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ISLAMISME ET SES SECTES

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Le culte islainii|ue ne comporte pas de musique. Le Coran est seulement psalmodié. Celle psalmodie constitue un art assez dillicile que l’on apprend dans les Universités.

Il n’y a pas non plus d’images dans le culte musulman. L’islam, selon le précepte biblique, proscrit la représentation de la figure humaine, et par suite la pliolof ; ra|>hie. Cette règle n’est plus appliquée par les Musulmans libéraux, et de tout temps une exception a été faite pour les sultans.

Le rituel musulman possède des prières spéciales pour certains cas : telles la prière devant l’ennemi, celle des disettes ou celle des éclipses. Il y a au^si des prières pom- les enterrements. Ceux-ci se font très vite et peu d’heures après la mort. Dans le rite hanélite, le corps n’entre pas à la mosquée ; il est laissé en dehors de la porte. Le Coran défend d’exagérer les marques de deuil.

D’après la doctrine musulmane, une sorte de jugement particulier suit la mort. Le défunt est interrogé dans le tombeau par deux anges Mounkar et Nakir. L’opinion populaire semble être, d’après les légendes, que l’àme du mort vit dans la tombe jusqu’à la résiu-rection ; le séjour du tombeau est pour elle agréable ou pénible selon que le défunt a été bon ou mauvais.

Le dogme de la résurrection a une importance considérable dans le Coran. Mahomet l’a prêché avec beaucoup de force et a souvent eu à ce sujet de vives discussions ; on voit que beaucoup de ses contemporains avaient peine à l’admettre. La résuirection et le jugement dernier sont souvent décrits dans le Coran. La représentation, ainsi que celle du Paradis et de l’Enfer, en est assez matérialiste. L’Enfer est conçu tantôt comme un monstre furieux dont la gueule engloutit les pécheurs, tanlôtcomme un vaste entonnoir à sept degrés. Au-dessus de cet entonnoir est un pont ; au fond un puits. Le Paradis est une pyramide à huit étages où sont des jardins, des pavillons, des « houris », et qu’ombrage un arbre gigantesque. Il n’y a pas à proprement parler de purgatoire, mais seulement une sorte de barrière, mur ou colline, entre le ciel et l’enfer, où les âmes de ceux qui ont vécu d’une façon moyenne, attendent plus ou moins longtemps avant que leur sort ne se décide. Le pont est aussi une manière de représenter le purgatoire : les âmes des élus le traversent, les meilleures en un clin d’oeil, les moins bonnes en un temps très long.

L’aumône est un précepte essentiel de l’islam. Elle est conçue à la manière biblique : le fidèle doit la dîme, plus exactement le quart de la dime sur ce qui a la nature d’un capital, et la dime sur ce qui a la nature d’un revenu, comme les fruits, l’accru des troupeaux. Les terres sont censées appartenir au sultan ; celles qui sont en la possession des Musulmans doivent la dime ; celles qui sontrestées aux mains des Chrétiens lors de la conquête musulmane, ont en général continué à payer les anciens impôts. A l’époque contemporaine, le principe de l’égalité de l’impôt pour tous les sujets de l’empire, sans distinction de religion, a été introduit dans la législation ottomane.

L’islam recommande l’hospitalité, selon la tradition bil)lique ; les œuvres d’hospitalisation y sont en honneur. De nond)reux legs — appelés aakouf — sont faits pour la fondation ou l’entretien de mosquées, d’hôpitaux et d’écoles.

Le Coran interdit le prêt à intérêt. Cette interdiction a déjà été mitigée au moyen âge par les docteurs. De nos jours, les musulmans libéraux placent leur argent comme nous et fondent des sociétés par actions sur le modèle des nôtres.

Tout croyant doit faire le pèlerinage de la Mecque

une fois en sa vie. Toutefois, dans certains cas, ce précepte peut être accompli par représentation. Les origines du pèlerinage remontent au temps du I)aganisme ; les rites en sont très barbares ; le senliuieut général n’y est pas conforme àceluides autres préceptes musulmans, sauf de la guerre sainte. Le pèlerinage se fait dans les mois du Chevval, Doul-Kadeh, Dou’l-lliddjeh. Les pèlerins arrivent par longues caravanes, la tête rasée, et vêtus seulement d’un manteau, dit ihrâm. Ils se rendent à la mosquée, tournent autour de l’ancien sanctuaire appelé la Kaabah, le cube, baisent la pierre noire, et vénèrent les prétendus tombeaux d’Ismaél et d’.Vgar. Ils boivent de l’eau du puits de Zemzem, qui est censé être celui que l’ange indiqua à Agar chassée. Cette localisation de souvenirs bibliques à la Mecque est apparemment l’œuvre de Judéo-chrétiens. Les autres jours, les pèlerins vont sur les montagnes qui entourent la Mecque ; le lo de Dou’l-Hiddjeh, ils sacrifient de nombreuses victimes, chameaux, bœufs et moulons dans la vallée de Mina.

La possession des villes saintes, la Mecque et Médine, a une importance considérable pour la puissance qui veut dominer l’islam. Un chemin de fer allant de Damas à la Mecque a été commencé, par souscription nationale, sous le règne d’Abdul-Haraid.

Les mois consacrés au pèlerinage sont précédés d’un mois consacré au jeûne, celui du Ramadan. Le jeûne musulman est très sévère ; depuis le lever du soleil jusqu’à son coucher, on ne doit ni manger, ni boire, ni fumer. La loi de l’islam proscrit en tous temps l’usage des boissons fermenlées.

La guerre contre les inlidèles est un devoir pour les croyants. Cette guerre est sainte ; elle est recommandée avec véhémence par le Coran ; celui qui succombe dans la bataille a le titre de martyr, chéhid. L’apostolat par la force est donc admis i>ar cette religion, et c’est là un des traits qui lui donnent un cachet assez barbare.

Il faut reconnaître cependant qu’en pratique les pouvoirs musulmans ont souvent usé d’une large tolérance envers les chrétiens qu’ils avaient vaincus, tolérance même supérieure, à certains égards, à celle qu’ont entre eux les divers peuples d’Occident, toujours tourmentés par le besoin d’unilication.

Enlin, en ce qui concerne la famille, il est bien connu que le statut de l’islam est la polygamie. Le croyant peut avoir quatre femmes légitimes et des esclaves concubines. Le divorce est facile ; le mari répudie sa femmeenlui donnantunlivret de divorce ; la femme, pour des motifs déterminés, peut demander le divorce au juge. Dans les classes riches, les femmes vivent recluses et ne sortent que voilées ; elles ne prennent pas part à la vie sociale. Dans les classes moins aisées, et dans les campagnes, où la femme doit vaiiuer à de durs travaux, la polygamie serait trop dispendieuse et la réclusion peu pratique. Il est probable que, sur- ce chapitre, une évolution va se prodnire dans les mœurs des Musulmans des classes élevées, qui, peu à peu, se rapprocheront des nôtres.

(V. Carra de Vaux, La doctrine de l’islam, chez Beauchesne, Paris.),

IV. Organisation. — L’islam est une théocratie. Les croyants sont considérés théoriquement coiuuie égaux et forment une vaste communauté. A leur télé est un président appelé khalife, c’est-à-dire successeur du prophète. Le khalife doit être proclamé par la communauté, et il doit en principe ajiparlenir à la race des Koréïchilcs. Il est investi d’un pouvoir absolu. Selon la terminologie politique moderne.