correspondance inédite, 1651-1728. C’est une apologie complète. — Hyrvoix de Landoslb, La suprême palinodie du cardinal de.oaillcs en il21>. Article inséré dans’Intermédiaire des Chercheurs, 20 mai 1909, c. 721-723, et renvoyant aux Mémoires de l’abbé Leoendre. Paris, 18()3, p. 413-415).

La mort de Noailles clôt la période du Quesnellisme : ouverte peu de temps après la paix trop peu ferme de Clément IX, elle est entièrement remplie, sauf au moment des débats du Cas deconscience, par les disputes sur les Itérerions morales et plus encore sur la bulle l’nigenitus. Tandis que la controverse se