Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/59

Cette page n’a pas encore été corrigée

105

FRANC-MACONNERIE

10 j

Il lui mantiuait pourtant un centre directeur qui fit converger vers le niènie liut toutes les forces rcvolulioMiiniies. C’est ce centre que réalisèrent les fondateurs (lu Crniid-Oiient.

L’iiistoire de ses orii^incs est malaisée à écrire : la plupart des documents qui permettraient de le faire avec exactitude ont disparu des archives elles-mêmes de la rue Cadet. D’après les historiens (Rf.bold, Favri :. Ragon) qui paraissent avoir le mieux utilisé ce qui reste dans ces archives secrètes, voici en quelques mots comment s’enchaînèrent les événements.

Pc violentes dissensions avaient amené, en 1767, la fermeture de la Grande Loi ;e de France. En 1971, une faction de pcrsonnafies « mal famés », prétendant représenter la Grande I.oi ;e qui les Jivait bannis, offrirent la ii’randc-maitrise au duc de Cuaiitres, (Louis-Pliilii>pe-Josci)h. futur duc d’Orléans, puis Pnu.UTK-KGAi.iTii), qui acccjita. Sa nomination ollicicUe (Ut lieu à. la tête de Saint-Jean (27 décemlire 177 i) dans une asscnibléc générale de tous les maîtres de log-es de Paris. Une commission de huit memlires reçut la mission d’élaborer un projet de réorganisation de l’Ordre, et on nomma 22 irrands inspecteurs provinciaux charjïés de visiter toutes les loges du royaume et de maintenir l’exécution des règlements.

Le 5 avril 1772, le duc de Chartres accepta en outre, « pour l’amour de l’art rojal et aOn de concentrer toutes les opérations maçonniques sous une seule autorité « , la grande-maîtrise (( du souverain Conseil des Empereurs d’Orient et d’Occident, sublime mère Loge écossaise ». et celle (( de tous les Conseils, Chapitres et Loges écossaises du Grand-Globe de France » (Texte dans Rebold, p. 53).

Son -Vitesse sérénissime, — représentéepa^son siihsiitiit, le duc de Luxembourg, — s’occupa ^’ailleurs beaucoup plus de ses plaisirs que de ses nouvelles fonctions. Malgré cela, le Grand-Orient (intitulé d’abord.otn’elle Grande Loge.at1011ale de Friture), acciut rapidement sa puissance. L’Assemblée générale (lu 5 mars 1778 adopta les Statuts de l’Ordre lioyat de la Franc-Maroniierie en France : le Grand-Orient se proclamait seul législateur de l’Ordre ; l’inamovibilité des maîtres était remplacée par l’élection. Puis, à la Saint-Jean d’été, le nom d’Ordre Royal fut remplacé par celui d’Ordre maçonnique, et, le 2^.juin 1773, le duc de Luxembourg donna aux 81 membres du G.*. O."., pour célébrer leur installation définitive, une fête somptueuse. Le Grand-Maître fut installé à son tour le 28 octobre, à la Folie Tilon, rue de Montreuil.

Le G.’. O.". fut désormais représenté par l’assemblée de tous les vénérables en exercice ou par les députés des loges. Après diverses pérégrinations, il s’installa dans l’ancien noviciat des Jésuites, rue du Pot-de-fer (faubourg Saint-Germain), le 12 août 1774.

En 1774. on admit les dames aux traaux îles loges, ce qui amena la création de lui ; es d’adoption, rendez-vous de la plus haute aristocratie.

En 1775, l’assemblée du 18 mai ratifia les règlements des i ; randes loges pro’inciates : composées des maîtres ou des députés des loges, celles-ci étaient divisées en 82 généralités ; les capitales de province étaient leurs chefs-lieux (comme Paris celui de toutes les loges de France) ; elles devaient surveiller les loges, leur servir d’intermédiaire pour la correspondance avec le Grand-Orient, et recueillir les cotisations : Il en résultera l’unité dans le gouvernement. — déclarait le G.-. O.-. dans sa circulaire aux loges du 18 mai. — la facilité dans la correspondance, la diminution des frais. la prompte expédition dans les afl’aircs de l’administration. »

Les « corps constituants n maçonniques qui se posaient encore en adversaires du G.-. O.’. recon naissaient peu à peu sa suprématie : c’est ainsi qu’en 177C les trois directoires écossais du système des Templiers établis à Lyon, Bordeaux et Strasbourg, et dénommés « Hégime de la Stricte Observance i>, conclurent avec lui un traité d’union L’Etat du Grand-Orient, journal dont commence alors la jinblication, donne les noms de près de 300 logi s directement airiliées (chiffre qui s’élèvera à 3g5 en 1786). Parmi elles, s’en trouvent de très importantes connue la loge des Xeuf-Sirurs, qui initia Voltaire le 7 avril 1778 et était fréquentée par Hclvétius et Lalande(ses fondateurs). Benjamin Franklin, Pastoret, Champfort, Condorcet, Florian, Garât, l’abbé Delille, Lacéi>ède, etc.

En 1777, une circulaire du 3 octobre ordonna aux loges de ne plus reconnaître quie les trois premiers grades, et synthétisa les principes de l’Ordre par la formule : « Liberté, Egalité et Dévouement. » En 1782, on revint pourtant sur la circulaire égalitaire de 1777, et une conmiission spéciale, après quatre années de travaux, élabora un « rite français » composé de sept grades et divisé en quatre ordres.

Signalons encore les traités d’alliance conclus avec le directoire écossais de Montpellier (1781) et la

« mère loge du rite philosophique ». Signalons aussi

la tenue des Congrès de’Wilhemsbad et de Paris. Le premier (1782), convoqué par le duc Ferdinand de Brunswick (grand-maître du rite templier de la Stri(-te Observance), réunit les représentants de toutes les loges d’Europe, décréta la « réunion de tous les systèmes maçonniques dans les trois premiers grades », et lit prédominer les doctrines de l’illuminismc :

« Oui, — écrivait son fondateur, Weisuaupt, dix ans

avant la Révolution, — il viendra ce temps où les hommes n’auront plus d’autre loi que le livre de la nature ; cette Révolution sera l’ouvrage des sociétés secrètes… Tous les efforts des princes poiu- empêcher nos projets sont pleinement inutiles. Cette étincelle peut longtcnqis encore couver sous la cendre, mais le jour de l’incendie arrivera. » Ainsi s’expliquent les aveux du comte de Viriei ; à son retour de hemsbad : La conspiration qui se trame est si bien ourdie qu’il sera pour ainsi dire impossible à la monarchie et à l’Eglise d’y échapper. » (Voir M. Talmeïr, La F.-..V.-. et la Révolution française^ p. 22 et suiv.)

Le Congrès de Paris, — convoqué le 15 février 1786 sous l’inspiration de la loge Les Philali’tlies, — acheva de concentrer en France les forces révolutionnaires, tout en les « épurant ». Mirareau, Moumer, BonnbviLLR prétendirent, dans des libelles réjiandus à profusion, que les jésuites avaient pénétre dans la maçonnerie : cela servit de prétexte à l’expulsion des personnages trop attachés aux institutions établies, et à leur remplacement par des crocheteurs, des r(")deurs et des « tape-dur », serviles instruments de la secte (voir B.

Hi’Ei., Mémoires, t. V. ehap. ii,

p. 97). En 1789, on fonda, grâce aux subsides du dite d’Orléans, le fameux Cluti de Propagande destiné à

« culbuter tous les gouvernements actuellement établis

» en payant « les voyages des missionnaires qu’on nomme apôtres et les brochures incendiaires » (Papiers du Cardinal de Bernis). 282 villes possédaient alors des loges : il y en avait, selon Barri ; el, (ibid., ehap. xi), 7 à Bordeaux, 5 à Nantes. à Marseille, 10 à Montpellier, 10 à Toulouse. — Les noms des frères et amis » se retrouvèrent au sein des assemlilées et des clubs et dans presque loiites les journées d’émeutes de la Révolution : nommons la loge des Aeuf-Srrurs, où complotent Condorcet, Brissot, Garât, Bailly, Desmoulins, Danton, Chcnier, Rabaut-Saint-Etienne, etc. ; La Candeur, on se rencontrent La Fayette, les Lametli, Laclos, Sillery, ! e