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JANSÉNISME

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I En censurant les loi propositions, Clément XI

notait expressément qu’il n’approuvait pas le reste de rouvru{ ; e. Il remarquait, en outre, que le texte sacré lui-iucnie était altéré el conforme en beaucouj) d’endroits à la traduction dite de Mons, depuis longtemps proscrite (iGOS).

Voir dans le Dictiuiinaire des hérésies de Pluquet el Claris, art. Quefnel, un Précis des erreurs condamnées dans les Ilé/lexions murales et un Exposé succinct des vérités opposées (c. I21^-13215) ; plus brièvement dans D. TiiuiLLimi, ouvrage cité, cli. iii, §6, Analyse du décret apostolique ([>. ija-iSS).

U. AcCErTATION ET ENREGISTUIÎMENT UB LA CONSTI-TUTION (sept. i^iB-mai i^i/i). — Une fois la Constitution entre ses mains (’25 sept.), Louis XIV décide de la faire accepter. Sur-le-champ, il groupe dans une assemblée extraordinaire les prélats qui sont à la suite de la cour (16 octobre 1713 — 5 févr. 17 ii^). Tandis qu’à l’extérieur, ce qui va de soi, les Quesnellistes crient et agissent sous main, dans l’assemblée même des divisions se produisent. Il y a comme trois partis, que l’habileté de l’évcque de Strasbourg, cardinal uE Uouan, réduit linalement à deux. C’est ainsi que se forme la majorité : les prélats qui la composent sont d’accord i)our recevoir la bulle avant toute explication, sans restriction, relation, ni conditions. Us conviennejil que les Hé/lexions morales sont un livre hérétique et que les 101 propositions extraites de cet ouvrage sont justement censurées. Mais quelques-uns d’entre eux — c’est le premier des trois partis — voudraient accepter purement et siniplement, sans aucune explication. Les autres, plus nombreux, sont d’avis <]u’après l’acceptation pure et simple donnée, ou dresse une Instruction pastorale, qui contiendra un précis d’explications. Leur but n’est pas d’expliquer le sens de la bulle, comme s’il était indécis ou ambigu, mais uniquement d’exclure les fausies interprétations que la malveillance chercherait à lui attribuer. Cet avis est délinitivement adopté par la majorité entière, comprenant quarante évêques, sous la conduite de Rohan.

t.)uant aux prélats de la minorité, ils sont 9 en tout dont le plus en vue est le cardinal de Noailles. Leur dessein est de n’accepter la constitution qu’après avoir expliqué les mauvais sens dans lesquels les 101 propositions sont condamnées, ou tout au moins après avoir reçu du Pape des explications à ce sujet. Il s’agit donc d’une acceptation restrictive, relative, conditionnelle. Eu outre, ils n’attribuent pas les propositions flétries au livre de Quesnel, « lu’ils ont tous censiu’é cependant comme jiemicieux et renouvelant le Jansénisme. Noailles lui-même l’a proscrit, non sans ménagements, il est vrai, par un mandement en date du 28 septembre t^iS. Il paraît croire que tout ce qu’on lente contre Quesnel est dirigé contre lui, qu’on cherche avant tout à le forcer de flétrir un ouvrage qu’il a naguère approuvé. Dès lors, tous les elTorts des évêques acceptants, au temps de l’Assemblée, ceux mêmes des négociations et des projets d’accommodement qui la suivront jusqu’en 1928, tendront à déterminer les prélats de la minorité, et en premier lieu Noailles qui, par situation comme par dignité, est chef de l’opposition, à faire une acceptation, sinon absolument pure et simple, au moins, comme celle de la majorité, sans relation, restriction ni Condition, antérieure à toute explication.

Réunie dès le 16 octobre 1713, l’.Vsseniblée accepte, par 40 voix contre 9. la constitution sans restrictions ni conditions, sans relation aucune aux explications que doit développer l’/nstruction /instorale, d’ailleurs postérieurement soumise aux suffrages des prélats (a3 janvier 171^). La minorité seule diffère de donner

son avis avant d’avoir vu ces explications ; puis, une fois l’/nstruction examinée, alors qu’on espérait rallier tous les voles, Noailles consomme la scission. Au nom des huit évêques de son parli, il déclare qu’avant d’adhérer, ils ont résolu de demander au Pape des explications (1" février). Cependant la majorité approuve V Instruction ; elle signe des lettres au Pajjc et aux évêques de France (5 février). Bientôt Clément XI, persuadéque l’acceptation de l’Assemblée n’est, quoi qu’en disent les opposants, ni conditionnelle, ni restrictive ou relative, mande sa satisfaction (brefs du 17 mars 1711^). Que s’il ne loue pas formellement V Instruction pastorale, c’est que l’approbation d’usage pour ces sortes de pièces consiste Eeulemenl à ne pas les blâmer ; Louis XIV, de son côté, donne des lettres patentes et fait enregistrer la constitution (14-15 février), mais, sous prétexte de ne pas porter atteinte aux libertés gallicanes, l’enregistrement comporte des réserves ; ce dont Clément XI adresse des doléances au roi. Cependant les évêques, dans tout le royaume, se conforment aux décisions de l’assemblée et publient la constitution. Elle est acceptée purement et simplement dans cent dix-sept diocèses. Six prélats gardent sur elle un silence complet. Celui de Metz et quelques autres croient devoir l’expliquer. D’après Lalilau, l’opposition ne compte que quinze tenants, dont huit seulement sont franchement opposés. C’est la minorité de l’assemblée, moins M. de Laon qui s’est séparé dès le 20 février. Leurs mandements, entre autres celui de Noailles (25 février- 1" mars), peu respectueux à l’égai’d du Pape et de la bulle, sont condamnés par le Saint-Ollice (mars-mai), el Clément XI, par un bref au roi en date du 8 mai, se plaint de leur obstination. Sur une injonction de Louis XIV, la Sorbonne reçoit la constitution et l’enregistre (mars) ; les autres Facultés de théologie adhèrent semblablement. Celle de Reims seule résiste quelque peu (D.’I’hliluer, eh. Iil-vi, p. 183-402. — LAFrrAU, liv. i et 11, t. I, p. 130-177. — BouRLON, Les Assemblées du clergé et le Jansénisme. ch. VII, p..37-180).

E. Premières démarches povr rallier les opposants ou POUR LES RKuuiRE (mai I711-mars 1717).

— L’attitude obstinée de la minorité scinde en deux l’Eglise de France. D’un côté, ce sont les acceptants, soumis au Saint-Siège el au roi ; de l’autre, le groupe des opposants où s’unissent les vrais Jansénistes et d’autres qui. sans l’être absolument, comme Noailles, ont pourtant des attaches avec eux et refusent de se soumettre avant que le Pape se soit expliqué. Alors commence une série de démarches pour les rallier, ou du moins réduire leur résistance. C est d’abord une négociation qui tente d’amener Noailles à refaire son mandement par lequel, plus qu’aucun autre, il avait attiré l’attention. Puis, l’on songe àuserde contrainte. Louis XIV projette la réunion d’un concile national où les opposants seraient cités, et finit par emporter, après quelque difficulté, le consentement de Clément XL Malheureusement, l’entreprise est rompue parla maladie et la mort du roi (i" septembre 1715).

Une réaction se produit aussitôt dans le sens janséniste : le pouvoir mal affermi du Régent recimrt à des ménagements, au point même de nommer Noailles à la présidence du Conseil de conscience. La Sorbonne proteste qu’en 171 4 elle n’a pas accepté la bulle (déc. I715-janv. 17 16), et les opposants, s’enhardissant, ont la prétention de contraindre enfin le Pape à fournir des explications. Mais Clément XI, demeurant ferme, se résout à rfecarc/ùia/iser Noailles, sans se hàler toutefois cl en lui laissant le temj)s de faire sa soumission quin 1716). Pendant les délais, on voit plus que jamais à l’œuvre les négociateurs